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L’acteur, qui pourrait recevoir en janvier un Oscar pour son rôle dans «The Descendants» d’Alexander Payne, évoque son enfance, ses amours et sa passion pour la réalisation.

Parmi les célébrités d’Hollywood, George Clooney fait figure d’espèce en voie d’extinction. A égalité avec Johnny Depp et Brad Pitt en termes de look et de succès, mais avec le bagage universitaire d’un Jack Nicholson ou d’un Warren Beatty, il prend des chemins de traverse quand il s’agit de sa carrière ou de sa vie amoureuse.

A cinquante ans, George a eu des liaisons avec quelques-unes des plus belles femmes de la planète – le top model britannique Lisa Snowdon, la star italienne Elisabetta Canalis, et plus récemment, l’ancienne catcheuse professionnelle Stacy Keibler. Il n’a pourtant pas toujours été aussi inconstant, pour preuve son mariage de quatre ans avec l’actrice Talia Balsam, dont il a divorcé en 1993. Cette brève période de vie conjugale semble l’avoir profondément marqué, puisque par la suite il a juré de ne jamais se remarier. Il a déclaré: «J’aurais souhaité savoir que je n’étais pas de l’espèce des maris. Certains ne le sont pas, et j’en fais partie. Et pourtant, je me suis marié. J’ai aimé et adoré la femme que j’ai épousée, mais cela ne suffisait pas.»

C’est au moment de sa séparation d’avec Talia que George touche le jackpot, en interprétant le rôle qui va le rendre mondialement célèbre: celui du Dr. Doug Ross dans la série télévisée Urgences. Sa personnalité et son physique irrésistible lui valent d’être engagé dans des long-métrages, certains remarquables («From Dusk till dawn»), et d’autres nettement moins réussis, comme «Batman & Robin», dont l’acteur dira en plaisantant qu’il n’a servi qu’à jeter l’argent par les fenêtres. Son plus grand succès à ce jour est «Ocean’s eleven», avec des acteurs aussi fameux que Catherine Zeta-Jones et Brad Pitt, film qui a rapporté 450 millions de dollars. Un Oscar plus tard – pour son rôle dans «Syriana» - George est un homme très sollicité, tant face à la caméra que sur les plateaux de tournage.

Toujours en tête d’affiche

Après avoir réalisé «Good night and Good luck» et «Jeux de dupes», l’acteur assume une double casquette de réalisateur et de star dans «Les Marches du pouvoir», son dernier film dans lequel il interprète un candidat à l’élection présidentielle qui est porteur d’un lourd secret. Il partage la tête d’affiche avec le comédien Ryan Gosling. «Il est trop séduisant à mon goût», a blagué George à propos de son partenaire, dont on chuchote qu’il pourrait bien recevoir un prix à la prochaine cérémonie des Oscars.

Autre film dont il est la vedette cette année, «The Descendants». Dans ce film tourné à Hawaï, il joue le rôle d’un père - un rôle qu’il n’a jamais joué dans la vraie vie, si ce n’est avec ses nombreux animaux domestiques, dont le fameux cochon de 150 kilos Max, décédé en 2001. A l’écran, il interprète le rôle d’un homme qui se bat pour élever ses enfants tandis que sa femme est plongée dans un profond coma.

Dans cette interview, il évoque sa vie amoureuse, ses projets d’adoption, son âge, la course à la présidence des Etats-Unis, et déclare qu’à sa mort il se retrouvera très probablement… en enfer.

FEMINA  A cinquante ans, n’avez-vous pas le sentiment qu’il manque quelque chose dans votre vie? Des enfants? Une épouse?
GEORGE CLOONEY  Oui, il manque beaucoup de choses dans ma vie. J’adopterais bien un enfant adulte! Aujourd’hui, vous savez, j’ai vraiment la belle vie. Quand j’étais jeune et que je vivais dans le Kentucky, ma maman cousait mes habits et je faisais un boulot idiot. Je me souviens qu’à l’époque, un acteur célèbre, dont je tairai le nom, se plaignait de la difficulté de son métier. A l’époque, j’avais pensé «Quel crétin! Vous vivez un rêve, vous devriez l’apprécier parce que vous avez beaucoup de chance!» Il est important que je m’en souvienne. J’ai toujours eu beaucoup de chance, et j’ai bien l’intention de l’apprécier. Il y a dans la vie des choses qui ne sont pas marrantes, nous les connaissons tous, mais je ne vais pas me plaindre, parce que j’ai eu une trajectoire très facile et que j’en suis conscient. Ma vie, je la savoure.

