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#FeminaOpinion: Il est désormais possible de louer les services d’un insta-sitter pour gérer nos stories
Certes, en 2018, impossible de nier la folie de certaines addictions digitales. On sait notamment, grâce à une récente étude publiée dans le journal britannique «The Independent», que les Millenials choisissent leur destination de villégiature en fonction de leur «instagrammability» pour utiliser un anglicisme. Votre auteure, asservie par l’algorithme Instagram, avoue avoir bien déjà posté dans sa vie, à peu près toutes les stories possibles et imaginables, en passant par des photos de brunch du dimanche jusqu’à des clichés de vacances d’automne à la mer #fall #light. Instagram ou la cristallisation de nos vies.
L’instagram-sitter, le point de non-retour
Mais ça, c’était sans compter l’intention de monétiser davantage ces dérives d’ego démesuré ou de storytelling obsessif. Afin de rendre leurs clients plus heureux – ou complexifier le malaise - on hésite… Accord Hotel Group a eu une idée de génie. À Genève et à Zurich, en plus de louer une chambre d’hôtel, les hôtels Ibis proposent en option les services d’un photographe local, reconnu bien entendu au nombre de ses followers. L’objectif? L’influenceur alimentera, à votre place, votre compte Instagram en posts et autres hashtags bien sentis. Après le doggy-sitter, voici venu donc, l’époque de l’insta-sitter.
Dans un communiqué de presse, le Group AccordHotels, explique que l’opération, appelée «Relax we post», est une phase de test qui s’étend de novembre à décembre 2018 dans 17 de ses hôtels Ibis de Zurich et Genève mais qui pourrait bien se généraliser dans d’autres villes.
Disponible uniquement les week-ends jusqu’au 2 décembre 2018, l’offre commerciale (dès 90 fr. par nuit et par personne, y compris petit-déjeuner et Instagram-sitter), quasi sold out, assurait ainsi à ses bénéficiaires de profiter tranquillement des charmes d’une escapade zurichoise sans avoir les yeux rivés sur l’appli photos. Et ça, rien n’est moins sûr, les empêcherait de s’empresser de revenir à l’hôtel retrouver leur précieux… nombre de likes?
On s’interroge tout de même: quel style de clientèle, prête à devenir schizophrène, pourrait succomber à ce coup de communication et donc être consentant à donner délibérément ses accès au réseau social? Des businessmen qui souhaiteraient brouiller les pistes quant à leur séjour en Suisse? Des mamans noyées sous leur charge mentale ou en mal de #déconnexion?
Et un dernier mot à l’avis des établissements concernés: où est passé ce bon vieux temps où le room service mettait un point d’honneur à préserver notre vie privée et se contentait de s’occuper de cette chemise bleu layette qu’on ne sait toujours pas, en 2018, repasser?
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