culture
Ni anorexie, ni boulimie: les troubles alimentaires atypiques. Quand l’alimentation pose problème
Mal dans sa peau et dans son assiette
Si quelque 2 à 3% des jeunes filles souffrent réellement de boulimie et d’anorexie, elles sont cinq fois plus à avoir une relation difficile à leur corps et à la nourriture. Sophie Vust, chercheuse à l’Institut de psychologie de l’Unil, décrypte cet enjeu de santé publique. Son ouvrage s’articule en grande partie autour de témoignages de femmes ayant souffert de ces affections atypiques, qui décrivent leur parcours. La vie de ces adolescentes ou jeunes adultes est envahie de préoccupations concernant l’alimentation, le poids et l’apparence. Elles s’infligent des restrictions alimentaires drastiques, souvent suivies d’abus de nourriture. Un cercle vicieux s’installe alors. Se manifeste également une fixation quasi obsessionnelle sur l’image de soi et les modes alimentaires. Ces troubles, trop souvent banalisés par les professionnels et méconnus du grand public, sont la source d’une grande souffrance. Ils s’accompagnent fréquemment de sentiments de dévalorisation ou de dépression.
Ces pathologies sont encore amplifiées par le culte de la minceur et de l’apparence qui prévaut dans nos sociétés. Le premier pas dans les thérapies consiste donc à revaloriser ces jeunes et à leur faire comprendre que le problème ne provient ni de l’alimentation, ni de leur corps. D’autres difficultés psychiques ou relationnelles sont généralement à l’origine et se reportent sur le comportement lié à la nourriture. Cependant le « pansement psychique » peut concerner tous les mangeurs à un moment de leur vie, explique Sophie Vust dans son ouvrage. Il suffit juste de ne pas tomber dans l’excès ou dans le déni. Comme bien souvent ces jeunes filles n’arrivent plus à distinguer le « bien » du « faux » en matière d’alimentation, la bonne démarche est tout simplement de réapprendre à manger. L’auteure dénonce aussi le caractère paradoxal des campagnes de prévention contre l’obésité, qui seraient anxiogènes et contre-productives, selon les témoignages récoltés par la psychologue.
Ni anorexie, ni boulimie : les troubles alimentaires atypiques. Quand l’alimentation pose problème…, de Sophie Vust, paru aux Editions Médecine et Hygiène, Chêne-Bourg (GE), 2012. 26 Sfr. chez Payot
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