Ne pensez-vous pas qu’il serait temps de vous caser?
Je prends chaque jour comme il vient. J’ai vécu des amours magnifiques, et d’autres qui l’étaient moins. Dans certaines de ces relations, je me suis senti seul. Le fait d’être avec quelqu’un ne vous rend pas forcément heureux et comblé.

Vous avez fait beaucoup de conquêtes. Quelles qualités cherchez-vous chez une femme?
La qualité que je préfère chez les gens, c’est la loyauté. C’est une qualité remarquable.

Vous avez été marié pendant quatre ans à Talia Balsam. Regrettez-vous de vous être marié?
J’avais 28 ans et je n’étais pas suffisamment tolérant. Je n’aurais pas dû me mettre - ni la mettre elle - dans cette situation.

Vous sentez-vous agacé par l’intérêt que le public porte à votre vie privée?
J’ai vécu cette situation du côté du public et du côté des célébrités. Je comprends ces deux mondes. Je sais quelles sont les questions et quand on me les posera. C’est OK, je suis un adulte. mais je préférerais parler de mes films!

Qu’est-ce que cela vous fait, de vieillir?
Je suis vieux. Je suis assez à l’aise avec le fait de vieillir, parce que je préfère cela à l’autre option, qui est d’être mort! Donc j’accepte de vieillir.

Votre film «Les Marches du pouvoir» évoque les problèmes du monde politique. Vous sentiriez-vous capable d’assumer une charge politique?
Non. Ma vie me plaît, je mène une vie très confortable, et je peux, quand je le veux, m’impliquer dans des causes en rapport avec la politique, comme je l’ai fait au Soudan. Contrairement aux politiciens, je ne suis pas obligé de faire des compromis. Je préfère ma situation. Et comme les hommes politiques sont beaucoup plus intelligents que moi, je leur tire mon chapeau.

Pensez-vous qu’il y a trop de squelettes dans votre placard pour que vous puissiez vous lancer dans la course à la présidence?
En ce qui concerne les squelettes dans le placard, maintenant qu’il y a tant de medias et de moyens de publier des informations, je pense que nous en sommes arrivés à un stade où chaque candidat à la présidence devrait commencer par déclarer «Oui, je l’ai fait!» Cela va être très difficile de trouver des personnes qui n’ont jamais fumé un joint ou avalé une drogue quelconque de leur vie. Les gens devront s’y habituer.

Auriez-vous un conseil à donner aux candidats?
S’ils sont en mesure de se lancer dans la course présidentielle, ils en connaissent déjà tous les pièges. La question est de savoir s’ils parviendront à les éviter. Nous ne pouvons rien leur apprendre. Ils savent ce qui est juste. Donc je n’ai aucun conseil à leur donner.

Est-ce que Hollywood est plus ou moins moral que Washington?
Eh bien, quand je mourrai, j’irai en enfer! Nous y seront tous. Mais les acteurs ne sont pas comme les politiciens. Le monde du cinéma peut être impitoyable. Vous avez probablement rencontré quelques acteurs que vous auriez volontiers trucidés, mais la plupart sont très gentils les uns avec les autres, car ils sont heureux d’avoir eu la chance d’obtenir un rôle dans un film. C’est un grand privilège, et vous savez que ce n’est pas dû à votre seul talent mais à une succession de circonstances favorables. Chacun le sait, pour lui comme pour les autres. Il y a chez les acteurs une forme de générosité que je ne vois pas chez les hommes politiques.

Pensez-vous que votre ego vous a aidé à jouer le rôle d’un politicien?
Se mettre dans la peau d’un candidat à la présidence est un piège. Vous vous imaginez que les acteurs ont un ego gigantesque - et c’est le cas - mais l’ego qu’il faut pour restituer les attitudes des hommes politiques, avec leur menton levé vers le ciel… eh bien les politiciens ont un ego démesuré! Se vendre en permanence, c’est dur. Nous avons besoin d’hommes politiques qui en soient capables, mais pour moi, cet ego-là était périlleux à interpréter. Ces gars-là, en politique, disent vraiment «Je suis le meilleur!»

