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Oui, bien sûr que vous en êtes conscient(e)s. Mais je vais écrire ma chronique sur ce sujet très compliqué d’un point de vue médical et scientifique et si banalisé et faux dans l’imagination de tout propriétaire d’animal. C’est pourquoi elle est plus longue que d’habitude, cette présentation ne peut pas se faire en 2 pages.

Dans les chroniques suivantes je vous parlerai en détail des autres allergies: l’atopie puis les allergiques aux piqûres de puces (DAPP).

1. Un bref rappel (fastidieux mais indispensable) sur la peau de nos amis

La peau est le plus grand organe du corps. Elle représente environ 12% du poids vif chez un chien adulte en bonne santé et 24% chez un chiot nouveau-né.

La peau du chien et du chat est presque entièrement recouverte de poils, sauf au niveau de certaines zones particulières que sont la truffe et les coussinets, et au niveau des jonctions avec les muqueuses (bouche, œil, etc.)

La peau et le pelage sont avant tout une enveloppe extérieure, qui entoure l’organisme, et qui est le reflet, le "miroir", de la santé. Il s’agit d’un organe complexe, composé de plusieurs couches.

  • La plus superficielle s’appelle l’épiderme, est peu épaisse, et assure un rôle de protection vis-à-vis des agressions qui proviennent du milieu environnant.
  • Sous l’épiderme se trouve le derme, structure constituée de fibres et d’une substance amorphe dans laquelle sont localisées diverses cellules.
  • Enfin une troisième couche, l’hypoderme, se situe plus en profondeur, et constitue un support pour les deux premières strates.

La peau est donc en renouvellement permanent, chez un chien en bonne santé, il faut 21 à 28 jours pour qu’une cellule née dans la couche basale soit éliminée dans l'environnement par desquamation.

Ce phénomène peut être anormalement accéléré lors de certaines maladies, àsquames visibles, communément appelées pellicules.

Dans les couches les plus superficielles, les cellules sont liées entre elles par un ciment intercellulaire (un peu à la manière des briques d’un mur, collées par du ciment) constitué majoritairement de corps gras, les lipides. Voilà à quoi servent les liposomes des crèmes de beauté! Mais aussi les médicaments que nous prescrivons pour refaire le film lipidique et soigner les peaux des animaux malades.

2. Un bref rappel (fastidieux mais indispensable) sur le mécanisme des allergies

L'allergie est une réaction anormale et exagérée du système immunitaire et qui peut se développer au contact de n'importe quelle substance.

Ses manifestations sont très variées, touchant tous les organes, produisant des signes bénins et allant jusqu’au choc le plus grave.

L'allergie est la manifestation excessive de l'organisme contre un agent étranger qu'il considère comme un agresseur (c’est ce qu’on appelle un allergène). C'est donc un dérèglement de notre système immunitaire.

Le mécanisme pathogénique n'est pas complètement connu et c’est sur la façon dont se définissent les prédispositions qu’il demeure le plus d’interrogations.

Plusieurs hypothèses existent sur les facteurs déterminants dont les deux suivantes sont les principales pour l’origine de la maladie:

  • L’importance des troubles immunitaires (anticorps)
  • L’importance d’une anomalie de la barrière cutanée contre les allergènes. Même si celle-ci n'est pas toujours une cause primaire, elle intervient probablement en cours de maladie en renforçant l'exposition du chien aux allergènes de l'environnement: elle permet alors à de nouvelles allergies d'apparaître

L'allergène est constitué de protéines dont l'association et la structure constituent sa carte d'identité. Lorsqu'il pénètre dans l'organisme, l'anticorps apprend à l'identifier en étudiant son identité.

L'allergène va pénétrer dans l'organisme par les voies respiratoires, par les voies digestives ou même par simple contact (c'est l'allergie de contact).

  • Lors de ce premier contact entre l'allergène et l'organisme, ce dernier va repérer la carte d'identité de l'allergène, et la mémoriser grâce à ses cellules immunitaires (macrophages et lymphocytes).

Lors de ce premier contact, il ne se passe rien, l'organisme est alors simplement sensibilisé contre l'allergène

  • La suite dépend de la façon dont l'organisme considère cet antigène: soit il le considère comme n'étant pas dangereux, et il le dédaignera, se bornant à l'éliminer; soit au contraire il va le considérer comme dangereux et mettre en place une énorme réaction immunitaire, totalement disproportionnée à l'agresseur, la réaction allergique.

Lors du deuxième contact, c'est là que tout se complique.

  • Tout se passe alors comme si l'organisme utilisait un missile pour détruire un moustique: il provoque bien plus de dégâts que ne l'aurait fait le moustique lui-même: c'est la réaction allergique

Elle peut être:

  • extrêmement violente comme dans le choc anaphylactique,
  • ou plus modérée comme dans la crise d'urticaire,
  • ou banale comme lors de la rhinite allergique.

Plus les contacts vont se répéter, plus les crises risquent d'être sérieuses.

