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Victimes de la fièvre aviaire, les animaux ont été abattus par milliers, déstabilisant l'économie de cette région d'Afrique du Sud. Décelée le 9 avril 2011, la grippe aviaire sest rapidement propagée dans cette vallée du sud du pays, menaçant les autruches qui y sont essentiellement élevées pour leur viande.

L'Union européenne, qui absorbe 90% des exportations, a immédiatement fermé ses portes. "Les animaux n'ont pas l'air du tout malades. Et le virus n'est pas transmissible aux humains. Il est de plus détruit à la cuisson. Mais le principal risque, c'est qu'il pourrait muter et affecter la volaille", explique Anton Kruger, le directeur général de l'association professionnelle SAOBC. Le virus concerné et de type H5N2, un cousin du fameux H5N1 qui avait fait des ravages en Asie en 2004.

A chaque test positif, la ferme concernée est immédiatement mise en quarantaine, et tous les gros oiseaux y sont sacrifiés. Quelque 33 000 autruches ont ainsi été abattues, un quart de la population de la région. Elles ont fini en engrais. Les exploitations épargnées n'ont pas pu conduire leurs autruches à l'abattoir avant juillet, ce qui les a obligées à les nourrir plus longtemps que prévu. Et tous les transports d'animaux ont été interdits. La profession perd 108 millions de rands (11 millions d'euros) par mois, calcule M. Kruger.

Johan Keller a dû sacrifier ses 4500 oiseaux début mai quand le virus est arrivé dans son immense ferme. Il a bien été indemnisé par le gouvernement à hauteur de 80%, soit 2000 rands (200 euros) par tête. Mais il attend toujours les aides promises pour garder ses 44 employés. "Jusqu'à présent, nous n'avons rien reçu", se désole-t-il. "Nous ne sommes pas vraiment sûrs qu'il faille essayer de devenir à nouveau une grosse ferme d'autruches comme avant", compte tenu des risques sanitaires (et aussi de l'augmentation des charges), s'interroge-t-il.

Circuit touristique de l'autruche

"La filière de l'autruche est une industrie à forte intensité de main d'oeuvre. Il y a moins de gens qui travaillent sur les fermes, et l'économie de tout le district souffre", observe Johan van Niekerk, le boucher de la rue principale d'Oudtshoorn, la capitale du Petit Karoo. Difficultés économiques et pénurie de viande d'autruche - sa spécialité, évidemment - font que son chiffre d'afffaires a baissé de 20%. "Ce sont les plus pauvres qui souffrent le plus", relève-t-il, ajoutant que l'immobilier commence aussi à faire la grimace.

Johan Keller, qui a installé une chambre d'hôtes sur ses terres - où il sert désormais des steaks d'autruche de la concurrence -, s'inquiète aussi pour le tourisme. "Beaucoup de gens ont mal compris la situation sanitaire. Nous avons eu de nombreuses annulations, et des gens ont évité Oudtshoorn parce qu'ils pensent qu'il n'y a plus du tout d'autruches", se désole-t-il.

Car la capitale du Petit Karoo figure en bonne place dans les circuits touristiques pour ses établissements où les visiteurs peuvent tout apprendre sur ces oiseaux géants, monter dessus et assister à des courses. Le plus grand d'entre eux, Highgate, a dû fermer ses portes en juin, et ses autruches malades ont été sacrifiées. L'endroit, qui accueillait des cars entiers, est aujourd'hui désolé. Quarante personnes sont restées sur le carreau, raconte Eudes Etsala, un Congolais qui dirige les touristes égarés vers une ferme amie.

La profession espère maintenant que les dernières batteries de tests permettront d'arrêter le massacre. Au mieux, les exportations ne pourront pas reprendre avant décembre, calcule Anton Kruger à la SAOBC. "Il faudra au moins trois ans pour reconstruire la filière", de nombreuses reproductrices ayant été tuées, soupire-t-il. En attendant, les éleveurs sud-africains espèrent que Bruxelles voudra bien autoriser les importations de viande d'autruche venant d'autres régions du pays.

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