Pourquoi n’y aurait-il pas pour les acteurs, comme pour les candidats politiques, des spots publicitaires dans lesquels ils se feraient concurrence pour obtenir un rôle dans un film?
Oui! Une pub avec le slogan «L’avez-vous vu dans ce film?» On m’y verrait en combinaison de latex avec un masque de Batman!

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans la réalisation?
Après avoir été acteur pendant longtemps, vous prenez conscience que sur le plan créatif vous devez continuer à faire des expériences. Vous voulez vous montrer créatif dans l’industrie cinématographique. Et si la réalisation vous intéresse, c’est un processus incroyablement créatif. Jouer un rôle, ce n’est qu’un élément du film. Alors que la réalisation ressemble au travail du peintre, qui utilise tous les éléments à la fois. Il s’agit d’assembler le son, la musique, le travail de la caméra… C’est créatif, amusant et excitant. En cas d’échec, c’est terriblement déprimant, bien plus que quand vous n’êtes qu’acteur. Mais si le film est une réussite, c’est très enthousiasmant. J’aime le risque que l’on prend en tant que réalisateur.

Vous n’avez jamais été un père dans la vrai vie. Comment avez-vous vécu le fait d’interpréter le papa de deux enfants désobéissants dans le film «The Descendants»?
En fait, j’ai joué le rôle de mari et de père dans plusieurs films. Mais cette fois-ci, c’était différent. Il s’agissait d’un rôle très émotionnel, très centré sur l’attachement à la famille. C’était un challenge, dans la mesure où je voulais en tirer le meilleur parti. C’est un film difficile, qui commence par la mort de l’épouse, et qui traite du vieillissement, puisque le mari est un homme de cinquante ans. Il fallait comprendre comment l’interpréter avec justesse. Un tel travail est nettement plus facile avec un bon scénario.

Vous venez d’une famille qui a connu des succès. Votre tante Rosemary Clooney, par exemple, était une chanteuse légendaire. Quel est le conseil le plus marquant que votre père ou votre tante vous ait donné?
Le meilleur conseil de mon père était: «Ne mélange pas les torchons et les serviettes!» C’est vraiment le conseil le plus utile qu’il m’ait jamais donné! Dans l’ensemble, ma famille a été un mix de grands succès et d’histoires plus hasardeuses. Ma tante a été la plus célèbre des chanteuses en 1950, son succès a pris fin en 1960, puis elle a fait un comeback. Mais vous savez, cela a été une grande leçon pour moi de voir à quel point le succès ou l’échec a peu de rapport avec votre personnalité, et beaucoup plus avec d’autres facteurs, comme la chance ou une bonne heure d’audience pour une série télévisée se déroulant dans un hôpital…

Il y a beaucoup de spéculations autour de l’Oscar que vous pourriez recevoir l’an prochain. Pensez-vous que ce soit possible?
Oui, c’est plutôt réjouissant, qu’en pensez-vous? Comme j’ai vécu cette situation à quelques reprises, j’ai appris que quand les gens disent cela, c’est qu’ils vous félicitent pour votre travail. Alors vous les remerciez. C’est une récompense pour toute une équipe qui a travaillé dur. D’un autre côté, je ne me rappelle pas qui a gagné des prix. J’en ai eu quelques-uns. Quand je vais au cinéma, je me souviens des films. Par exemple, je me souviens que 1976 était l’année de «Taxi Driver», «Les hommes du Président» et «Rocky». Je sais que Rocky a reçu un Oscar, mais le fait est que j’aime ces films. Je ne me sens pas vraiment concerné par les spéculations sur les films qui auront un Oscar. Mon plaisir, c’est de participer à des films qui durent plus longtemps que le temps d’un week-end. C’est mon objectif. Je ne veux pas me retrouver, à 75 ans, en me disant que 15 de mes films ont été premiers au box-office dès leur lancement. Mon objectif n’est pas d’être le gars le plus riche du cimetière. Bref, les spéculations ne m’intéressent absolument pas.

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