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Tout le monde trouve ça très courageux

A 31 ans, reprendre des études alors que j’ai un job à 80% et trois enfants en bas âge, ça impressionne. Même s’il faut parfois jongler, moi je ne trouve pas ça difficile, parce que je fais ce que j’aime et parce que, surtout, je l’ai choisi. Mon job actuel de secrétaire au service urologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) me plaît, là n’est pas la question.

L’équipe est vraiment chouette. Et le travail, intéressant. Mais depuis l’adolescence, je suis attirée par tout ce qui concerne la psychologie, particulièrement celle des enfants. J’ai toujours pensé que je travaillerais un jour dans ce domaine. Or pour l’heure, le sort en a décidé autrement.

A l’école, j’étais une très bonne élève

Comme j’avais de bonnes notes, je suis logiquement allée au collège pour passer une maturité. Mon but? Des études de psycho à l’Uni. Mes parents, d’origine portugaise, croyaient en moi, m’encourageaient. Mais j’ai eu soudain des difficultés: je n’avais pas de méthode de travail, c’était compliqué. J’ai échoué en troisième. Là, je me suis vraiment remise en question, j’ai douté de mes capacités.

A 19 ans, j’ai finalement décidé d’arrêter le collège. Parallèlement, je travaillais les mercredis et samedis en tant que vendeuse dans un magasin de prêt-à-porter. Et cela, depuis mes 16 ans.

J’avais donc déjà un pied dans le monde du travail

Tout en gardant mon petit boulot, je me suis lancée dans une formation de secrétaire médicale. J’ai suivi un an de cours, puis fait un an de stage. C’était passionnant, toutes les branches m’intéressaient… Je me suis épanouie et j’ai repris confiance. C’est à cette époque que j’ai rencontré mon mari. J’ai décroché mon diplôme en 2001 et j’ai trouvé un boulot à 80% aux HUG. A vrai dire, ce n’était pas l’emploi de mes rêves. Moi qui adore les contacts, je me suis retrouvée à faire de la saisie dans un bureau. J’ai un peu perdu de mon enthousiasme, j’avais l’impression qu’on ne me donnerait jamais ma chance.

Côté perso, depuis toujours, je voulais des enfants. En septembre 2003, j’ai eu mon premier garçon, un second en 2006. J’ai bien sûr continué à travailler tout en suivant une formation d’assistante de direction. J’adore mes enfants, mais j’ai besoin de faire autre chose à côté. En 2009, j’ai décroché un poste de secrétaire à 100% au service Urologie. J’appréhendais un peu, mais le contact avec les patients, les médecins, les responsabilités, et puis l’équipe qui m’a immédiatement acceptée, m’ont vite permis de m’intégrer.

J’ai toujours eu envie, pourtant, de me réaliser autrement

Envie de clore un chapitre peut-être… Je crois que mon échec au collège m’a laissé un goût amer, un sentiment d’inachevé. L’idée a surgi lors de mon dernier congé maternité en 2010, après la naissance de ma fille. J’avais besoin de stimulation intellectuelle. Je me suis alors demandé ce que j’aimais vraiment. Ça tombait sous le sens! Il y avait les enfants, les animaux et… la psychologie.

Toujours et encore. Oui, j’allais y aller, à l’Université! Seul problème, je n’avais pas de matu. J’ai déposé un dossier de demande de dérogation pour m’inscrire à l’uni. Comme le délai de réponse était long, je me suis aussi inscrite aux cours de maturité du soir au collège pour adultes. En septembre 2010, je retournais donc sur les bancs de l’école. Heureusement, car quelques mois plus tard, je recevais une réponse négative pour la dérogation.

Mon mari m’a soutenue, ma famille aussi

Si je réussis, c’est beaucoup grâce à eux. Certains ont pensé que je craquerais. C’est vrai que mes journées sont bien remplies. Le matin, je m’occupe des enfants et je les dépose à l’école ou à la crèche. Ensuite, comme j’habite au pied du Jura, j’ai quarante-cinq minutes de trajet. J’arrive vers 9 heures, et je suis au travail jusqu’à 17 h 30, puis je rejoins le collège, parfois jusqu’à 21 h 20. Au programme: maths, français, physique, chimie, allemand, musique…

Pendant ce temps, mon mari récupère les enfants, fait le repas, aide le plus grand pour les devoirs, s’occupe du bain et couche la petite. Les garçons vont plus tard au lit et j’ai la chance de les voir presque tous les soirs. Quand j’arrive, je n’ai qu’à mettre les pieds sous la table. C’est formidable! Je pense aussi que c’est rassurant pour les enfants de voir à quel point leur papa s’implique dans la vie de famille. On forme une équipe et on se partage le travail en fonction de la situation et des besoins de chacun. Au travail, j’ai reçu beaucoup d’encouragements.

Certaines collègues trouvent ça carrément héroïque

Moi, je me dis que tout le monde peut le faire, il suffit de le vouloir. Mais rien que pour ma famille, mes collègues, tous ceux qui me soutiennent, je ne veux pas craquer, je ne peux pas. Ça m’est arrivé, une fois. Une prof m’a mis une mauvaise note. J’avais pourtant beaucoup travaillé, mais de fatigue, j’avais bâclé la forme. Eh bien, j’ai prismes affaires et je suis sortie du cours… Parfois, aussi, dans lamasse des encouragements, il y a une remarque qui vous met à terre. Par exemple lorsque quelqu’un est venu me dire que j’avais du courage de faire passer mes études avant mes enfants.

Mais cela n’est pas le cas! Je pense, au contraire, que l’image d’une maman qui se donne de la peine pour atteindre son but, ça ne peut pas être négatif pour eux. Il m’arrive d’ailleurs de faire mes devoirs en même temps que mon fils aîné. Il voit qu’il est difficile d’apprendre en étant adulte, ça le motive pour réussir.

Avec le temps, j’ai appris à me mettre moins de pression

J’ai baissé mon temps de travail de 100 à 80%. Limité le nombre de matières à passer en dernière année, quitte à suivre les autres l’année prochaine. Je ne suis pas si pressée… Après, si je peux, ce sera les études de psycho. Peut-être. Je ne sais pas. Je verrai bien dans quel état d’esprit je me trouverai quand j’aurai enfin cette matu.»

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