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La Terre a perdu 60% de ses animaux sauvages en 44 ans (WWF)
Le déclin de la faune concerne tout le globe, avec des régions particulièrement affectées, comme les Tropiques, selon le 12e rapport «Planète vivante», publié mardi 30 octobre 2018 avec la Société zoologique de Londres et basé sur le suivi de 16.700 populations (4.000 espèces).
Le 10e rapport faisait état de -52% entre 1970 et 2010. Rien ne semble freiner l'effondrement des effectifs, à -60% désormais.
La zone Caraïbe/Amérique du sud affiche un bilan «effrayant»: -89% en 44 ans. Amérique du nord + Groënland s'en sortent un peu mieux, avec une faune à -23%. La vaste zone Europe, Afrique du nord et Moyen-Orient est à -31%.
Explication première, la perte des habitats, avec l'agriculture intensive, l'extraction minière, l'urbanisation... qui poussent à la déforestation, à l'épuisement ou à l'artificialisation des sols.
Au Brésil, qui vient d'élire un président dont le programme n'évoque ni la déforestation ni le réchauffement, la forêt amazonienne rétrécit toujours plus, comme la savane du Cerrado, au profit du soja et de l'élevage bovin.
Mondialement, seuls 25% des sols sont exempts de l'empreinte de l'homme; en 2050 ce ne sera plus que 10%, selon les scientifiques de l'IPBES (le «Giec de la biodiversité»).
S'ajoutent à cela surpêche, braconnage, pollutions, espèces invasives, maladies, dérèglement climatique...
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«Notre chance»
«La disparition du capital naturel est un problème éthique, elle a aussi des conséquences sur notre développement, nos emplois, et on commence à le voir», souligne le DG du WWF France Pascal Canfin.
«On pêche moins qu'il y a 20 ans car le stock diminue. Le rendement de certaines cultures commence à baisser; en France celui du blé stagne depuis les années 2000,» dit-il: «Nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis».
Les «services rendus par la nature» (eau, pollinisation, stabilité des sols, etc) ont été estimés par des économistes à 125.000 milliards de dollars annuels, soit une fois et demi le PIB mondial.
Et pourtant «l'avenir des espèces semble ne pas retenir suffisamment l'attention des dirigeants», s'alarme le WWF pour qui il faut «relever le niveau d'alerte», provoquer un vaste mouvement comme ce fut le cas pour le climat. «Que tout le monde comprenne que le statu quo n'est pas une option».
Un combat d'autant plus gratifiant que les efforts peuvent payer vite, comme l'a montré le retour du tigre au Népal, du thon rouge de l'Atlantique ou du saumon de la Loire...
Cette année-là les Etats seront appelés à renforcer leurs engagements pour réduire les gaz à effet de serre, et aussi à s'accorder pour protéger la nature lors d'une conférence spéciale à Pékin - avec pour objectif «zéro perte nette de biodiversité en 2030», souhaite le WWF.
Ces gestes écologiques qui peuvent (vraiment) sauver la planète