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Cruauté

L'édito de Géraldine Savary: «S’en prendre à un animal sans défense»

Géraldine Savary rédactrice en chef Femina éditorial

«J’essaie de trouver une réponse humaine, une explication qui permettrait de comprendre ce geste, mais je n’y arrive pas.»

© ANOUSH ABRAR

Le monde animal ne fait pas partie de mes compétences premières, mais je veux quand même vous parler de mon chat. Elle s’appelle Lilou, ne possède aucun pedigree rare, elle n’attire pas particulièrement l’attention. Elle va sur ses 10 ans, prend soin de sa fourrure gris et blanc, elle est d’une taille menue, ses yeux jaunes semblent toujours un peu mécontents, elle se meut d’une démarche lente et prudente. C’est un félin qui ne cherche pas les caresses, vit dans une coexistence bougonne avec les humains et avec ses semblables. Elle assume son indépendance telle la souveraine de son petit royaume, et on l’aime pour ça.

Il y a quelques jours, mon chat est revenu à la maison la fourrure complètement tondue, les moustaches rasées à ras du museau, les griffes coupées. Elle semblait vidée de ses forces, vulnérable à en pleurer de tristesse. Au début, on n’a pas reconnu cette créature désorientée et maigre qui a surgi dans le salon. Puis on a compris que c’était Lilou, ou plutôt son fantôme d’os et de peau. On l’a prise dans nos bras, elle se laissait faire, et cette reddition était pire que sa résistance passée.

Animal séquestré

L’acte qui s’assimile clairement à de la maltraitance animale a été mené de façon déterminée, systématique, presque clinique. Le corps du chat tout entier avait passé sous la tondeuse, de la queue aux frontières des oreilles. Parfois le geste avait été si insistant que la chair était à vif. Manifestement l’animal avait été séquestré, en tout cas quelques heures, voire une journée. Nous ne nous étions pas inquiétés de son absence, il arrive à Lilou de se promener dans le quartier, déambulant sur le trottoir, traversant les jardins, somnolant quelques heures sur un coussin avant de sauter vers l’extérieur. Elle ne va jamais trop loin, répétant les mêmes itinéraires.

Cela signifie qu’un ou plusieurs individus ont décidé de s’en prendre minutieusement à un animal qui ne représente aucun danger, et pour des raisons que la raison ne comprend pas, de le priver de ses défenses, et de son identité. Tout le monde sait que couper les moustaches d’un chat équivaut à lui enlever le sens de l’orientation, la capacité à évaluer les dangers, et donc à se protéger. J’essaie de trouver une réponse humaine, une explication qui permettrait de comprendre ce geste, mais je n’y arrive pas. Je sais qu’il y a des détresses bien pires aujourd’hui sur cette Terre, mais cette froide et gratuite malveillance me laisse sans voix. Et fait naître une sale suspicion. Qui autour de moi? Ce voisin, ce passant, ces gens?


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