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«Dior and I», plonger dans la Haute Couture
Le réalisateur a bénéficié d'un accès rare dans la maison fondée par Christian Dior en 1946. Il a filmé, au plus près la collaboration entre Raf Simons, investi de la mission de donner une impulsion nouvelle à cette institution, et les talentueuses «petites mains», ces artistes du vêtement qui donnent corps aux esquisses et à la vision des créateurs.
Comment avez-vous réussi à obtenir un tel accès auprès d'un couturier qui se laisse filmer stressé et en larmes le jour du défilé?
Il m'a mis à l'essai une semaine. Il m'a fait parler de mes films préférés. On a aussi parlé de son besoin de protéger sa vie privée.
Il se rend simplement compte que dès qu'on est un peu célèbre dans un certain milieu, les gens se comportent de façon différente et le rapport est faussé. Lui, il aime le rapport d'égal à égal avec les gens. Je l'ai rassuré en lui disant qu'il ne serait pas le seul protagoniste et qu'il serait traité comme les premières d'atelier. Au bout d'une semaine, il m'a simplement dit «bon demain on va aux archives, je pense que ce serait bien pour ton film». Le jour du défilé il était vraiment stressé.
Le côté public d'un défilé Dior, il ne s'en est vraiment rendu compte qu'à la fin. Son appréhension, elle, était physique.
D'où vient votre intérêt pour la mode?
Je me considère avant tout du monde du cinéma. J'ai coproduit et co-monté un film sur (le couturier) Valentino, co-réalisé un film sur (la journaliste de mode) Diana Vreeland mais, en dehors du boulot, je ne m'intéresse pas forcément beaucoup à la mode. Elle ne m'intéresse que par l'intermédiaire du cinéma.
Tous les projets se sont enchaînés au fil des opportunités qui se présentaient. Raf Simons, c'est venu par Dior. La mode est quelque chose de répétitif, beaucoup de choses sont recyclées. Raf était vraiment un outsider. Il travaille vraiment en équipe, il aimait demander leur avis aux mannequins et aux couturières, il faisait du casting sauvage dans les rues d'Anvers, il avait tout un univers qui n'obéissait pas aux règles de la mode et je savais qu'en arrivant chez Dior ça allait créer quelque chose de nouveau. Soit Raf allait se faire manger par Dior, soit Dior allait changer.
Dans quel état avez-vous trouvé Dior après le départ traumatisant de John Galliano --à la suite d'injures antisémites prononcées dans un café parisien?
Il y a eu un an d'intérim qui a dû être assez dur pour eux. Quand nous sommes arrivés pour tourner, ils étaient déjà totalement lancés dans le nouveau défi et il y avait très peu de temps pour l'introspection.
Parfois les couturières parlaient des différences entre les designers, certaines disaient que Raf était beaucoup plus précis. Elles ont une part de créativité beaucoup plus importante que ce qu'on croit. On leur donne des croquis en deux dimensions. Le même croquis à 20 personnes, ça peut donner vingt robes différentes.
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