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L’appel du vide ou l'art de ne plus rien acheter
Une bonne résolution
L’idée fait son chemin. Une journaliste du Monde a décidé de ne plus rien acheter de neuf pendant une année pour des raisons à la fois écologiques et d’«anti consumérisme à outrance». Elle fait notamment référence pour motiver sa décision à l’aventurier et écrivain Sylvain Tesson qui, en voyant 15 sortes de ketchup dans un supermarché, est parti très loin – en Sibérie. Je ne voudrais pas l’inquiéter, mais bientôt en Sibérie aussi ils auront une petite vingtaine de jus rouges dans lesquels tremper leurs frites, juste pour dire.
La journaliste, elle, ne parlait évidemment pas de nourriture – on a encore le droit de manger et puis, l’occasion, dans ce secteur, c’est moyen, disons.
Si vraiment on a absolument besoin d’un objet, on s’arrange pour échanger, acheter d’occasion ou réparer. L’idée de revenir à l’âge du troc (combien de sangliers pour mon char quasi neuf?) ne me séduit que moyennement, tout comme la perspective – juste pour sauver la planète – de porter un maillot de bain qui a déjà servi. Je veux bien la sauver, la planète, mais seulement dans MON bikini. D’ailleurs, un des rares ratés de la journaliste, c’est le bonnet de bain pour le cours de piscine de son enfant. Voilà bien la preuve que l’hygiène personnelle passe avant le sauvetage du Monde.
Succomber à «Février sans supermarché»?
Mais en pratique?
Enfin, ça dépend des gens.
Il semble que la question des petites culottes soit un frein pour nombre de femmes. J’ai aussi eu: «Ouais, mais le matériel de sport ça ne compte pas, ou bien?» «Les livres, ce ne sont pas des objets, non?» et, très pragmatique, «Si tu casses tes lunettes, tu trouves une canne blanche d’occase?».
Ce qui marche très bien sur moi, mieux que l’écologie, c’est l’appel du vide. La perspective de voir mon appartement se vider de vêtements trop usés et d’objets cassés remplacés par… rien, c’est très tentant; tout comme la gymnastique mentale nécessaire pour quand même réussir à vivre au quotidien sans que personne ne remarque rien.
Là, j’en suis donc à faire l’inventaire de tout ce que je vais acheter (24 culottes en tête de liste…) pour tenir une année. Bon, OK, je sais, je pervertis le concept d’entrée…