soins & bien-être
Médecine esthétique: le bistouri attendra
Botoxée? Liftée? Les visages méconnaissables de certaines actrices célèbres vous ont peut-être fait jurer de ne jamais toucher ni à la chirurgie plastique ni aux injections. Ce serait toutefois passer à côté des techniques non invasives désormais à disposition pour retarder les effets du temps. Par non invasive, on entend sans atteinte aux tissus, c’est-à-dire sans scalpel, mais surtout sans stigmate qui oblige à se cacher quelques jours. En principe, après un traitement de médecine esthétique, on peut retourner au travail dans les heures qui suivent.
Pas étonnant, donc, que la demande ait fortement augmenté ces dernières années. Avec une constante: que cela reste naturel et ne se voit pas. Les techniques utilisées sont connues depuis plusieurs années – lasers fractionnés, injections, mésothérapies, peelings… Les médecins qui les pratiquent ont le recul et l’expertise. Pour une meilleure synergie, ils les combinent souvent entre elles.
«Pendant longtemps, nous avons rempli des lignes, analyse la doctoresse Marva Safa, qui a ouvert son cabinet, La Jouvence, il y a une dizaine d’années à Neuchâtel. Aujourd’hui nous travaillons davantage sur la perte de volume, la réharmonisation du visage.» Autrement dit: plutôt que de lisser les rides au coin de la bouche, on redonne un peu de matière aux pommettes pour rééquilibrer les traits et gommer l’aspect fatigué que toutes les femmes redoutent.
Finies les ratées
Après la question du coût, c’est surtout la peur du résultat qui retient les clientes potentielles. L’acide hyaluronique et la toxine botulique font pourtant partie des produits dits «résorbables», ce qui signifie que l’organisme les élimine petit à petit, donc que leur effet ne dure que quelques mois, de douze à dix-huit pour l’acide hyaluronique, un peu moins pour le Botox. Présent naturellement dans le corps humain, l’acide hyaluronique diminue avec l’âge – une réduction qui commence dès 25 ans, jusqu’à n’en laisser que 10% à la soixantaine. En l’injectant aux endroits stratégiques, on peut redonner du rebondi aux chairs, combler des rides, améliorer également la capacité de la peau à retenir l’eau. Les propriétés de l’acide hyaluronique sont plus vastes encore, puisqu’il traite aussi des problèmes tels que l’arthrose, en lubrifiant les articulations fragilisées. Dernier argument: on lui connaît un antidote, que l’on peut utiliser pour corriger un résultat indésirable.
De fait, le recul sur ces substances les rend extrêmement sûres. Depuis vingt-cinq ans que la médecine utilise la toxine botulique, cinquante millions de traitements ont été prodigués, et trente millions en quinze ans pour l’acide hyaluronique. Pour ce dernier, la demande est d’ailleurs en augmentation constante. Leader mondial, Allergan affiche une croissance de 12 à 15% par an. Concrètement, les seringues prêtes à l’emploi sorties de ses usines à destination des praticiens sont passées de quatre à sept millions entre 2012 et 2013. Pour répondre à la demande, l’entreprise prévoit de doubler son site de production situé en France voisine.
Place à la slow beauty
En Suisse, les deux cliniques emblématiques de la médecine esthétique ont toutes deux fêté leurs 15 ans l’an dernier. Pionnières dans l’implantation des techniques au laser venues des Etats-Unis, Forever Laser à Genève et Clinic Lemanic à Lausanne se sont toujours maintenues au fait des dernières tendances en matière d’esthétisme. A Forever Laser, le Dr Luigi Polla qualifie de «Slow & Sustainable Beauty» les nouveaux comportements des consommateurs: comme avec le slow food, ils veulent des produits de qualité et durables, des traitements peu contraignants et immédiatement satisfaisants. Si le pourcentage de gens ayant recours à la médecine esthétique reste minime (2% de la population genevoise), on sent néanmoins que les tabous tombent.
Implanté en Suisse depuis 2007, le groupe Matignon, quant à lui, a ouvert six cliniques et organise régulièrement de grandes séances d’information destinées à lui amener de nouveaux clients. Armées d’une télécommande, les deux cent cinquante personnes présentes l’automne dernier à Lausanne étaient invitées à exprimer leur rapport à la médecine esthétique. Avant les diverses présentations de techniques prometteuses, environ la moitié avouait ne jamais y avoir eu recours. Après la conférence, 84% des participants se déclaraient clairement intéressés!
