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Géraldine Savary: «Où sont les mineures non accompagnées?»

Edito Geraldine Savary redactrice en chef Femina

«Les routes de l’exil sont particulièrement dangereuses pour les mineures sans protection. Celles qui s’y lancent doivent braver les passeurs, les cohortes de la transhumance, les risques de viols, voire la traite d’êtres humains.» - Géraldine Savary

© ELSA GUILLET

Il y a celles et ceux qui arrivent, mais on devrait aussi s’interroger sur toutes les personnes qui ne viennent pas. Un peu comme dans un accident de voiture: c’est l’absence de cris et d’appels à l’aide qui révèle la gravité des traumas. Prenons le cas des mineur-e-s non accompagné-e-s. Entre 2014 et 2019, les filles représentaient 18 à 19% des jeunes arrivé-e-s en Suisse, en 2020 la proportion a diminué de moitié et, en 2023, elle chute à 4%. Qu’est-ce que cela signifie? Que tout va mieux pour elles en ce bas monde?

Commençons par l’explication la plus évidente: les jeunes garçons s’échappent massivement parce qu’ils risquent d’être enrôlés de force dans des armées peu amènes, telle celle des talibans en Afghanistan ou en Érythrée. Ils fuient donc à 16 ou 18 ans, pour éviter les champs de bataille ou la prison

Les adolescentes prisonnières de leur rôle social

Au-delà de ça, nous savons qu’un exil coûte cher: entre 6000 et 12'000 francs. Les parents n’ont pas les moyens de payer pour tous les enfants; le fils est privilégié, sachant en outre qu’il pourra potentiellement envoyer plus d’argent à la maison. Résultat, les adolescentes dont la vie est menacée, qui se voient privées d’école, de liberté, de leur enfance, contraintes à des mariages forcés, restent prisonnières. Parce que leur vie a moins d’importance. Et parce que malheureusement leur famille constitue parfois la première menace.

Enfin, les routes de l’exil sont particulièrement dangereuses pour ces mineures sans protection. Celles qui s’y lancent doivent braver les passeurs, les cohortes de la transhumance, les risques de viols, voire la traite d’êtres humains qui sévit sur ces tristes chemins. Des écueils qui en font renoncer beaucoup.

Alors quand ces toutes jeunes filles parviennent néanmoins à atteindre notre pays, on sait que ce qu’elles ont quitté était terrible, ce qu’elles ont traversé tout autant, leur genre constituant un facteur aggravant. Prenons-en particulièrement soin.

Retrouvez cet édito dans le magazine «Femina» du 26 mai 2024. Notre dossier «Femme, mineure et exilée, la triple peine» est à lire dès le 27 mai 2024 sur Femina.ch.

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