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Horlogerie: L’âge d’or des montres féminines
Au commencement Était la petite montre, version réduite de modèles virils. Puis les femmes, audacieuses à fort pouvoir d’achat en tête, réclamèrent des garde-temps à leur image. L’horlogerie, pour les satisfaire, créa la montre au féminin. Soit la rencontre de la technique de haute précision et d’une conception (dessin, matériau) à forte personnalité ajoutée. D’où, après l’acier serti, des symphonies de nacre, de diamants ou d’or rose. Dernière tendance en date? On change de modèle comme de tenue. En favorisant, toujours, le caractère! L’occasion, pour les designers, d’une créativité sans limites. A quelques-uns de ces militants de la cause esthétique féminine nous avons demandé quelle était, pour eux, la montre de femme idéale…
Laura Burdese
Présidente de Calvin Klein, horlogerie et bijoux; 60% de montres féminines.
La montre idéale «Pour Calvin Klein: plutôt ronde, bracelet en acier, ou de couleur, bleue ou blanche. Ou encore, dans le nouveau trend: brun. Mais tout dépend de l’humeur du jour et de la taille du poignet, le plus important étant de se sentir à l’aise avec sa montre.»
La montre femme, avenir de la montre? «Sans aucun doute. Nous assistons à une croissance du pouvoir d’achat des femmes, donc une augmentation de leur demande. Côté tendances, après une situation de crise globale, nous retrouvons une certaine stabilité. Et un réel désir de choses plus simples. Un retour au minimalisme: beauté vraie et esthétique sobre.»
Son choix Amaze, quartz, disponible en tailles S et M. Cinq cadrans dont un serti. Dès 250 fr. (sertie: 425 fr.).
Aletta Stas
Cofondatrice de Frédérique Constant et COO; 35% environ de montres féminines.
La montre idéale «Il faut qu’elle se pose bien sur le poignet. Donc plutôt ronde. Et mécanique car c’est le cœur du métier et que je suis très impliquée dans les composants des montres mécaniques créées par la manufacture. Le cadran est ce qu’on voit le plus, il permet le plus d’originalité. Il doit être en or blanc ou rose, avoir de la profondeur, être gravé. Et serti de véritables diamants, pas de cristaux! Le bracelet sera soyeux, en satin ou en alligator et dans des dimensions de 37 à 40 mm.»
Des tendances pour le début 2015? «La phase de lune, une complication très poétique, appréciée par les femmes. Encore un peu de bicolore et des bracelets aisés à changer à l’aide d’un système de barrettes. Pour certains modèles, nous proposons des kits de cinq bracelets – bleu, un très beau bordeaux, gris, noir et blanc – qui se placent en quelques secondes.»
Son choix Classics Slimline Moonphase. Acier serti 30 mm, index diamants, 2250 fr.
Sandrine Stern
Directrice de la création Patek Philippe. Environ 35% de montres féminines.
La montre idéale «Pour nous, elle ne doit pas être trop ostentatoire. Dans une maison comme la nôtre, la pièce dite à la mode ne nous intéresse pas. Ayant le goût des belles choses et le respect de nos clientes, nous évitons les cadrans de couleurs vives, que nous réservons aux bracelets: eux peuvent être rouge, violet, jaune… Jouer la sobriété des cadrans permet de s’autoriser de très beaux cuirs. La forme importe peu, même si pour des pièces compliquées on opte davantage pour une rondeur, qui épouse la forme du mouvement. Le diamètre? 32 mm ou un peu plus, en fonction du poignet. Le sertissage est un plus.»
Une femme pour les femmes? «Notre équipe de création est restreinte. Aux côtés de mon mari (Thierry Stern, président, ndlr) et moi, il y a trois personnes. Je pense qu’être une femme est un atout, même si Patek Philippe a toujours très bien fonctionné sans avoir de femme à la tête de ce département. Mais mon mari aime me laisser libre, me disant que, de toute façon, ce sont les femmes qui les portent.»
Son choix Ladies First Perpetual Calendar. Garde-temps Haute Horlogerie, automatique, extraplate. Or rose 18 carats, 35,10 mm, lunette sertie 68 diamants, boucle 27 diamants. Bracelet alligator. Prix sur demande.
Philippe Delhotal
Directeur Création et Développement Hermès. Autour de 70% de montres féminines.
La montre idéale «Confort, élégance et simplicité! Le sertissage est facultatif. C’est parfois surjouer la facilité, et un peu réducteur. Le bracelet, en revanche, participe à la séduction. En changer c’est donner au modèle une autre allure. Chez Hermès, nous offrons une palette incroyable, dans des peausseries magnifiques; 70% de nos bracelets sont interchangeables. La montre se veut intemporelle, aussi. A l’image de la maison, qu’elle résume par son style et son élégance. Ses dimensions, elles, importent peu: une petite taille peut être sublime sur le poignet.»
Un marché en pleine évolution «Alors qu’on était il y a une vingtaine d’années sur du 30 mm, la moyenne actuelle se situe entre 35 et 38 mm. Désormais, les femmes portent aussi des montres d’hommes. Et si en Asie la mécanique a la cote, en Europe le quartz reste majoritaire. Il permet davantage de créativité car le mouvement mécanique est plus contraignant.»
Son choix Faubourg. Or rose, bracelet box noir, 15,5 mm. Prix sur demande.
Alexandre Peraldi
Directeur Design chez Baume & Mercier. Environ 50% de montres féminines.
La montre idéale «Plus qu’un diamètre précis, c’est la taille ressentie sur le poignet. Qu’elle soit grande ou petite, il faut qu’elle se pose dessus et qu’on ne la sente plus tellement elle y est bien. J’attache de l’importance à trois formes de confort: le porter, le regard et le porte-monnaie. Sa forme? Plutôt ronde, valeur refuge. Même si la première montre de l’industrie du luxe, Catwalk, était carrée, en acier, sertie ou non. Déjà très contemporaine et, à l’époque (1997), véritable coup de couteau dans l’industrie horlogère. Avec un bracelet ultrasouple dont nous nous sommes inspirés pour notre dernière collection, Promesse. Le sertissage reste, lui aussi, très important. Les enquêtes faites à l’international lors du lancement de Promesse le prouvent.»
Plus compliquée à créer, une montre féminine? «Oui, car l’offre est déjà très importante, pour les montres créatives et peu chères comme pour les modèles de haute horlogerie et joaillerie. Notre positionnement dans le luxe abordable complique les choses. Moi qui dessine des montres depuis très longtemps, je me rappelle un temps où on le faisait pour une quinzaine d’années. Aujourd’hui, le délai est de trois à cinq ans. On se distance du côté par trop éphémère de l’industrie du prêt-à-porter, mais la création est parfois complexe, tant les femmes ont des goûts différents.»
Son choix Promesse. Acier, quartz, 30 mm. Cadran guilloché. Bracelet acier. Réf. 10 157, 1950 fr.
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