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Chronique: mille milliards de Millenials

Chronique Sonia Arnal

Sonia Arnal est rédactrice en chef adjointe du Matin Dimanche. Dans sa vie comme dans la vôtre, rien ne se passe jamais comme il faudrait…

© Silke Werzinger

Mais qui sont les «Millenials»? J’ai failli pouvoir vous en parler de l’intérieur, vous livrer un témoignage bouleversant d’humanité en me dévoilant, mais non: les gloseurs qui comptent le plus large les font remonter à 1976 – j’ai raté le coche de peu. Quoique: les deux auteurs qui ont créé le terme situent leur naissance au début des années 1980; leur idée étant que ces gens-là auraient leur matu, ou son équivalent local, en l’an 2000, d’où leur nom. Donc déjà, les «Millenials», on ne sait pas de quand ils datent, ni quand ils s’arrêtent (entre 1996 et 1999, semble-t-il, mais rien n’est sûr). Ni comment ils s’appellent, parce que certains chercheurs préfèrent génération Y, sous prétexte que celle d’avant avait été baptisée X.

On ne sait pas très bien non plus ce qui les caractérise, parce qu’en gros, ceux qui ont essayé de leur trouver des points communs sur le plan psychologique relèvent des choses comme une propension au narcissisme doublée d’une certaine dose d’altruisme avec un vrai souci du monde dans sa globalité, mais un réel attachement à la dimension très locale de leur mode de vie. Totalement novateur, moi je dis. Sinon, quand on leur demande dans les sondages s’ils ont envie de gagner beaucoup d’argent, ils répondent étonnamment: «Oui». Voilà qui les distingue radicalement de leurs prédécesseurs. Bref, sous prétexte que quand ils ont vu le jour, l’ordinateur personnel trônait déjà dans les foyers, les gens qui font métier de décortiquer les mœurs et les habitudes de consommation essaient de se, et de nous convaincre, que ces jeunes-là n’ont plus rien à voir avec les générations qui sont nées pendant l’ère de la TV. Ou de Gutenberg.

Ils ont réussi à nous faire croire qu’ils sont différents, donc intéressants.

Que vous dire? J’en ai pondu deux exemplaires, qui ont ramené à la maison nombre de leurs semblables. Des «Millenials», j’en ai vu de près, qui, comme tout le monde, ont commencé par vagir dans leurs langes, puis sont devenus civilisés à force d’éducation. Ils ont même fini par accéder au langage articulé. Que leur imaginaire se soit nourri de séries vues en streaming, dans lesquelles le héros adolescent devient grand en choisissant d’aimer la fille du clan ennemi du sien depuis toujours, ne me semble pas en faire des êtres structurés de manière totalement différente de leurs parents, ni porteurs de valeurs qui nous seraient étrangères. En plus, ils ne gagnent même pas leur vie, et squattent le plus souvent chez leurs parents jusqu’à un âge avancé, c’est vous dire leur valeur marchande.

Non, le seul vrai talent des «Millenials», c’est d’avoir réussi à nous faire croire qu’ils sont différents, donc intéressants, et d’avoir ainsi jeté à leurs pieds des hordes de spécialistes affamés de révolution sociale et consumériste.


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