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Jamais je n’avais imaginé qu’un jour je deviendrais sœur consacrée!

Je rêvais de nombreux voyages et je me voyais avec des enfants à qui je voulais faire découvrir autre chose que cette société de consommation. Pourtant, à 31 ans, j’ai senti très clairement cet appel auquel j’ai pu dire oui après une intense période de réflexion. Cette décision est l’aboutissement d’un long chemin dans la recherche d’un absolu d’amour dont j’ai toujours eu soif. J’ai grandi dans une famille catholique en Valais. Avec mon frère et ma sœur, nous avons été éduqués dans les valeurs de solidarité et d’ouverture aux autres.

Adolescente, j’allais régulièrement à l’église

A cette époque, j’étais assez nulle à l’école et je ne me trouvais pas spécialement jolie. Je ressentais parfois une certaine tristesse. Un jour, alors que je me trouvais dans une chapelle, j’ai apostrophé le Christ en lui disant, «Je crois que tu existes… Mais viens donc me prouver que tu m’aimes!» Soudain, j’ai eu la sensation d’être envahie d’un amour qui dépassait tout ce que j’avais pu ressentir jusque-là. Ça a été une expérience bouleversante. J’avais 16 ans et cet événement a été déterminant sur mon chemin de vie.

Je vivais alors une belle histoire d’amour qui a duré trois ans

Mon ami était beau, nous partagions les mêmes valeurs, bref, nous avions tout pour être heureux. Lorsque j’ai terminé ma formation obligatoire, je suis partie seule au Québec, un pays que j’avais toujours rêvé de découvrir. Là-bas, j’ai expérimenté un profond sentiment de liberté! Et lorsque je pensais à mon retour – nous allions probablement nous fiancer puis nous marier –, je voyais bien que quelque chose me manquerait. Je recherchais un échange au niveau de l’âme, quelque chose que je ne parvenais pas à partager avec mon ami. Peu après mon retour, je lui ai dit que c’était fini, que nous ne serions pas heureux, ni l’un ni l’autre. C’était très dur, j’avais l’impression de le poignarder. Autour de nous, personne n’a compris ma décision.

Je suis partie à Genève me former à l’Institut d’études sociales

Ma vie affective est alors devenue très chaotique et je me suis révoltée contre les incohérences de l’Eglise. Il me semblait que cette institution ne pouvait pas m’aider à rencontrer Dieu plus profondément. J’avais découvert le New Age au Québec et j’ai approfondi ma quête en lisant des livres sur différentes spiritualités. J’ai pratiqué la méditation zen ou le tai chi. Mais quelque chose me manquait toujours…

Mes études terminées, j’ai travaillé avec des enfants en difficulté

Cela se passait dans un lieu d’accueil en montagne. Ce travail m’a déçue, nous étions plus occupés à faire qu’à être. Etait-ce cela le social? Parallèlement, je vivais une relation amoureuse déplorable. J’essayais de prier, mais c’est comme si quelque chose ne marchait plus. J’ai réalisé que je m’étais égarée. J’étais en train de devenir quelqu’un que je ne voulais pas être. J’avais un profond besoin de retrouver des valeurs essentielles et j’ai décidé de partir avec un organisme d’entraide humanitaire à Haïti. C’est à cette époque que la pensée m’est venue pour la première fois, mon Dieu, et si un jour le Seigneur m’appelait à une vie religieuse? J’en ai parlé à une amie qui m’a dit en riant: «Esther, tu aimes beaucoup trop les hommes, cela ne risque pas de t’arriver!»

Après deux années à Haïti, où j’ai vécu une expérience inoubliable, je suis revenue en Suisse et j’ai trouvé un emploi auprès de personnes dépendantes de l’alcool. Je vivais une relation avec un homme que j’aimais, mais je me questionnais… Fallait-il aller plus loin? Etait-il l’homme avec qui je devais construire quelque chose? Je n’arrivais pas à savoir. Mes amis me disaient que j’avais peur de m’engager. La question d’une vie consacrée totalement au Seigneur était toujours présente. Mais moi qui avais goûté à la tendresse d’un homme, comment pourrais-je m’en passer? Je me posais cette question quand un jour, alors que j’assistais à une messe, j’ai été saisie par la tendresse de Dieu. Cela a été une expérience physique très forte, quelque chose qui me dépassait complètement. J’ai reçu la réponse à mes questions!

J’avais 29 ans

Afin d’y voir plus clair, je suis partie vivre quelques mois parmi des religieux. Je considère que c’est Dieu qui nous appelle, que ce n’est pas un choix que l’on peut faire soi-même. J’avais donc besoin d’entendre cet appel clairement en moi. Durant sept mois, j’ai vécu une sorte de dépouillement intérieur. J’étais pleine de peurs! Peur du regard des autres, de leur jugement, de la réaction des copines – nous avions imaginé pousser nos landaus ensemble! Je craignais d’être étiquetée «catho» par mes amis non-croyants… J’allais aussi devoir abandonner mes projets de voyages, mon appartement, ma voiture ainsi que tous les souvenirs auxquels j’étais finalement attachée. Dieu pourrait-il réellement me combler?

Petit à petit, ces peurs se sont atténuées

Quand j’ai pu dire oui à l’appel que je ressentais, j’ai été envahie par une paix et une joie qui ne m’ont plus jamais quittée. J’avais soudain une telle pêche que tout est devenu simple. Ma famille a respecté ma décision. Ils ont bien vu qu’elle était l’aboutissement d’un cheminement intérieur. D’autres personnes pensent, encore aujourd’hui, que j’ai été endoctrinée, mais elles ne sont jamais venues me voir pour se faire leur propre opinion.

Je vis depuis six ans dans la Fraternité Eucharistein, un lieu mixte et ouvert dans lequel nous menons une vie simple, rythmée par les temps de prière. Nous y accueillons des gens en détresse qui sont parfois en rupture totale avec la société. Impossible pour nous de rester dans notre petit train-train avec ces personnes qui nous remettent en question et nous renvoient à nos incohérences. J’aime beaucoup cela! Moi qui n’avais jamais rêvé d’une vie religieuse, j’ai trouvé bien davantage que ce que je pouvais désirer. Le jour de mon entrée au postulat, j’ai posé mes valises, et désormais, je poursuis ma quête d’absolu à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur.»


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