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L'édito d'Alexandre Lanz: «Journaliste, un métier d’avenir»
«Money, Success, Fame, Glamour!» soit «fric, succès, gloire, glamour» dans la langue de Molière: l’hymne de Felix de Housecat, qui signe la BO de Party Monster (2003) avec Macaulay Culkin dans la peau du clubber killer new-yorkais Michael Alig, n’a pas pris une ride.
À New York, city de tous les possibles, la fiction ne tarde jamais à rattraper la réalité. Et vice versa. Et c’est ce qui rend si envoûtante la ville qui ne dort jamais. Frank Sinatra y a construit sa propre légende bien avant Anna Delvey, la célèbre fausse héritière allemande dont l’histoire cartonne sur Netflix depuis quelques semaines. Fric, succès, gloire et glamour: si les ingrédients ne changent pas, la recette, elle, s’avère d’autant plus efficace à l’ère de la glorification des ego sur les médias sociaux. Aujourd’hui, on ne présente plus la fabuleuse arnaqueuse, qui a su mettre à ses pieds la jet-set new-yorkaise à coup de poses lascives sur Instagram dans les soirées les plus fancy derrière ses lunettes noires Celine.
Elle, c’est Vivian Kent dans la série, la journaliste dont l’article intitulé Comment Anna Delvey a trompé les fêtards new-yorkais, paru dans le New York Magazine, a inspiré la productrice Shonda Rhimes. Recalée en Scribérie, l’îlot des quatre journalistes jugés de seconde zone par la rédaction en chef, Vivian travaille d’arrache-pied à sa reconquête de respectabilité après un mauvais buzz même pas mérité. Quitte à s’oublier elle-même face à l’impitoyable scanner stylistique d’Anna lors de leurs entretiens à travers le plexiglas du parloir de la prison.
Ode au journalisme
Vivian est viscéralement habitée par son sujet, qu’elle défend coûte que coûte. Aidée par ses trois complices, elle enquête, convainc ses chefs dubitatifs, jongle en grimaçant entre son accouchement imminent et la livraison de son article. N’en déplaise aux détracteurs de la presse qui fantasment sa mort prochaine, la série rend un sublime hommage au métier de journaliste, à la passion qui anime les reporters qui ne comptent pas leurs heures, à celles et ceux qui œuvrent au nom d’une info fouillée et de qualité au détriment d’une fake news trop vite balancée et partagée en ligne. Autant de bonnes raisons de garder le feu sacré et d’insuffler un peu de créativité et d’inspiration dans l’existence de notre précieux lectorat.
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