Une tendance qui monte
10 fois plus C’est l’écart entre les interventions esthétiques non chirurgicales aux Etats-Unis en 15 ans (740 751 en 1997 et 8 416 470 en 2012, selon l’American Society for Aesthetic Plastic Surgery). Dans le même temps, le nombre d’interventions esthétiques chirurgicales ont à peine doublé.
50 millions C’est la quantité de traitements au Botox prodigués dans le monde depuis 25 ans. Et 30 millions, en 15 ans, pour l’acide hyaluronique.
2% C’est le pourcentage de la population genevoise qui consulte régulièrement un médecin esthétique (selon l’institut Forever Laser, à Genève).
Les nouvelles techniques qui marchent
L’Endermolift TM le palpé roulé du visage
La technique De la même famille que le très connu CelluM6 et son palpé roulé, cet appareil effectue une action mécanique sur le visage par légères aspirations, comme des petites ventouses, ce qui stimule la synthèse naturelle d’acide hyaluronique de la peau. Plutôt agréable, voire relaxante, une séance dure de dix à trente minutes selon le programme choisi – affinant, repulpant, axé sur le contour de l’œil…
Résultats En une séance: un coup d’éclat. Mais pour un véritable effet rajeunissant, compter douze séances. Cela reste une technique très légère, entre le soin de beauté et le paramédical, pour activer la vascularisation, drainer et booster l’activité cellulaire.
Prix 30 à 40 fr. les 10 minutes.
Où Dans les cabinets de médecine esthétique disposant de l’appareil, par exemple à la Clinic Lemanic, avenue de la Gare 2, Lausanne, ou au spa de La Réserve, route de Lausanne 301, Bellevue, près de Genève.
Plasma Skin Booster TM la méthode autologue
La technique C’est, sur la base de la régénération cellulaire PRP (Plasma riche en plaquettes), un protocole plus élaboré. Un peu de sang du patient est prélevé et centrifugé pour en extraire un sérum riche en plaquettes, aux vertus réparatrices, qui sera injecté dans le visage. Aucun risque d’allergie ou de rejet, puisque ce sont des cellules autologues. On lui associe ici un cocktail de vitamines, d’oligo-éléments et d’acides aminés, appliqué par mésothérapie – de petites aiguilles font pénétrer les actifs dans la peau. Dans les heures qui suivent, rougeurs et œdèmes semblables à des piqûres d’insectes sont une réaction normale. Votre médecin vous proposera une méthode appropriée pour gérer la douleur.
Résultats Les peaux fatiguées sont revitalisées (par exemple celles des fumeuses), les cernes atténués, le contour des yeux et de la bouche lissé. On l’utilise également pour traiter l’alopécie chez les hommes et les femmes (perte de cheveux). Un à deux traitements par an, les effets se manifestant après quelques mois.
Prix 1300 fr. le protocole de trois séances (deux mésothérapies ou radio-fréquences, selon le profil, entrecoupées du PRP).
Où Dans les cliniques Matignon, qui ont l’exclusivité de ce protocole (Lausanne, Neuchâtel, Nyon, Sion, Vevey et Zurich).
Le thermage le traitement de choc
La technique Le derme profond est activé par radiofréquence. Un courant électrique est délivré en surface pour chauffer les structures profondes (d’où le nom de thermage) et stimuler les fibroblastes, ce qui provoque une production massive de collagène et d’élastine. La peau est retendue de manière spectaculaire dans les mois qui suivent et les effets perdurent entre deux et cinq ans.
Résultats Une seule séance pour retarder durablement le temps, sans transformation radicale des traits. Le thermage est utilisé aussi pour les fesses, le ventre, les bras, toutes les zones qui se relâchent avec l’âge. Pas de cicatrice, mais quelques rougeurs et une douleur néanmoins présente, à apprivoiser avec son médecin par la méthode appropriée, sédation ou autre.
Prix 4500 fr. la première séance (visage), 2900 fr. l’entretien dans les 24 mois.
Où Dans de nombreux cabinets de médecine esthétique en Suisse romande.
