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J’ai encore de la peine à en parler autour de moi, car c’est un sujet tabou

De nombreuses personnes pensent que c’est psychologique, elles ne parviennent pas à concevoir que les portables, ordinateurs ou autres appareils sans fil, éminemment pratiques et souvent liés à la notion de liberté, puissent être malsains. Je n’aurais moi-même jamais imaginé l’impact qu’ils pouvaient avoir sur la santé. Il m’a fallu des mois d’errance médicale avant de le comprendre.

Tout a commencé au printemps 2010

Mon mari, qui est Américain, et moi étions à Boston en visite chez sa maman. Il faut préciser que nous partageons notre vie entre les Etats-Unis et la Suisse. Nous dormions dans une des chambres de la maison, une pièce dans laquelle je ne m’étais jamais vraiment sentie bien.

Le niveau de pollution électromagnétique devait y être très élevé à cause des lignes électriques passant à quelques centimètres des murs… Ma santé s’est détériorée en quelques jours. Je n’arrivais plus à dormir, j’étais prise de vertiges, souffrais de maux de tête et avais l’impression d’être déshydratée. A l’hôpital de Boston, on m’a diagnostiqué une possible grippe...

Les jours se sont écoulés et les symptômes se sont accentués

J’ai commencé à avoir de la peine à respirer, à ressentir des picotements dans les doigts et les orteils, éprouver de la difficulté à bouger les membres ainsi qu’à réfléchir. Mon fils ayant six mois, mon docteur a mis ça sur le compte de la fatigue... Mais cet état a perduré, transformant mon quotidien en parcours du combattant.

Je ne pouvais presque plus rien faire. Je ne conduisais plus, par exemple. Etant comédienne et co-directrice d’une compagnie de théâtre, j’ai dû diminuer mes prestations sur scène et dans les écoles tellement ça devenait insupportable. J’ai pensé tout arrêter. Mon mari n’en pouvait plus. Il devait s’occuper de tout: de notre fils, de la maison, de notre compagnie.

Ne pas savoir ce que l’on a

Durant des mois, je suis allée de médecins en spécialistes dans l’espoir de comprendre ce qui m’arrivait pour trouver des remèdes à mes maux. Ne pas savoir ce que j’avais, ne rien pouvoir faire, c’était pire que tout. Sans oublier l’incompréhension de mon entourage face au mal qui me rongeait. Ça a été une période très difficile.

Il a fallu que je consulte une kinésiologue à la fin 2011 pour entendre parler pour la première fois de la condition d’électrohypersensibilité. Elle m’a conseillé un livre: «Wireless Radiation Rescue», de Kerry Crofton. J’avais toujours pensé que l’électrosmog était malsain. Mais c’est à ce moment seulement que j’ai réalisé qu’il pouvait rendre malade, jusqu’à en être handicapant. Pour vérifier si c’était bien ça, nous sommes allés camper en pleine nature, loin de tout. En quelques jours, j’ai senti ma santé s’améliorer. Je suis redevenue quasi «normale».

Un géobiologiste a mesuré l’électricité circulant chez nous aux USA

Le taux était effectivement élevé. Alors nous avons arrêté le wi-fi, avons également parlé à nos voisins pour essayer de réduire les ondes provenant de chez eux. Ça a été compliqué à gérer. Nous aurions pu déménager. Mais nous avions la famille, les amis sur place. Nous n’avions pas le cœur à le faire.

Quand nous sommes revenus en Suisse, nous nous sommes installés dans un appartement, sans wi-fi, loin du village où nous vivions auparavant. Le deuxième jour, mes symptômes sont revenus en force. J’ai cru perdre la tête. Nous avons fait une nouvelle fois appel à un géobiologiste qui a détecté un courant électrique vagabond. Pendant deux mois, nous avons vécu avec de l’électricité seulement dans la cuisine, afin d’endiguer le courant. Ça m’a beaucoup aidée.

Malgré tout, ma santé a continué à se détériorer

L’effet des ondes est cumulatif: plus on en reçoit, plus on devient sensible. J’ai décidé de me rendre dans une clinique spécialisée dans la médecine bio-intégrative. Là, à la Paracelsus Klinik près de Saint-Gall, un contrôle a confirmé ma sensibilité à l’électrosmog, ce qui a été un soulagement pour moi.

Enfin mon mal était reconnu par un professionnel! Le médecin m’a recommandé une entreprise fabricant des biotuners, sortes de boîtiers à placer sur un courant électrique, afin de désactiver les informations nocives de l’électrosmog présentes dans la maison. Une fois celui-ci installé, les changements ont été immédiats. Je n’avais plus d’étourdissements, j’ai recommencé à dormir profondément. Enfin, j’avais un endroit neutre où vivre et me soigner.

Depuis une année, je vis presque normalement

Grâce à cette installation, je peux retravailler à l’ordinateur. Nous avons acheté un téléphone à haut-parleur sur réseau fixe pour que je puisse à nouveau communiquer. J’ai changé mes lunettes qui étaient métalliques et donc conductrices, ne porte également plus de bijoux en métal et prends des compléments pour me fortifier.

Les sorties restent un problème. En général, mon mari fait les commissions. Il m’est difficile de prendre le train. Quand je joue sur scène, si nous arrivons à installer le biotuner – il est transportable –, ça va. Nous demandons par contre aux spectateurs d’éteindre leur portable. Quand nous mangeons avec des amis, nous faisons de même. Mon quotidien reste compliqué, mais par rapport à avant, je revis. Je ne sais pas encore comment sera l’avenir. J’espère qu’un jour, j’irai mieux. Nous souhaiterions avoir un deuxième enfant, et pour cela, ma santé doit s’améliorer.

Je ne baisse pas pour autant les bras

Mon mari et moi sommes en train de finaliser un projet théâtral que nous présenterons cet été. L’objectif de la pièce qui s’intitule «Innocenzo» est de montrer les répercussions que la pollution électromagnétique peut avoir sur la santé, de briser un tabou. Avoir conscience du problème, c’est déjà un premier pas pour diminuer en partie l’électrosmog. Et j’espère reprendre un jour une vie normale.

Pour en savoir plus sur Innocenzo: www.ptco.org/inno


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