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Charlize Theron, les épreuves la rendent plus forte

Maman m’a sauvé la vie, au propre comme au figuré… Et plus d’une fois.» Tels sont les premiers mots lancés par la star du nouveau «Mad Max» lorsqu’on lui demande d’évoquer ses parents.

La faire parler de son père est plus difficile. Rustre, manuel, fort et grande gueule, Charles Theron était propriétaire d’une société de construction de routes. Il voulait transmettre son prénom à son héritier. Donc baptise «Charlize» sa fille nouveau-née. «Enfant, je n’étais pas malheureuse, se rappelle l’actrice. Probablement parce que je ne connaissais rien d’autre que mon quotidien à la ferme.»

Originaire d’Afrique du Sud, Charlize est née dans une communauté d’agriculteurs et d’éleveurs de bétail, dans la grande banlieue de Johannesburg. Autour d’elle: ses parents, mais aussi de nombreux ouvriers agricoles. Et, en guise d’animal de compagnie, une chèvre. Parmi ses tâches quotidiennes, la fillette doit nourrir les poules et arroser les plantes. «Je crois pouvoir dire que j’ai du courage. Face aux épreuves, je refuse de sombrer ou de me noyer: je nage à contre-courant pour remonter la pente. Cela me vient de mon enfance. J’ai été élevée pour ne jamais me poser en victime. On m’a appris à être responsable de mes actions et à assumer mes choix.»

La petite a 12 ans lorsque son père, peu à peu, se met à fuir dans l’alcool les problèmes de son couple et de son entreprise. Pour lui éviter d’assister aux crises de plus en plus fréquentes entre ses parents, on envoie Charlize dans un pensionnat. Elle y découvre la danse et apprend à vivre avec des enfants de son âge. «A l’école, j’avais l’art de m’attirer les ennuis. J’étais la seule de ma bande à n’avoir jamais un parent pour venir me chercher et me sortir des moments difficiles. Ma mère me disait de me débrouiller toute seule, d’être responsable de mes actes tant avec mes profs qu’avec mes camarades. A l’époque, je trouvais ça dur. Aujourd’hui, je lui suis reconnaissante car je sais me sortir de toutes les situations. Cela m’a aussi appris à voir arriver les embrouilles de loin et à éviter les gens qui ne sont pas fréquentables.»

A bout portant

Jusqu’à cet instant, il y a vingt-cinq ans, où la vie de la famille Theron bascule. Charlize a alors 15 ans. Sous l’effet de l’alcool, son père ce jour-là menace mère et fille. La première, armée, tire à bout portant. Charles Theron s’effondre, tué net. «C’était de la légitime défense. Ma mère a été totalement innocentée par la justice. C’est une histoire terrible dont je ne veux plus parler. J’ai appris à l’enfouir dans un coin de ma cervelle.» Pendant des années, pour ne pas avoir à s’expliquer, Charlize racontera que son père est mort dans un accident de voiture. «Je ne voulais surtout pas que l’on me présente comme une victime d’abus physiques. Avec le temps, j’ai appris à assumer ma vie. Car ce drame n’a rien à voir avec la femme que je suis. On a tous des éraflures ou des coups de couteau, sur le corps ou à l’âme, qui viennent avec les différents problèmes de l’existence. Ma balafre est plus difficile que d’autres à cicatriser, c’est tout.»

Cette nuit-là n’en a pas moins bouleversé l’existence de l’adolescente. Au point de l’amener à quitter son pays natal. «J’ai gagné un concours de mannequins en Afrique du Sud. J’avais 16 ans lorsqu’un agent italien, à Johannesburg, m’a proposé un contrat pour devenir modèle en Europe. Au début: le choc! Je passais brusquement de la ferme africaine aux hôtels de luxe de Milan, avec des filles et des mecs sublimes autour de moi. Et ce sont mes copines mannequins qui se sont chargées de mon éducation sexuelle: elles parlaient des gars en permanence», raconte la comédienne dans un éclat de rire.

Chance et déboires d’une débutante

Milan, Londres, Paris... Un temps, Charlize enchaîne les Fashion Weeks dans les diverses capitales de la mode. Puis pose ses valises à New York où, souhaitant devenir danseuse professionnelle, elle entre au Joffrey Ballet de Manhattan. Jusqu’à ce qu’une blessure, suivie d’une opération aux genoux, l’oblige à raccrocher ses chaussons de danse. «En moi, l’appel le plus fort avait toujours été pour le cinéma. Mais je n’avais aucune idée sur la manière de m’y prendre, alors j’ai procédé par étapes. La mode m’a entraînée loin de chez moi, la danse m’a menée à New York, mais c’est en tentant l’aventure à Los Angeles que j’ai vraiment trouvé ma voie.»

Une fois à Hollywood, le parcours de la jeune femme est fulgurant. Débarquée à 18 ans avec une valise et 400 dollars en poche, Charlize Theron gravit les échelons un à un. Jusqu’à remporter un oscar, dix ans seulement après son arrivée en Californie. Là encore, l’actrice affirme devoir sa réussite à sa mère: «Je ne sais pas ce que je serais devenue sans elle. Elle a été ma première fan et a continué à croire en moi dans les moments les plus difficiles. Sans ses encouragements, j’aurais quitté Los Angeles pour rentrer dans mon village d’Afrique du Sud.» Auditions ratées, projets annulés, tournage où son rôle est coupé au montage… l’actrice en herbe essuie tous les déboires d’une débutante dans le show-biz. Heureusement, lorsqu’elle apprend que sa fille projette de baisser les bras et d’abandonner ses rêves, «maman» Gerda débarque et s’installe à Los Angeles. «Sans elle, je ne serais pas devant vous en ce moment. Au fil des ans, ma mère est devenue ma meilleure amie, ma confidente. Nous avons traversé tellement d’épreuves ensemble...»