Ulthera TM le soft lifting
La technique Comme le thermage, l’appareil que l’on passe sur le visage travaille ici sur la couche profonde de la peau, le derme, sans lésions en surface sur l’épiderme. Mais il le fait par ultrasons. Par réaction thermique, les cellules sont stimulées, ce qui entraîne une croissance de la production de collagène, donc une amélioration de la qualité de la peau, plus jeune, plus ferme. Le traitement provoque un léger inconfort, qui peut être soulagé par une anesthésie locale pour les patientes les plus sensibles.
Résultats En une seule séance, les effets sont visibles au bout de deux à trois mois et s’accentuent dans les six mois, un véritable coup de jeune! La FDA (Food and Drug Administration, équivalent américain de Swissmedic) a autorisé cette méthode comme «lifting non chirurgical».
Prix De 800 à 3200 fr. selon la zone à traiter.
Où Dans de nombreux cabinets de médecine esthétique, dont les cliniques genevoises Efficium, route des Jeunes 9, aux Acacias, et Care, rue Rodolphe-Toepffer 12, à Genève.
Dr Véronique Emmenegger: «L’âge de la clientèle a reculé de 20 ans»
Pionnière du laser en Suisse, formée aux Etats-Unis, la doctoresse Véronique Emmenegger dirige la Clinic Lémanic à Lausanne depuis quinze ans.
FEMINA Comment a évolué votre clientèle depuis l’ouverture de votre cabinet?
VÉRONIQUE EMMENEGGER Très clairement, l’âge de la clientèle a reculé de 20 ans. Le principal de ma consultation à l’époque concernait les 50-60 ans, voire les 70 pour les lasers resurfacing qui lissaient les rides profondes. Aujourd’hui, on fait beaucoup de prévention, de petites corrections, des injections, dès 30-40 ans. Mais j’ai encore beaucoup de clientes de 50 ans, un âge où la femme a plus de liberté, les enfants sont grands, elle travaille encore et a envie de prendre soin d’elle.
Les demandes sont donc différentes?
L’esthétisme est sans fanatisme en Suisse, les gens ne sont pas extrêmes, ils veulent toujours un résultat naturel. Vous seriez étonnée: beaucoup de femmes ne veulent pas faire disparaître complètement leurs rides, elles aimeraient bien lisser un peu, ou avoir l’air moins fatigué. Parfois elles le font plus pour leurs petits-enfants que pour leur mari. Les enfants sont terribles, ils ne veulent plus les embrasser! Avant, la demande résultait d’une pression sociale, rester compétitif dans son travail. Maintenant, dans un monde plus individualiste, avec la vague du wellbeing, les gens ont simplement envie de se faire un petit plaisir pour eux, pour un anniversaire, pas forcément après un divorce!
Une fois qu’on y touche, comment ne pas devenir accro?
Il serait malhonnête de dire que si un truc réussit bien on n’a pas envie de continuer. Mais, là encore, ce n’est pas extrême. Le Botox, je le fais souvent une fois par an, je n’ai pas de cliente qui revient tous les trois ou quatre mois. Il faut être sur la même longueur d’onde que sa patiente, l’aider à avoir une vision globale de sa beauté, dans l’harmonie générale, alors qu’elle se focalise peut-être sur un détail, les rides du contour de la bouche, tel défaut.
Comment expliquer des ratées comme Nicole Kidman?
Les actrices font toujours tout avant tout le monde. Leur corps est leur outil de travail. Certaines ont continué à avoir des rôles en vieillissant mais, pour beaucoup, la carrière ralentit. Elles sont alors prêtes à prendre des risques, à tester de nouvelles techniques qui ne sont pas toujours au point. Dans le cas de Nicole Kidman, elle a sans doute abusé du Botox, mais aussi d’autres types d’injections. Le lipofilling fait des ravages actuellement en France. L’idée est très bonne, le problème est que certains médecins l’ont utilisé à tout va. D’abord en excès dans les lèvres, il y a quelques années, maintenant dans les pommettes… Plus j’avance et plus je trouve que l’esthétique, c’est compliqué. Ce n’est pas la machine ou la méthode qui fait le résultat, mais leur juste maîtrise et, avant tout, le choix de la bonne technique pour la bonne indication.
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