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Devenu un lieu de vie majeur, il s'agit désormais d'un emblème touristique associé à la ville, qui fait des émules architecturaux en France et à l'étranger.

La scène se répète à l'envi au moindre coup de chaleur sur les quais de la Garonne: par dizaines, centaines, badauds locaux et touristes viennent se rafraîchir, les pieds ou le séant dans un fin tapis d'eau (2 cm) sur une dalle en granit surplombant le fleuve; ou bien ils glissent, béats, entre les nuées de brouillard qui par cycles réguliers (5 minutes) s'échappent du sol, avant que l'eau ne resurgisse (15 minutes).

Les mariés s'y font photographier, les enfants pataugent ou roulent dans la flaque géante de 2700 m2, les «flashmobs» y convergent, des glisseurs s'essaient au skim-board, des jeunes s'y retrouvent le soir. Et les photographes se régalent des aubes ou crépuscules, entre eau miroitante et brume féérique. A chacun son moment, ses images, comme l'attestent maintes vidéos amateurs sur Youtube.

«Les gens l'ont adopté de façon assez phénoménale. On l'avait un peu anticipé, mais ça nous a dépassés. Ils en ont fait un lieu urbain comme il en existe peu», s'étonne encore Michel Corajoud, paysagiste parisien du réaménagement des quais bordelais (2000 à 2009).

«Marcher sur l'eau»

«Illuminé la nuit, c'est à couper le souffle» (Sunday Times), «Un moment bordelais unique» (Los Angeles Times), «Marcher sur l'eau», «la ville, à juste titre, admire son reflet» (The Guardian). Le miroir est devenu une halte obligée sur les itinéraires touristiques étrangers.

Il n'existe pas de chiffres de fréquentation de cet espace, ouvert par nature, mais la mairie ne doute pas que le Miroir d'eau «le plus grand du monde», comme elle le clame fièrement, soit devenu «le site» N° 1 des visiteurs à Bordeaux, qui avoisinent les 4000 par jour en juillet-août, selon l'Office de tourisme.

De fait, depuis sa livraison en 2006, le Miroir d'eau a essaimé: «On travaille un peu partout dans le monde et jusqu'en Chine, on nous demande de faire des miroirs d'eau», explique le «fontainier» parisien Jean-Max Llorca, créateur du Miroir. Depuis, il en a signé des «déclinaisons» - bien distinctes, insiste-t-il - à Montpellier, Nantes (pour 2015), Paris (Place de la République), au Qatar, à Shangaï notamment... «En termes d'architecture urbaine, cela a été un déclic».

Car, analyse Michel Corajoud, le Miroir est révélateur «d'une époque où, en termes d'architecture urbaine, on commence à penser différemment, à cesser de 'gesticuler', pour s'intéresser aux gens, penser à eux et faire en sorte qu'ils soient bien dans l'espace. Vous regardez les Quais de Bordeaux, il n'y a pas là d'emphase, pas d'énervement», résume le paysagiste, qui a signé le Jardin d'Eole à Paris (18e arrondissement).

Un usage à réguler

Concept exportable? Voire. Dans sa réalisation, son entretien, le miroir, qui a coûté environ sept millions d'euros, selon Jean-Max Llorca, n'a rien d'une sinécure. En atteste, sous terre, l'immense bassin de 800 m2, l'eau en cycle, une armada de pompes, de surpresseurs, une attention de tous les instants - et automatisée - au chlore, à l'acidité, et au nettoyage, via des gouttières.

«Bris de verre, papiers, mégots, préservatifs, chouchous, bijoux..., on récupère de tout», s'amuse Maxime, 21 ans, l'un des fontainiers de cette «salle des machines». Et même de la mousse, quand des plaisantins s'amusent à déverser de la lessive en surface. «Mais on est parés, on a aussi un anti-mousse», sourit-il.

«La première année a été assez compliquée, car nos concitoyens ne savaient pas très bien comment se l'approprier, il a fallu qu'on régule les choses», convient Jean-Louis David, maire-adjoint en charge de la Vie urbaine. «Depuis, on n'a plus trop de problèmes, hormis une ou deux incivilités.» Y contribuent, aussi, les patrouilles régulières de police municipale, la caméra de vidéo-surveillance en surplomb du miroir.

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