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Mathilde, jeune Française installée aux Etats-Unis, adore les œufs à la coque. Mais elle a un problème de taille: au pays de l’Oncle Sam, mettre la main sur des coquetiers est mission impossible. Ni une ni deux, cette passionnée de nouvelles technologies allume son ordinateur et en quelques clics, son imprimante 3D commence à créer sous ses yeux les précieux petits objets, de la couleur souhaitée. L’histoire est vraie. C’est ça, la magie de l’impression 3D. Mais pas seulement.

Envie de boucles d’oreilles qui s’accordent avec votre chemisier? D’un bracelet unique à offrir à votre petite nièce? Il vous manque une paire de baguettes pour le repas chinois de ce soir, mais les magasins sont fermés? Cliquez, imprimez! Des deux côtés de l’Atlantique, la discipline est en train de se démocratiser à vitesse grand V.

Imprimante à jet… de sucre

Autrefois réservées à une élite technologique et financière, ces imprimantes personnelles s’achètent désormais à moins de 1700 francs (des modèles low-cost se dénichent aujourd’hui autour de 400 francs) et sont d’une utilisation redoutablement simple. Elles constituent un marché juteux qui a déjà rapporté 412 millions de dollars l’année dernière et connaît une hausse vertigineuse: plus 60% cette année, selon le site d’informations spécialisé Gartner.

«Depuis quelques années, les imprimantes 3D deviennent accessibles au grand public», confie Mathilde Berchon. Notre amatrice de mouillettes est ce qu’on appelle dans le jargon une «early adopter». Elle s’est passionnée pour l’impression 3D en 2011 déjà. Rapidement considérée comme une experte dans le domaine, elle vient de publier, «L’impression 3D», la bible sur le sujet (Ed. Eyrolles), un des rares ouvrages à permettre de s’informer sur le sujet sans être anglophone. «On n’en est qu’aux débuts, mais ça bouge très vite, se réjouit cette «technofille» avertie. Par exemple, une entreprise leader dans le domaine, 3D systems, vient d’annoncer l’arrivée des Chefjet, des imprimantes pour la cuisine, capables de réaliser des objets en sucre». Pour Mathilde Berchon, c’est clair: d’ici à quelques années, chaque foyer sera équipé d’une imprimante 3D, au même titre que l’ordinateur aujourd’hui.

Son enthousiasme est partagé par Christiane Fimpel et Philipp Binkert, qui ont ouvert ensemble le premier «copy shop» nouvelle génération de Suisse, à Zurich. D’autres ont vu le jour depuis, et la tendance n’est pas près de s’arrêter. Il suffit de pousser les portes de leur magasin pour imprimer en trois dimensions une bague, un chandelier ou une paire de lunettes. On y vient avec une idée, ou carrément l’objet que l’on souhaite recréer, qui est digitalisé. La finition de l’objet est impressionnante, le magasin étant équipé d’imprimantes professionnelles, plus chères que les modèles domestiques.

D’une simplicité enfantine

Longtemps perçue comme un domaine réservé aux geeks à lunettes, l’impression tridimensionnelle s’est grandement simplifiée, en très peu de temps. «Aujourd’hui, mon fils de 6 ans dessine son propre château sur iPad et l’imprime ensuite en 3D!» relève Philipp Binkert. Et les Suisses romands ne sont de loin pas à la traîne. Le Lausannois Pierre-Alexandre Aeschlimann, avec deux amis, vient ainsi de mettre sur pied Cuboyo.com. Un genre d’App Store pour les objets en 3D, qui propose aussi la personnalisation d’objets, comme des coques pour iPhone avec le logo de son entreprise, ou le nom de sa douce moitié. Signe des temps: les trois ingénieurs viennent de conclure un partenariat avec la Haute Ecole d’arts appliqués de Lausanne (ECAL), très intéressée par le potentiel offert par ces petites machines. «On ne peut pas dire combien de temps cela prendra, mais il est clair que nos enfants vont vivre avec cette technologie, vu l’argent qui est investi là-dedans», assure Pierre-Alexandre Aeschlimann. Sans parler de l’impression 3D au niveau industriel, qui existe déjà depuis de nombreuses années et connaît parallèlement une forte poussée.

Paris, Brooklyn et Neuchâtel

Tous s’accordent pour dire que l’impression 3D n’en est qu’à ses débuts: «Elle pourrait affecter des pans entiers de l’économie, et changer les méthodes de création et de consommation des objets qui nous entourent», prédit une autre enthousiaste, Sarah Goldberg, fondatrice du premier «Fablab» parisien. Ces ateliers qui utilisent et mettent à disposition, notamment, des imprimantes 3D font un tabac: Paris, Brooklyn, mais aussi Neuchâtel, Fribourg et dernièrement Lausanne en hébergent toutes un. Des designers viennent y fabriquer des prototypes, des architectes créer des maquettes, des quidams apprendre le b.a.-ba de cette technologie. «Elle fera naître à coup sûr des vocations et sublimer notre imagination», se réjouit la spécialiste. Et nul besoin d’aller chercher trop loin son utilité au quotidien. A peine l’interview terminé, notre jeune Parisienne met en marche son imprimante: elle a besoin de nouvelles poignées pour un vieux meuble à tiroirs qui n’en avait plus. Des pièces forcément uniques et à son goût.

Comment ça marche?

Imaginons que j’aie envie d’un vase original pour mes pétunias Si je suis doué pour la modélisation en trois dimensions (des sites permettent de se lancer, comme www.123dapp.com ou www.tinkercad.com), je crée moi-même un modèle virtuel, qui deviendra un fichier, appelé, par exemple, «vase.stl». L’informatique n’est pas mon fort? Je me rends sur l’un des nombreux sites offrant des fichiers d’objets à télécharger, gratuits ou payants, comme cuboyo.com ou shapeways.com. Il ne reste plus qu’à lancer la fabrication de l’objet. Si je possède une imprimante 3D chez moi (la marque MakerBot fait partie des leaders dans le domaine), je n’ai plus qu’à appuyer sur la touche «Make», qui a simplement remplacé la touche «Print». Si je n’en ai pas, je peux passer par un site qui propose ce service moyennant finance (comme sculpteo.com ou i.materialise.com) ou pousser les portes d’un Fablab (liste sur www.fablab.ch).

Pour en savoir plus

  • «L’impression 3D», de Mathilde Berchon, Ed. Eyrolles, 40 fr. 80.
  • «L’imprimante 3D», de Benjamin et Matthieu Lavergne, Ed. Favre, 27 fr.
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