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Enfant, je rêvais d’être chocolatière

A la source de mon histoire gourmande, je vois mes grands-parents paternels piémontais. Puis mon papa, qui a perpétué la magie des retrouvailles autour de grandes tables festives tandis que maman, issue des Alpes bernoises, me transmettait le goût du travail bien fait. Dans cette famille cultivant les plaisirs de bouche, je me voyais déjà entreprendre un apprentissage de pâtissier-confiseur. Mais j’ai fait mon gymnase, pratiqué le violon et le chant au conservatoire… pour finalement rejoindre les bancs de la fac de droit, comme le souhaitait si ardemment mon père.

Mes plans ont été chamboulés avec l’arrivée de mon premier fils en 1987. A 21 ans, je me suis glissée dans la peau d’une femme au foyer. Deux ans plus tard, ma petite fille est née. Des rencontres inopinées m’ont poussée à mettre un premier pied à l’étrier professionnel et à rêver, par la suite, d’enseigner sous d’autres latitudes. Un rêve que je ne réaliserais que 14 ans plus tard, non pas dans l’enseignement, mais dans l’univers merveilleux du cacao.

Entre-temps, l’Afrique m’a donné deux enfants

Rencontré à la fête que je donnais à l’occasion de mon départ programmé pour Accra au Ghana, Innocent est entré dans ma vie, m’offrant, ici, le soleil et la chaleur de là-bas. Deux fils sont nés de cette union, dont un enfant handicapé.

Mon cheminement professionnel se poursuivait à cette époque dans le domaine des ressources humaines, notamment dans l’entreprise Kraft Jacobs Suchard à Berne. Transférée au centre de recherche et développement à Neuchâtel, j’ai vécu en direct les dernières heures neuchâteloises de l’entreprise et peu après… celles de mon union interculturelle.

En 1997, j’ai été engagée à l’ORP de Neuchâtel en tant que conseillère

Une période foisonnante en termes de formations de coaching, de médiation, de développement personnel et de rencontres. J’ai donné naissance à deux enfants avec un homme que j’avais passionnément aimé dix ans plus tôt. En 2006, Philippe est entré dans mon bureau. Un an plus tard, nous partagions la même maison, avec mes six enfants.

Vu mon obsession inconditionnelle pour le chocolat, mon mari m’a présenté son ami Fernando, un chocolatier artisanal que j’ai rapidement secondé dans son labeur créatif, le soir et le week-end. La terre s’est effondrée sous mes pieds lorsque j’ai appris sur Facebook, son intention de liquider cette chocolaterie qui me tenait tant à cœur. Après une nuit de larmes et de révolte, je me suis inscrite à la Chocolate academy de Zurich. Une sacrée aventure suivie de bien d’autres, jusqu’aux plantations de cacao en terre africaine. En intégrant l’Office du tourisme de Neuchâtel il y a trois ans, j’ai réalisé combien le patrimoine Suchard attisait l’intérêt du public.

C’est ainsi qu’un projet a commencé à germer dans mon esprit

Nom de code: Chouchar. Objectif: la création d’une chocolaterie de démonstration, proposant des cours ainsi que la vente directe de sa propre production pour financer une rétrospective Suchard. Un musée en quelque sorte à vocation culturelle et touristique, installé dans le quartier de Serrières, fief de cette fabrique emblématique disparue il y a 23 ans.

Avec cette idée de réhabilitation du patrimoine Suchard, j’accostais enfin au cœur même de ma passion chocolat. J’ai aussitôt mis en action mon réseautage et emmené ma famille dans mon sillage. D’expositions en salons, de chocolateries en marchés, ici ou à l’étranger, nous avons tous vécu à l’heure «chocolat». Et ce n’est pas terminé.

Cap «chocolat»

Bien que ma vie ressemble à un Camel Trophy, j’ai donc maintenu, envers et contre tout, ce cap «chocolat». Pour atteindre les plantations de cacao, un 4x4 est indispensable car les routes africaines ne sont ni droites, ni plates. Pourtant, une fois arrivé là où pousse l'or brun, la nature luxuriante fait oublier les obstacles et périls du chemin parcouru…

Aujourd’hui, le projet est bien ficelé, même s’il reste encore à trouver un lieu et une partie du financement. Dans cette dernière ligne droite, je m’engage à fond, bien entourée que je suis par ma famille, des amis et des professionnels aux multiples compétences. En amont, j’ai lancé en été 2012 Choco emotionS, une entreprise d’événementiels ponctués d’ateliers itinérants et personnalisés qui rencontrent déjà un joli succès. Depuis la cabosse jusqu’aux pures douceurs chocolatées, j’invite le public à s’immerger dans un univers sans limites.

Tout s’enchaîne désormais miraculeusement

Rencontré par hasard dans une brocante, les scénographes Mathieu et Karine adhèrent au projet de rétrospective Suchard. Par le biais d’un cadeau de Noël, je découvre le talent de l’illustratrice française pour enfants, Amandine Piu. J’ai le coup de foudre pour l’univers régressif de cette artiste, qui nous rejoint avec son compagnon graphiste.

L’histoire se poursuit avec la graphiste de Choco emotionS, un architecte, deux anciens collègues «Suchard», un économiste, quelques collègues de Tourisme neuchâtelois, une historienne, deux muséographes, des dizaines d’étudiants provenant des HEG (Haute Ecole de Gestion) de Fribourg, Delémont et Neuchâtel qui m’apportent un précieux soutien pour les aspects marketing et communication du projet, et beaucoup d’autres personnes motivées par l’objectif de promulguer une facette gourmande du patrimoine neuchâtelois.

Il me manquait encore un chocolatier de talent

Ce sera Sébastien Eckler, Chef pâtissier d’un établissement doublement étoilé et l’un des six finalistes des Swiss Chocolate masters 2013. J’éprouve aujourd’hui l’heureux sentiment d’être un chef d’orchestre dirigeant un parterre de musiciens de grand talent.

Pour mener tous ces projets de front, sans négliger pour autant les trois enfants qui sont encore à la maison, je prends l’option de réduire mon temps de travail à l’Office du tourisme de Neuchâtel. Chouchar, c’est le rêve d’une vie. Mais je n’oublie pas pour autant que, derrière la femme battante qui va jusqu’au bout de ses rêves, il y a un homme et une famille. Sans mon mari et mes enfants, rien n’aurait jamais été possible.

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