L'édito de Géraldine Savary: «Plus de femmes dans les corps de police»
Les affaires récentes dans lesquelles sont impliqués des policiers sont douloureuses pour tout le monde. En premier lieu pour les familles des personnes décédées. Quels que soient les trajectoires et les profils des victimes, elles n’avaient pas à périr lors d’interventions censées protéger la vie humaine. Pour les policiers et leurs proches aussi. Qui sans aucun doute se disent: «Et si j’avais reculé, et si j’avais mieux communiqué, et si j’avais réussi à calmer le jeu?» Faire usage de la force létale ne laisse jamais indemne et altère profondément la confiance en soi-même, en ses capacités, en son métier.
Pour nous enfin, qui exigeons des autorités régaliennes qu’elles protègent notre intégrité physique et qu’elles assurent la sécurité, mais aussi qu’elles agissent avec modération et humanité, sans distinction de peau ou de genre.
De ce point de vue-là, il y a mieux à faire. Passés les procès, médiatisés, publics, il serait nécessaire de réévaluer les pratiques et les mentalités, à plus long terme de réfléchir à la formation suivie par les jeunes attirés par le métier, en particulier aux situations en milieu urbain, et de les préparer malheureusement au fait qu’une partie de leur travail consiste à se confronter à des drames humains, à des erreurs de parcours désastreuses, à de petits trafics contre lesquels ils ne peuvent pas grand-chose. Bref, de savoir mesurer la puissance des moyens à la relative impuissance à changer le cours des choses.
Campagne en faveur des femmes
Enfin, une des réponses aux drames qui ont endeuillé la ville de Lausanne ou celle de Morges consisterait à diversifier les corps de police. La police vaudoise lance actuellement une campagne en faveur des femmes. Tant mieux, sachant qu’elles ne sont que 26% dans les forces de l’ordre (15% dans le canton de Vaud). Des cadres féminins auraient valeur d’exemplarité pour les plus jeunes, des patrouilles mixtes permettraient parfois de mieux calmer les tensions qu’une brigade uniquement masculine, de minimiser dans les équipes les actes de bravoure musculaire traditionnellement associés aux hommes. Ce n’est pas un jugement de valeur, mais un constat, net et sans bavure.
Lire notre reportage pages 14 à 19 dans le magazine du 25 juin 2023, puis en ligne, le 26 juin.