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L'édito de Géraldine Savary: «Tiktok, arme de beauté et de guerre»

Geraldine savary edito poésie ode aux alexandrins

«Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, TikTok s’est aussi mué en arme de guerre.» - Géraldine Savary

© ANOUSH ABRAR

Allez, avouez. Si je vous dis TikTok, vous êtes sans doute comme moi, vous n’y avez jamais mis les pieds. Vous êtes déjà fière de poster des photos de vos vacances sur Facebook, vous vous êtes enfin décidée à ouvrir un compte sur Instagram, vous essayez d’écrire 150 mots intelligents sur Twitter et voilà qu’on vous annonce que tout ça sonne décidément trop boomer et que c’est TikTok que vous devez explorer.

Bof, pensez-vous. Non merci sans façon, moi j’aime les contacts humains, répondez-vous. Boire un verre avec des vraies copines, croiser le regard de mes enfants au brunch du dimanche matin, me promener dans une forêt frémissante avec mes parents, lire des articles dans des journaux qui rémunèrent celles et ceux qui les écrivent, voir de beaux films, dévorer de grands livres.

Un milliard de personnes par mois ont pourtant fait le pas. Le réseau, limité au départ aux frontières chinoises, s’est étendu au monde entier. Il permet à chacune et chacun de proposer des vidéos de 15 secondes à 3 minutes et – depuis cette semaine – de dix minutes. Il abrite des contenus de toute nature, qui vont des conseils beauté à des exercices sportifs ou aux recettes de cuisine. Il offre aussi des espaces de créativité un peu foutraques, débridés, l’humour n’est jamais très loin, les bandes-son plutôt cool, les gains financiers aussi. La plateforme rémunère les personnalités les plus influentes – comprenez qui ont plus d’un million d’abonnés – quand ce ne sont pas les marques qui s’affichent en passagers de choix de cette jeunesse expansive. Car oui, j’ai oublié de vous dire que la moyenne d’âge des publics TikTok culmine à 23 ans.

Imparfait médium

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, TikTok s’est aussi mué en arme de guerre.

Des gens coincés dans des villes bombardées racontent leur quotidien, filment leur quartier détruit, montrent le vrai visage, en temps réel, des conflits.

Ces vidéos sont suivies par des millions de personnes et l’impression de proximité et d’empathie vis-à-vis des victimes se renforce. On y voit les femmes accoucher dans les abris, des couples se dire au revoir, des mères pleurant leur fils, des animaux de compagnie sans nourriture, ou la grand-mère de l’influenceuse Valeriy Usacheva prendre les armes. Bref, leur vie devient notre vie. À l’heure où les journalistes et les photographes professionnels sont contraints de se taire et de fuir les zones de conflits, le réseau social chinois TikTok devient l’ultime et imparfait médium de la guerre. Ces images resteront gravées dans nos mémoires. Sauf pour la population russe, condamnée au silence et à l’amnésie.

À lire, notre dossier Reines de TikTok: ces Suissesses qui mènent le bal sur le réseau dans l'édition FEMINA du 13 mars 2022 et en ligne le 14 mars.

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