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Chronique: La gratuité ça leur fait un drôle d’effet

Vie En Je Sonia Arnal

Sonia Arnal est rédactrice en chef adjointe du Matin Dimanche. Dans sa vie comme dans la vôtre, rien ne se passe jamais comme il faudrait…

© Silke Werzinger

Je passe l’autre jour par la gare, et comme souvent dans ce couloir, deux accortes jeunes filles tendent aux pendulaires des jus de fruits en échantillon gratuit. Enfin c’est un exemple, dans les derniers mois j’ai eu droit au yaourt surprotéiné, aux croquettes pour chaton, aux biscuits au malt, les mêmes mais à l’épeautre, aux bonbons pour retrouver une haleine fraîche de marin, aux caramels, à la boisson suisse pour sportifs faite à base de petit-lait (du Rivella donc). Bref, je peux bientôt me nourrir exclusivement d’échantillons gratuits. Enfin moi je dis ça pour rire, mais il y a des gens, ils se ruent sur le caddie des jeunes filles comme s’ils n’avaient plus mangé depuis trois jours et on en vient effectivement à se demander s’ils ne vivent pas de ça. Les scènes ne sont pas loin de s’apparenter à une distribution de nourriture dans un pays en guerre ou qui connaît la famine: et que je te passe devant, et que j’en demande un deuxième «parce que j’ai deux enfants et il va y avoir crise de jalousie si je n’en rapporte qu’un seul à la maison». J’ai même eu droit une fois à un «Vous ne le prenez pas? Je peux l’avoir à sa place?» de la part d’une dame qui m’avait vu décliner à la caisse d’un grand magasin le jouet offert aux consommateurs ce jour-là.

Les scènes ne sont pas loin de s’apparenter à une distribution de nourriture dans un pays en guerre.

Alors que franchement, s’il fallait payer les quelques centimes qui nous sont là offerts, qui boirait un Coca light ou courrait s’acheter des croquettes pour chaton à 7 heures du matin (le nombre de propriétaires de chaton de moins de six mois parmi tous les passants qui ont accepté le sachet ce jour-là doit tendre vers zéro…)? Ce réflexe pavlovien «c’est gratuit donc toujours bon à prendre» a été testé par des économistes. Les passants avaient le choix de goûter un bonbon universellement reconnu comme pas bon du tout pour un cent, ou une délicieuse truffe suisse pour 15 cents. Les trois quarts des personnes abordées ont eu le bon goût de se fier à la qualité helvétique. Le lendemain, même test, avec une différence de prix identique mais avec le chocolat à la mauvaise réputation carrément offert – et l’autre à 14 cents.

Et bien là, les deux tiers des gens ont opté pour le bonbon pas bon. Parce qu’il ne fallait plus rien payer du tout pour l’engloutir. Bref, comme je disais, la gratuité, ça fait un drôle d’effet aux gens. En gros, ça les rend pas plus malins.


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