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Pourquoi les jeunes s'habillent-ils tous pareil?
«La mode? Oui j’aime bien, mais je ne me prends pas trop la tête avec ça. Il faut que ça soit confortable», nous explique Jelisha, 23 ans. Elle porte un jean skinny taille haute troué aux genoux, roulotté à la cheville. Son manteau est ample et ses baskets sont blanches. Du style, elle en a, comme ces mannequins vus dans les campagnes Zalando ou Zara. Cette silhouette neutre, on la voit et revoit dans les rues de la capitale vaudoise, c’est celle de tous les jeunes de 18 à 25 ans: vestes ajustées ou XXL portées avec le fameux jean slim, ou version large avec une cheville apparente. Côté accessoires, c’est baskets, sac à dos ou tote bag. Le tout en monocolore, dans des variations de gris, noir, blanc et bleu ciel.
Individualiste et conformiste
Cette génération digitale dispose de son propre univers sur la Toile. Instagram, Facebook ou Snapchat, c’est là que s’expriment les individualités, les revendications et les goûts personnels, beaucoup moins dans la rue. On est aux antipodes des tribus contestataires Punk, New Wave ou encore Hip-hop du siècle dernier. «Pourtant, paradoxalement, chacun se vit comme une individualité unique. Des millions de filles et de garçons portent le même jean noir déchiré au genou, mais chacun le perçoit comme un slogan identitaire singulier et insoumis», explique Bertrand Maréchal, professeur de master en design mode, à la Haute Ecole d’art et de design, à Genève. «Ce conformisme s’explique aussi par la mode de la rue, en lien indirect avec celle des podiums. Principalement alimentée par des canaux de distribution industrielle», appuie-t-il.
Confort pour mieux se conformer
Passionnée de mode ou pas, aujourd’hui la jeunesse a d’autres préoccupations. «Leur but est de se faire accepter par la société. Ce sont des jeunes gens qu’on stresse constamment sur leur futur. Il faut assurer une formation, un emploi et une stabilité financière», note Gianni Haver, professeur de sociologie de l’image et d’histoire sociale des médias à l’UNIL.
Se fondre dans la masse, oui, mais pour ce qui est de l’apparence seulement. Sur le fond, ces jeunes cultivent leur personnalité. Et s’ils avaient compris mieux que nous qu’être est plus important que paraître?
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