La dermatite par intolérance alimentaire ou «allergie alimentaire»

L’allergie alimentaire est une dermatite allergique provoquée par des allergènes ingérés. Cette maladie représente 5 à 10% des dermatites allergiques et provoque des symptômes essentiellement cutanés chez l’animal, beaucoup plus que gastro-intestinaux, respiratoires…

Les allergènes

Ce sont principalement des protéines ou additifs contenus dans la ration alimentaire de l’animal ou les «extras»! Les plus incriminés sont les protéines de bœuf (viande, lait, beurre, fromage), mais il peut s’agir de nombreuses autres protéines: froment (gâteaux, pain, pâtes…), œufs, riz, céréales etc.

A noter que tous ces allergènes (protéines et additifs) se retrouvent dans tous les aliments industriels (boîtes, croquettes…).

Aussi, acheter des croquettes à base d’agneau ou de poisson, ne veut pas dire qu’il n’y aura pas dedans des additifs, des traces d’autres protéines animales ou des protéines végétales.

Les signes cliniques

Pour se sensibiliser, l’animal doit ingérer régulièrement l’aliment contenant les allergènes. Cette sensibilisation peut être assez rapide ou très longue, et donc, l’âge d’apparition des premiers symptômes est très variable (de quelques mois, rarement en dessous d’un an, à plusieurs années). Après sensibilisation, il suffit que l’animal ingère une seule fois une très faible quantité de l’aliment responsable (pour fixer les idées, l’équivalent d’un dé à coudre), pour déclencher l’apparition de symptômes cutanés, ceux-ci ayant tendance à s’aggraver avec l’âge. Il ne semble pas y avoir de races prédisposées.

Le premier signe est la démangeaison. L’animal peut se gratter tout le corps ou, parfois, seulement se lécher ou se mordiller les pattes et/ou se frotter la face; ceci précède toujours l’apparition de toute lésion. Une otite peut aussi être le seul signe clinique. On observe ensuite comme dans tout phénomène allergique, plus ou moins rapidement, des lésions cutanées secondaires à l’inflammation et/ou au grattage: croûtes, alopécie (chute de poils), séborrhée (odeur rance), voire une pyodermite (infection cutanée).

Le diagnostic

Le diagnostic est relativement délicat. A l’heure actuelle, il n’existe en effet aucun test cutané (intradermo-réactions) ou sérologique (prise de sang) pour mettre en évidence cette allergie. Parfois des tests de biorésonance sont effectués mais les preuves scientifiques manquent.

Le seul moyen est de procéder à un régime d’éviction (= d’élimination) qui consiste à donner à l’animal pendant un minimum de 6 à 8 semaines une viande et un légume qu’il n’a jamais mangés auparavant, et auxquels il ne peut donc être sensibilisé, ceci afin de soustraire l’animal aux allergènes incriminés pendant un temps suffisant pour voir les symptômes cutanés (prurit) disparaître ou s’atténuer. Il existe également des aliments hypoallergéniques, disponibles chez les vétérinaires.

Pour faire simple ces aliments se classent en 2 types:

  • Des aliments formulés avec très peu de sources de protéines différentes et que l’on ne retrouve pas dans les aliments «classiques». Et évidemment pas d’additifs allergisants.
  • Des aliments ou en plus les protéines ont subi une transformation qui réduit leur taille. En effet au-dessous d’une certaine taille critique le système immunitaire ne peut pas les reconnaître et déclencher une réaction allergique.
  • De plus ces aliments sont fabriqués dans des usines ou des chaînes dédiées afin de ne pas trouver dans la composition des traces d’un autre aliment.

Aucun aliment autre que ceux choisis avec le vétérinaire n’est permis pendant cette période; notamment friandises, «bonbons» vitaminés, os en peau de buffle ou autres, doivent être supprimés. Une toute petite «erreur» (donner par mégarde une très faible quantité d’un autre aliment) nécessiterait un «retour à la case départ» et fausse complètement le diagnostic!

Le traitement

Il suffit de supprimer à jamais l’aliment incriminé de l’alimentation de l’animal. Le problème n’est en fait que contrôlé: en cas de réadministration malencontreuse de l’aliment offensant, la rechute est certaine… Aussi délicat est le diagnostic dans sa réalisation, aussi simple est le traitement.

En résumé

J’espère qu’il est maintenant clair pour vous que:

  • L’allergie alimentaire ne touche qu’environ 5 à 10% des chiens
  • Changer une marque X pour une marque Y avec de l’agneau ne sert à rien (sur le plan dermatologique et allergique)
  • On doit attendre au moins 4 à 6 semaines pour voir les effets (et oui, vous avez lu que les cellules de la peau se renouvellent en 1 mois environ)
  • Le diagnostic demande une confiance et une entente parfaite entre le vétérinaire et le maître afin de s’assurer que l’animal ne va rien manger d’autre pendant la période d’éviction.
  • Si une infection secondaire subsiste sur la peau de l’animal alors tant que celle-ci n’est pas soignée, tout changement d’alimentation ou diagnostic sera vain.

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