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Avec peu de moyens mais une solide première d'atelier, sa jeune maison, grâce à des ventes régulières, survit d'une saison à l'autre. "Bienvenue à la maison!", s'exclame le couturier barbu de 37 ans. D'un côté, la cuisine et un bureau mansardé, de l'autre un salon envahi par une dizaine de petites mains, pour la plupart stagiaires dans des écoles de mode.

"En temps normal, nous sommes six. On est obligés de commencer la collection trois ou quatre mois à l'avance", contre quelques semaines dans les grandes maisons qui ont des ateliers permanents bien plus fournis, explique cet ancien étudiant en médecine qui a bifurqué vers la mode. Il fait ses teintures lui-même, dans sa baignoire - "il faut voir dans quel état elle est"-, et utilise des bombes de carrosserie pour imprimer des dégradés de couleurs.

Mme Jacqueline, première d'atelier formée chez Balmain et Dior, oriente d'une main sûre le travail de finition sur les 27 silhouettes de la collection "première déclaration". Déclaration d'amour à la haute couture, création sur-mesure pour une clientèle d'élite, "la plus belle des aventures" pour Julien Fournié.

En pourparlers avec des partenaires financiers pour développer parallèlement du prêt-à-porter, il n'imagine pas abandonner l'artisanat de la couture qui lui sert de laboratoire. "Je me battrai toujours pour ne pas renoncer à cette liberté", dit-il. "La couture, c'est un savoir-faire français, précieux mais vulnérable. Le jour où ça disparaît, on tombe dans la vente pure. Alors pourvu que ça dure!", explique-t-il, alors que le coût de fabrication de ces pièces uniques, mêlant tissus précieux, broderies élaborées et fourrures rares, décourage bien des vocations en temps de crise.

"Et hop, on est toute nue!"

La haute couture, parce qu'elle est rare et souvent spectaculaire, "véhicule de l'image", offrant de la visibilité à une petite maison. "On survit parce qu'on vend juste assez pour continuer, mais c'est extrêmement difficile, il faut batailler chaque saison pour trouver des budgets", dit-il.

Ses robes nécessitent parfois deux semaines de travail à la main. A moins de 20.000 euros pièce, "on est bien moins chers" que les grandes maisons, souligne-t-il. Julien Fournié développe aussi un logiciel permettant de dessiner des silhouettes en 3D. "On pioche dans une tissuthèque pour simuler le tomber d'une matière. Ensuite, on le teste dans le réel, mais ça permet de gagner du temps".

En janvier 2011, pour sa première participation au calendrier officiel de la haute couture, il avait créé l'événement en ne faisant défiler que des mannequins noires pour sa collection disco intitulée "Premières Couleurs".

Cette fois, il s'inspire des super héros américains, avec des tissus innovants comme pour ce fourreau métallique en chrome ou ces robes en néoprène, matière des combinaisons de plongée, en version souple ultra-fine. Il joue "le choc de couleurs acides", absinthe, fuchsia, citron ou émeraude, "piratées par le noir".

Julien Fournié aime les jeux de transparence et les zips apparents, cette fois déplacés sur le côté du buste plutôt que centrés ou en fente le long de la jambe façon "James Bond girl". Son vestiaire "pour des femmes sexy qui s'assument" se retire en trente secondes, comme on pèlerait un fruit. "Et hop, on est toute nue!", s'émerveille-t-il. "Ca vous plait messieurs?", lance-t-il, taquin, aux deux photographes de l'AFP médusés par le mannequin dans une robe en organza "nude" dont les "découpes anatomiques" soulignent subtilement hanches et seins, avec un "dos fenêtre" encadrant les omoplates.

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