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Je ressens le besoin impératif de tout noter

C’est plus fort que moi. Je dois absolument inscrire dans mon agenda tout ce qui me traverse l’esprit, enfin tout ce que je ne dois pas oublier de faire. Me laver les cheveux, prendre mon médicament contre les allergies deux fois par semaine quand je vais faire du «jazzercice®» (ndlr: fusion de danse jazz, d’exercices de résistance, de Pilates, de yoga et de kickboxing), aller acheter un livre, penser au cadeau que je vais offrir à l’anniversaire d’une copine…

Il y a ce que je dois faire, ce que je ne dois pas oublier de faire et aussi ce que j’aimerais bien faire. Ce que je peux planifier par exemple pour le week-end ou les vacances. J’écris alors toutes les possibilités avec un point d’interrogation. Je note également mes résolutions, comme «Mange beaucoup de pommes!» ou «Habits de couleur» parce que je trouve que je porte trop de noir, ou encore «A midi, manger bien consistant, mais pas trop gras». Et il y a tous ces souhaits que j’exprime pour moi-même ou pour les autres, du genre: «Que Pierre soit au chalet le 15 août!» «Que Lola vienne dormir à la maison vendredi soir!»

Mon agenda, c’est ma mémoire, ma mémoire vivante, ma mémoire à vif

Quand quelque chose me vient à l’esprit, c’est comme si tous mes sens se réveillaient en même temps qu’en moi, tout se mobilise et qu’une voix résonne dans ma tête pour maintenir cet état en clamant: «Attention, alerte rouge, une pensée est en train de me traverser!» Impossible de la laisser arriver tranquillement, de la laisser repartir ou de la mettre dans un coin de ma mémoire. Je dois immédiatement la noter dans mon agenda.

C’est un gros stress

Je me souviens d’une soirée au théâtre. J’étais détendue et me réjouissais de ce moment. Soudain, sans crier gare, alors que je venais de poser mon regard sur mon pantalon, mon cerveau s’est mis en marche. Je me suis dit: «Ce pantalon noir est parfait, il m’en faudrait un deuxième tout pareil. Il faut que je retourne en acheter un autre avant qu’ils n’en aient plus en stock, mais je ne peux y aller que vendredi. Oui, vendredi entre trois et quatre heures. Ne pas oublier, pantalon noir, vendredi après-midi. Pantalon noir, vendredi après-midi.» Et cette phrase s’est mise à tourner dans ma tête.

Dans ces cas-là, je n’arrive plus à me concentrer, je n’arrive plus à profiter de l’instant présent, il me faut absolument l’inscrire dans mon agenda. Mais je ne peux pas le faire là dans une salle de théâtre. Si j’étais sur une terrasse avec des copines, c’est sûr, j’aurais simplement ouvert mon agenda. Il a donc fallu que je dérange toute la rangée pour aller m’isoler aux toilettes!

C’est grave. Je le sais, dans un sens. Mais cela ne m’empêche pas de vivre. Je vois arriver le stress, je le sens, je le connais maintenant et je sais aussi qu’il vaut mieux que je l’apaise au plus vite. C’est comme ça. Ecrire, inscrire, noter, cela me soulage. Brièvement.

Cela a commencé avec mon agenda scolaire

Je devais avoir 16-17 ans, j’étais au gymnase, et je me suis mise à noter les choses que j’avais à faire dans la journée. Ce besoin s’est ensuite accéléré. Mon rythme est devenu plus pressant, plus urgent, ma manière d’écrire plus exubérante. J’inscrivais tout ce qui me passait par la tête durant les cours pour ne rien oublier. Toujours dans l’urgence. Très vite, je n’ai plus eu assez de place dans les lignes de l’agenda qui correspondent au jour, alors j’ai pris l’habitude de remplir les coins, de réécrire par-dessus avec un stylo à l’encre plus sombre, de faire des vrilles, des boucles…

Je biffe, je stabilobosse les choses importantes, puis je fais un cercle autour, je mets des points d’exclamation dans des triangles tout autour d’un mot, d’une idée. Je fais des couches parce que je dois absolument éviter d’écrire dans un autre jour. C’est indispensable. C’est plus fort que moi. Je dois rester dans la page coûte que coûte. J’occupe tout l’espace. Si vraiment je dois déborder, alors je colle des post-it, je mets des flèches. Si je n’ai pas pu faire une activité, j’indique avec des flèches particulières la procédure que je vais suivre pour l’accomplir quand même. Le pire, c’est que je n’arrive pas, la plupart du temps, ni à suivre ces flèches ni même à me relire.

Je me retrouve dans un cercle vicieux, mais… comment dire?

Ça me convient plutôt bien. J’ai l’impression d’être créative. J’aime quand c’est coloré. Les trucs linéaires m’ennuient. Mes notes de cours, c’est pareil, j’écris dans tous les sens, je fais des bulles, sans aucune structure. Personne ne peut les lire. On pourrait croire que je suis «bordélique»,mais ce n’est pas le cas. Tout est très bien organisé dans ma vie. Et ces débordements d’agenda, j’en ai besoin, comme d’une sorte de fantaisie, la mienne! C’est ma manière à moi de fonctionner. Ça me va super bien de regarder le chaos des pages de mon agenda.

Depuis que je possède un iPhone, je délaisse un tout petit peu mon agenda. Les différentes fonctions du calendrier électronique m’ont tout de suite scotchée. Magnifique. Et si je reste toujours aussi accro à mon agenda, le iPhone me permet de varier les plaisirs avec ses alarmes sonores. Je peux même décider de l’heure où je veux qu’elles sonnent. Et je peux les basculer sur le lendemain ou sur plus tard dans la journée. Cela me prend du temps, mais tant pis. Ça me fait le même effet qu’avec l’agenda, tout à coup je ressens une nécessité urgente et je dois m’exécuter.

Tous mes amis rient quand je me mets à speeder

Ils savent. Ils ont accepté. Je pense que cela doit être parfois embêtant pour eux. Mon copain me fait de temps en temps une remarque, mais bon, tous savent que je ne fais pas exprès. Ils sont compréhensifs. Mes parents disent clairement qu’il s’agit d’un toc, mais ils n’y ont jamais porté trop d’attention. Je suis accro mais je m’améliore, et si mon stress va mieux, j’en ai moins besoin.

Je vois bien qu’au final cela ne m’apporte pas une réelle satisfaction d’écrire dans mon agenda ou de programmer des alertes sonores. En plus, je ne relis jamais mon agenda, mes alertes non plus, je ne les consulte pas. Ça n’a rien à voir avec la mémoire. J’ai une mémoire excellente.

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