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L'édito de Sonia Arnal: L’ourson me file le bourdon

L’édito de Sonia Arnal: Jules César et mon chat, même combat

Petit Ours Brun allait tout seul comme un grand au kiosque du parc, revenait s’asseoir sur un banc aux côtés de sa mère, et disait: «Je lèche, je tourne, je lèche, je tourne. C’est bon, c’est très bon, c’est très, très, très bon.» Je crois que j’ai lu ça pour la dernière fois il y a 17-18 ans, mais je l’ai lu tellement de fois que je pourrais vous en réciter des pages entières.

© Ludovic Andral

Je lisais comme ça les news, histoire de savoir ce qui se passe dans le monde – ça fait un peu partie du métier –, quand je suis tombée sur une dépêche atroce: la créatrice de Petit Ours Brun est morte. J’en ai presque pleuré, de cette annonce, surtout qu’il y avait la bouille dudit ourson pour illustrer l’article. Je ne connaissais pas du tout cette dame, on s’en doute, et elle avait atteint l’âge vénérable de 90 ans, donc on ne peut pas dire que c’était un décès prématuré. Et puis, quand on passe le fil des dépêches, on tombe toujours sur des horreurs – un enfant yéménite émacié par exemple – qui mériteraient bien davantage que mes yeux se mouillent.

Un vent de nostalgie

Pourquoi cette sensiblerie mal placée? Pour ceux qui n’auraient pas de descendance, Petit Ours Brun est donc un personnage de fiction pour très petit enfant dont on pouvait (peut-être peut-on toujours?) lire les aventures dans un magazine destiné aux bambins ou dans de petits livres délicieusement illustrés. Des aventures assez banales, disons-le. Petit Ours Brun ne va pas sur la Lune, contrairement à Tintin, ni même au pôle Nord, contrairement à Petzi. Il fait du vélo, prend son bain, ne veut pas manger sa soupe, veut des câlins. Il y en avait un par exemple, de ces petits livrets, dans lequel sa maman lui donnait des sous pour s’acheter une glace. Il allait tout seul comme un grand au kiosque du parc, revenait s’asseoir sur un banc aux côtés de sa mère, et disait: «Je lèche, je tourne, je lèche, je tourne. C’est bon, c’est très bon, c’est très, très, très bon.» Je crois que j’ai lu ça pour la dernière fois il y a 17-18 ans, mais je l’ai lu tellement de fois que je pourrais vous en réciter des pages entières.

Forcément, l’œuvre de cette dame lui survit, c’est tout l’intérêt d’être un créateur, donc, a priori, pas de quoi s’affoler pour moi.

Si ce n’est qu’à la seule lecture de ces trois mots, Petit Ours Brun, me sont revenues d’un coup toutes ces heures passées à tourner des pages, l’aîné sur mes genoux, puis sa sœur quelques années plus tard. Des heures délicieuses qui ne reviendront plus.

C’est évidemment cette perte-là que je pleure, pas celle de Mme Lebrun. Ça s’appelle la nostalgie et on n’est jamais à l’abri, ça peut vous prendre en traître n’importe quand, par exemple au détour d’une brève.

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