La tête dans la céramique

Ultratendance, elle fait son show. Nous avons donc mis les mains à la pâte pour exprimer notre créativité! Suivez, avec nous, un cours de moulage céramique.

Tournage, moulage, coulage, façonnage… il existe une multitude de façons de travailler la terre. Histoire de découvrir ce monde créatif, nous avons donc passé un tablier. Comme nous, n’avez-vous jamais rêvé de créer de vos petites mains des objets insolites ou poétiques sortis tout droit de votre imagination? Il est temps de se lancer. Dépoussiérée de son image vieillotte de bols décorés de fleurs, la céramique séduit, aujourd’hui, les jeunes artistes. Contemporain, élégant et ludique, cet art revient sur le devant de la scène.

Céline Dulord, une jeune designer en céramique d’objet, nous a initiée à la technique du moulage dans son atelier genevois. Car si la céramique est accessible, elle se pratique difficilement chez soi, sans matériel ni four à haute température. Petit avant-goût sous forme de roman-photo en 8 étapes: de la poussière d’argile à la conception d’un joyeux vase «gnome».

1. Création de la matrice Première étape: créer un moule. Comme il met quelques jours à sécher, notre professeur l’a déjà conçu à partir d’un emballage en plastique de jouet. Du plâtre est coulé sur chacune des deux parties en plastique creuses. On obtient ainsi un «positif»: un bonhomme plein en plâtre. Ce positif permet de créer le moule mère rectangulaire: quatre planchettes sont maintenues par des serre-joints autour de la matrice et le tout est recouvert de plâtre.
2. Le coulage Dans un saut, on mélange la poudre de porcelaine, l’eau et le liant. La mixture obtenue est versée dans le moule au travers d’un tamis pour éviter les grumeaux. Le plâtre absorbant l’humidité, la porcelaine va se solidifier sur les parois du moule. Plus le liquide repose, plus l’épaisseur de la pièce va être importante.
3. Evider le surplus Après avoir vidé la porcelaine liquide par la bouche de coulage (pour éviter tensions et fentes), il ne reste que la porcelaine solidifiée, collée au moule. Après 7minutes, on obtient une pièce d’environ 5mmd’épaisseur.
4. Le démoulage On retire les élastiques pour retirer chacune des quatre parties du moule. La pièce finale durcie reste très fragile, mais c’est une masse encore malléable.
5. La pièce crue L’objet final encore fragile est travaillé sur un tapis de mousse. Sa tête est découpée au cutter, les lignes de coulage du moule sont lissées à la carte de crédit…Toutes les interventions sur la forme se font à ce stade. Chaque pièce devient ainsi unique, même si elles sont toutes sorties du même moule.
6. La cuisson biscuit Le vase gnome a pris sa forme finale. Il est placé dans un four à haute température. Il cuira environ 8 heures à 980° (ce four automatique est programmé selon des courbes de cuissons et des paliers jusqu’à atteindre près de 1000 degrés).
7. Le ponçage Sorti du four, le vase est encore poreux, mais il a déjà sa forme définitive. Ce n’est qu’après la seconde cuisson qu’il devient étanche. A ce stade, la pièce et le papier de verre sont trempés dans l’eau pour pouvoir travailler en douceur et éviter de faire trop de poussière durant le lissage. Une fois poncée, la pièce doit sécher naturellement.
8. L’émaillage Un émail liquide est pulvérisé au pistolet sur chaque face de la «bête». La poudre d’émail épouse ainsi la matière. Cette étape confère l’étanchéité nécessaire aux pièces qui seront en contact avec l’eau, comme durant la vaisselle. Après une dernière cuisson de 8-10 h, l’objet est totalement terminé et prêt à l’usage.

Du moule à la pièce finale

La création d’un objet passe par la conception de diverses matrices, moules, négatifs et positifs. Sur la photo, l’emballage en plastique du jouet originel (un gnome de style kidrobot) a servi à créer le moule mère de forme rectangulaire qui, lui, a donné naissance à la pièce crue – le personnage fraîchement démoulé – puis à la pièce finie, cuite et émaillée (tout à droite).