culture
Le porno de maman
Je me souviens avoir levé les yeux de mon hebdo people. Car au-dessus des bacs à shampooing la conversation prenait une tournure inédite. Menotte, fessée, cravache et lingerie fine… Madame - nous la nommerons ainsi, enroulée dans son peignoir, la tignasse cellophanée et le sage mocassin posé bien à plat à côté de son Kelly, racontait sa dernière lecture à sa coiffeuse préférée, captivée. Cinquante nuances de Grey, traduction française de l’américain Fifty Shades of Grey avait conquis la quinquagénaire, qui selon son propre aveu, fait sans discrétion aucune entre deux coups de séchoir, avait appris des «choses».
Des choses de la vie, des choses de l’amour. Des choses très en dessous de la ceinture pour tout dire. Ce roman phénomène - il s’en est vendu des millions à travers le monde - est devenu l’œuvre fondatrice d’un nouveau courant, le Mummy Porn. Traduisez le porno de la mère de famille. Créé pour elles, et par l’une d’entre elles, E. L. James, histoire de mettre un peu de piment dans le quotidien de chacune.
Prenez un homme Christian, expérimenté, plutôt libertin et un chouia dominateur. Et surtout bien bien plus beau que DSK. Et une femme, jeune, et vierge en tout point. Et imaginez la suite. Voilà voilà voilà…
J’avais pris (mentalement) des notes. Mais ne m’était pas précipitée, effrayée par ce buzz planétaire.
L’arrivée de la belle saison, plus propice aux lectures légères, et le rayon des best-sellers du moment, très opportunément placé près des caisses, a été l’occasion d’acquérir un autre des titres phares du genre, Beautiful Bastrad, BB pour les initiés écrit à quatre mains par les américaines Christina Hobbs Venstra et Lauren Billings. Chloé Mills, 26 ans, jolie et talentueuse assiste son diablement beau mais imbuvable patron Bennett Ryan, le temps de terminer son MBA. Entre eux, c’est la haine, jusqu’au jour où une salle de réunion vide devient le théâtre d’une autre forme de collaboration. Et voilà la règle absolue No zob in job totalement outrepassée. Un rythme rapide, un style pas très stylé justement, une histoire au goût de déjà-vu, de l’humour tout de même et un peu de pub pour la lingerie Aubade… tout cela se laisse lire, vite vite, au même rythme où les culottes s’arrachent et les orgasmes arrivent. On est émoustillé mais pas du tout choqué par ce récit qui ne fait jamais monter le rose aux joues. A acheter et à lire au bord de la piscine ou juste avant une sieste crapuleuse. Et à prêter aux copines, même celles qui ne sont pas encore mère de famille…
- Beautiful Bastrad, Christina Lauren, Hugo Roman, 394 pages. www.beautifulbastard.fr
- Fifty Shades Of Grey, E. L. James, J.C Lattès, 560 pages.
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