Devenue citoyenne américaine en mai 2007, la comédienne a fait de Los Angeles sa résidence, avec une maison à Malibu. «Si je devais retenir une leçon, apprise de maman, pour la transmettre aux nouvelles générations, ce serait de ne pas s’arrêter à sa propre apparence. Enfant, on ne me disait jamais que j’étais la plus belle mais que je dansais bien, ou que je savais réciter un poème. Ce qui importe, ce n’est pas la manière dont les autres vous voient, mais la perception que l’on a de soi. J’espère transmettre cette notion à mon fils.»

De son fils, Jackson, adopté en 2012 alors qu’il n’avait pas 4 mois, l’actrice déclare: «Depuis qu’il est entré dans ma vie, je suis différente. Parce que je veux qu’il soit fier de moi plus tard. J’espère lui apprendre à être fort, indépendant et travailleur comme je l’ai appris de ma mère. Ce qui compte le plus pour moi, c’est la beauté intérieure.»

Etre belle sans se taire

Et de son père, malgré tout, la compagne de Sean Penn a-t-elle appris ne serait-ce qu’une chose positive? «A me forger une carapace, admet-elle. Beaucoup d’enfants grandissent avec des parents qui leur disent tous les jours qu’ils sont beaux et formidables. Pas moi. Mais grâce à cela, j’ai appris à survivre, à reconnaître les dangers, à m’imposer et à défendre mes opinions. C’est même pour cela que je n’étais pas un bon mannequin. Dans la mode, on vous dit: «Sois belle et tais-toi.» Dans le cinéma, au moins, je peux échanger mes idées avec un réalisateur.» A l’écran, l’actrice aime d’ailleurs incarner des femmes fortes et combatives. Une manière d’extérioriser ses démons. «A la fin d’un tournage comme celui de «Mad Max», où j’incarne la bien nommée impératrice Furiosa, je me suis sentie vidée, épuisée, mais aussi plus légère, plus libre. Quitter un personnage, c’est comme m’ôter un énorme poids de la conscience.»

Le 7 août 2015, l’ambassadrice de Dior aura 40 ans. «Je ne redoute pas cet anniversaire. Je me sens tellement mieux dans ma peau qu’à 20 ans! Et je pense avoir réussi à prouver que mon talent ne réside pas dans mon look, mais dans mon jeu d’actrice. Ce qui m’évite de me soucier de mes rides.» Ainsi, vieillir ne lui fait pas peur? «Je regarde maman: elle n’a jamais été aussi épanouie qu’à la cinquantaine. C’est rassurant.»

Curriculum vitae

1975 Naissance le 7 août à Benoni, dans la région de Johannesburg, en Afrique du Sud.

2004 Elle remporte l’oscar de la meilleure actrice pour son interprétation d’Aileen Wuornos, tueuse en série, dans «Monster».

2012 Charlize devient maman de Jackson, 4 mois, adopté en Afrique du Sud.

Questions d’enfance

Mon parfum évocateur Sans hésitation, l’odeur du gardénia, car on trouve une variété de cette fleur dans une grande partie de l’Afrique du Sud. Chez nous, elle s’appelle «Buffelsbol» en afrikaans, c’est-à-dire en traduction littérale les boules du Buffalo (rires).

Mon légume détesté Aussi surprenant que cela soit, j’adore tous les légumes. Je ne me souviens pas d’un seul repas où mes parents ont dû me forcer à manger un légume, car j’avais très jeune envie de tout goûter.

Mon premier amour Tom Hanks (rires). Je l’ai découvert dans la série télé «Turner et Hooch» quand j’étais petite. Le plus drôle est que j’ai mis des années avant de connaître son nom, car il n’y avait pas la culture des stars dans mon enfance. Il était juste un gars super mignon sur le petit écran.

Mon dessert enchanteur Le malvapoeding de ma mère. C’est un pudding typique d’Afrique du Sud, fait à base de confiture d’abricot. Ce gâteau a une texture proche du caramel et il est servi chaud avec une boule de glace à la vanille ou une crème tiède.

Mes premières vacances Milan, à 16 ans. C’est la première fois que je quittais l’Afrique du Sud. Plus jeune, je me souviens avoir pris une carte du monde en main et réalisé que mon pays était tout en bas, loin des endroits branchés comme l’Europe ou l’Amérique. L’Italie était la première étape, je suis devenue une gipsy allant de ville en ville pendant deux ou trois ans avant d’être adulte.

Mon jouet favori Je n’en avais pas vraiment, mais je n’oublierai jamais ma chèvre Bok, qui me suivait partout. On ne pouvait pas me voir quelque part sans ma chèvre à mes pieds.

Mon héros préféré Nelson Mandela n’est pas seulement le héros de mon enfance, mais celui de ma vie tout court. Quand vous êtes comme moi née en Afrique du Sud, ce n’est pas possible de ne pas prendre Mandela comme modèle, car il a tellement fait pour rassembler notre pays en évitant le pire.

Charlize Theron 17 ans
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Charlize à 17 ans.

© Getty Images
Charlize Theron et ses parents
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L’adolescente entre Charles et Gerda Theron, ses parents, peu avant le drame.

© DR
Charliez Theron portant un singe
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Instant d’enfance dans la ferme sud-africaine.

© DR
Charliez Theron son fils et Sean Penn
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Aujourd’hui, la vie de famille avec Jackson, son fils adoptif, et Sean Penn, son compagnon depuis 2013.

© DR
portrait de Charlize Theron
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Charlize Theron.

© Mary Ellen Matthews/Corbis Outline


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