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Au salon du jean, on parle écologie pour le fabriquer

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© DR

Trop d'eau consommée, trop d'électricité, trop de produits toxiques sont au centre des griefs des ONG qui réclament aussi plus de recyclage. La plupart des 87 entreprises réunies à Paris (tisseurs, finisseurs, délaveurs...), le haut de gamme de cette industrie, en ont fait un réel sujet de préoccupation, par intérêt économique aussi.

Depuis plusieurs années, les techniques ont évolué comme l'apparition du laser pour délaver ou faire des empreintes sur les jeans, remplaçant la pierre ponce ou le sable, grands consommateurs d'eau et nocifs pour la santé des ouvriers textile.

L'italien ITV, qui a racheté le brevet d'Ecoyaa, entreprise sud-coréenne spécialisée dans la teinture naturelle, a présenté à la Halle Freyssinet un nouveau procédé, "Wine-tex", pour remplacer l'indigo, la teinture du jean majoritairement chimique, par du vin ou du fer.

La société américaine Cone Denim, qui fournit le géant Levi's, accueille ses clients avec des petites bouteilles plastique remplies de flocons marrons ou verts. L'explication se lit sur les étiquettes de jeans: "soda pop green" ou "beer bottle brown". Une partie du fil provient du recyclage de bouteilles de bière et de soda.

Pour faire un jean, "il faut sept bouteilles en moyenne", explique Kara Nicholas, une des responsables du marketing de la maison. La production de cette toile denim particulière ne représente cependant encore que 10% de l'ensemble des collections.

L'Espagnol Tavex est venu présenter sa dernière technologie: de l'indigo économe en eau, alors que cette teinture, chimique ou naturelle, nécessite plusieurs bains pour se fixer à la fibre. Tavex explique avoir trouvé une technique spéciale de fixation chimique de la teinture. "On économise 300 000 litres d'eau par jour soit 12 litres par jean avec ce procédé", déclare le responsable marketing pour l'Europe David Bardin. A l'appui de sa démonstration, M. Bardin montre une bouteille pleine d'eau foncée - le bain traditionnel - et une autre presque claire, celle issue de cette technique baptisée "Acquasave".

Pour M. Bardin, l'intérêt est aussi économique, avec un allègement des factures d'eau mais aussi de retraitement des eaux. La consommation de denim est "un énorme business", évalué autour de 100 milliards de dollars, dont 80% rien que pour les jeans, rappelle le président du salon Philippe Pasquet. Les entreprises haut de gamme comme celles présentes au salon ne représentent que "20% d'un marché très concentré".

Si beaucoup d'entre elles affichent des slogans "eco friendly" sur leurs stands, pour le directeur du salon, il ne faut pas encore s'attendre dans ce secteur "à un grand soir de l'écologie". Ne serait-ce que parce que le coton, grand consommateur d'eau et de pesticides, est toujours dominant dans la fabrication du tissu. D'autres matières ont déjà été intégrées à la toile comme le Tencell, à base de pulpe d'eucalyptus, qui apporte un effet stretch très recherché par les femmes.

Pour M. Pasquet, "les avancées sur le développement durable se feront bien si elles ne se font pas au détriment de la mode". Autrement dit, si les produits sont désirables. L'idée de récupération ou de nouvelle vie donnée à son bon vieux jean gagne aussi du terrain. Pour le consultant et spécialiste du denim Philippe Friedmann, l'air du temps est justement "au +home made+, à la customisation, au sur-mesure dans cette éternelle quête du Graal pour avoir le parfait denim".


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