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Nous avons confronté le Dr Schlaudraff qui la pratique en Suisse, à un contradicteur, le chirurgien Sabri Derder.

L’ augmentation mammaire a encore de beaux jours devant elle. Intervention chirurgicale à caractère esthétique la plus pratiquée, elle se fait non seulement à l’aide d’implants mais de plus en plus souvent aussi par lipofilling ou autogreffe de tissu graisseux utilisée auparavant essentiellement en chirurgie réparatrice – reconstruction mammaire après un cancer. Technique qui consiste à prélever dans un endroit du corps (ventre, fesses, face externe et interne des cuisses, hanches) de la graisse pour la réinjecter dans les seins, le lipofilling a le vent en poupe aux Etats-Unis. La Société américaine de chirurgiens plasticiens évoque ainsi, pour 2010, une hausse de 14% par rapport à 2009 en faveur de cette alternative naturelle et moins invasive que les implants, ces derniers suscitant parfois quelques craintes. Chirurgien esthétique (Cliniques de Genolier, Matignon), le Dr Sabri Derder le confirme avec honnêteté: «On estime de quinze à vingt ans la durée des implants en gel de silicone de la dernière génération, mais il peut aussi arriver qu’il faille les changer après un an ou deux. Une contraction capsulaire peut, en effet, apparaître. Comme une membrane qui se serait formée entre l’implant et les tissus.» Sorte de cicatrice intérieure, hélas imprévisible, elle durcit et se contracte. Il faut alors remplacer les implants. Des modèles également en gel de silicone mais recouverts d’une couche de polyuréthane existent, mais ils sont plus difficiles à introduire, à manipuler, et donc moins utilisés.

A Genève, le docteur Kai-Uwe Schlaudraff, spécialiste en chirurgie plastique et reconstructive, défend une technique toute nouvelle qu’il présente comme une solution d’avenir. Deux différences avec le lipofilling classique: une liposuccion dite douce et le recours à des cellules souches. «Avec la liposuccion classique, souligne-t-il, plus mécanique, la graisse est enlevée en petits blocs, en emportant des petits nerfs cutanés et des vaisseaux. La patiente souffre souvent d’hématomes pendant plusieurs semaines.» En plus sa technique permettrait d’augmenter la concentration en cellules souches de façon, notamment, à avoir moins de déperdition puisqu’il s’avère que la lipoaspiration endommage 40 à 50% des cellules graisseuses, ne permettant donc pas d’obtenir une augmentation importante. Il nous a donc semblé intéressant de confronter les deux techniques en demandant l’avis du docteur Sabri Derder.

Deux chirurgiens, deux écoles

Spécialisé en chirurgie du sein, le Dr Kai-Uwe Schlaudraff vante les mérites de la nouvelle technique de lipofilling qu’il est le premier à pratiquer en Europe.

Spécialisé en chirurgie du sein, adepte du lipofilling classique, le Dr Sabri Derder se pose en contradicteur.

Le prélèvement de graisse

«Au lieu d’aspirer mécaniquement la graisse, explique le Dr Schlaudraff, j’utilise des ultrasons à très haute fréquence pour secouer les tissus. Ainsi les adipocytes (ou cellules graisseuses) se détachent du réseau sur lequel elles s’insèrent, comme les fruits se détachent de la branche lorsqu’on secoue l’arbre. Elles sont recueillies dans un sérum physiologique que l’on a injecté au préalable dans la zone traitée. Il devient alors très simple de récolter la graisse de manière sélective au moyen d’une fine sonde. Il n’est plus nécessaire d’exercer une puissante force d’aspiration. Les ultrasons permettent de diminuer les douleurs, les œdèmes. Les hématomes sont peu nombreux et se résorbent très vite. Ils ont aussi un effet inattendu: ils stimulent la rétraction de la peau et favorisent donc l’obtention d’une surface cutanée plus harmonieuse sur les régions traitées.»

«On utilise les ultrasons pour faire fondre la graisse. J’ai donc un peu de peine à comprendre qu’on puisse s’en servir pour mieux la préserver. Il est sûr que moins on traumatise la graisse, plus on a de chances que les cellules survivent. Même si les cellules mortes libèrent des facteurs de croissance qui stimulent les cellules souches. J’ajouterai qu’en étudiant le principe physique de la lipoaspiration, on a remarqué que ce n’est pas la succion qui aspire la cellule, mais la friction. Le frottement des canules contre les cellules suffit à les déloger. Il y a deux manières de prélever les adipocytes: soit à la seringue mais c’est long, soit à l’aide d’une pompe. Dans tous les cas, le traumatisme est faible, surtout quand on prélève dans l’abdomen par le nombril, ce qui est très fréquent. Quant à la comparaison avec les fruits mûrs, elle m’étonne, la cellule graisseuse n’est jamais «mûre». Elle est là tant que le corps est en vie.»

L’effet obtenu

«Plusieurs tailles en plus», relève le Dr Schlaudraff. Il ne partage en effet pas l’avis de la majorité des chirurgiens, qui préfèrent promettre une augmentation «raisonnable», stable, plutôt que d’évoquer un volume plus important. Leur argument: la lipoaspiration endommage environ 40% des cellules graisseuses et il faut donc compter quelques mois pour obtenir un résultat optimal, le temps que les cellules précurseurs de graisse se développent ou que l’on procède à une seconde séance. S’appuyant sur une découverte scientifique montrant que le tissu graisseux est la source la plus riche en cellules souches, le docteur Schlaudraff affirme que la technique de greffe de graisse enrichie garantit un taux très faible de déperdition. De 10 à 20%. «Le prélèvement de la graisse par liposuccion à ultrasons ménage davantage les adipocytes et les cellules souches qui assurent leur protection. En outre, on retire les cellules souches d’une partie de la graisse prélevée puis on les réintroduit dans le volume à greffer en concentration deux fois plus élevée.»

«Une taille en plus, confirme le Dr Derder. Les cellules graisseuses, c’est mou, objecte-t-il. Bien sûr, on peut en réinjecter. Mais si on ajoute trop de cellules, celles-ci risquent de mourir, car elles se trouvent sous une pression excessive. Dans le cas d’un implant en silicone, la peau est tendue, la poitrine projetée vers l’avant. Et il faut exercer une force assez importante sur les tissus. Même si le procédé par lipofilling est prometteur et qu’on aimerait le proposer plus souvent, avec les adipocytes, on n’obtiendra jamais un volume identique. Je recommande, en effet, cela pour une femme qui refuse toute substance étrangère, mais si elle désire passer d’un bonnet A à un bonnet C, il est exclu de le faire avec sa propre graisse. Ou alors il faut procéder en deux ou trois séances, probablement à l’aide de cellules souches. D’une manière générale, nous conseillons à notre clientèle de renoncer à des techniques trop nouvelles dont on ne connaît pas les éventuelles complications. Mais, indiscutablement, le lipofilling est une option très intéressante.»

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