témoignages
J’ai vécu dix ans sous le joug de mon mari
Quand je me suis mariée, je l’aimais et il était fier de moi
C’était il y a une quinzaine d’années. Très vite les choses ont changé. Il n’a plus voulu rencontrer ma famille parce qu’il n’aimait pas la façon d’être de mes parents et de mon frère et ma sœur. Et donc nous ne les avons pas vus pendant près de trois ans, jusqu’à ce que je sois enceinte de mon fils. Je n’ai pas réagi, j’ai accepté. Par amour. Au début, je ne me rendais pas compte de l’agressivité de mon mari. Elle n’était de toute façon pas aussi présente qu’elle l’est devenue au fil du temps.
C’est après la naissance de mon fils qu’il a commencé à se montrer violent verbalement. Il répétait que ma famille en avait après son argent. Il se montait la tête pour des trucs insignifiants, ne cessait de me traiter de «conne», de «feignasse», de «menteuse». Plus tard, nous avons eu une petite fille. Je devais cacher ses bêtises et celles de son frère pour ne pas déclencher les crises qu’il m’accusait ensuite d’avoir provoquées…
Mon mari ne supportait rien, tout devait être fait comme il l’entendait
Il m’isolait toujours davantage. Il valait mieux que je fasse le ménage et que je garde les enfants plutôt que je fréquente des gens. Qui de surcroît lui déplaisaient. Il me méprisait, me rabaissait, me traitait de mère indigne: je n’étais pas capable d’élever les enfants, je les éduquais mal.
Il partait quant à lui du principe qu’il ne pouvait pas s’en occuper puisqu’il travaillait et qu’il était fatigué. Il trouvait la maison sale. Un détail et il explosait: la table pas débarrassée, une assiette pas lavée dans l’évier… Il ne fallait pas non plus que je m’habille trop sexy, près du corps. J’ai mis de vieux habits pendant des années. Je ne me maquillais pas. J’étais sa «chose», qui devait être conforme à ce qu’il attendait.
Il y a cinq ans, je suis partie dans un foyer
Il m’a suppliée de revenir, me jurant qu’il allait changer. Je suis donc rentrée. Pourquoi? Pour les enfants, par faiblesse, parce que c’était plus simple financièrement et surtout parce que je n’étais pas préparée à vivre seule. Mais la violence n’a pas tardé à se manifester à nouveau. Avec cette fois-ci des injures moins directes, plus insidieuses, plus élaborées. Le problème c’est que je ne pouvais pas m’échapper, avant tout parce que je ne travaillais pas.
J’ai tenté de rencontrer des gens. Il y a trois ans, j’ai eu une très bonne amie. Il a voulu m’empêcher de la voir: «Si je te laisse la voiture, c’est pour aller voir le médecin, faire des courses, pas pour t’amuser», me disait-il. Nous avions une vie sociale restreinte, ne sortions pas, n’allions jamais au restaurant. Je voyais quelques amis en cachette, ma famille très rarement, et jamais sans lui. En revanche, nous partions assez régulièrement en vacances. Des périodes de trêve, sans la pression du quotidien. Nous avons fait quelques beaux voyages.
En dehors de ces instants privilégiés, ma vie est devenue un enfer constant
Je ne savais jamais quand ça allait exploser. Je partais faire des courses, tout allait bien, je revenais et sa colère éclatait. Il ne m’a jamais battue. J’ai pourtant eu peur à certains moments parce qu’il passait des heures à hurler. Je restais soumise. Il pouvait tout me dire, j’attendais que ça passe. Si par hasard j’osais la moindre remarque, il criait encore plus fort et je redoutais que cela finisse par dégénérer en violence physique ou qu’il s’attaque aux enfants. Rien ni personne ne parvenait à le calmer. Ou alors il boudait, ne m’adressait pas la parole. Je devais toujours faire le premier pas. Et je le faisais. Le plus terrible, c’est que je pensais mériter le traitement qu’il m’infligeait.
Je me persuadais qu’il avait le droit de se comporter de la sorte et que cela venait de moi, parce que j’étais devenue intolérante. D’autant qu’il ne cessait de me le répéter, me reprochant en outre d’être manipulée par ma famille ou mes amies, de ne plus avoir ma liberté de penser. Comme je me refusais à lui, il m’a accusée de le tromper. J’ai fini par céder pour avoir la paix. Je ne le réalisais pas à l’époque, mais il était évident que ce qui l’intéressait était son pouvoir sur moi et les enfants. J’étais très inquiète à leur sujet car son comportement avait tendance à déteindre sur eux, notamment sur notre fils qui me manquait de respect.
J’ai compris qu’il avait trop d’emprise sur moi et j’ai ressenti le besoin de me faire aider
Il y a un peu plus d’un an, j’ai demandé conseil à une psy qui m’a confirmé que c’était bien de la violence conjugale. Elle m’a accompagnée dans ma décision de quitter mon mari. A nouveau, il m’a suppliée jour et nuit, m’affirmant qu’il ne pouvait pas vivre sans moi, que j’étais parfaite. Il prétendait reconnaître ses erreurs et affirmait qu’il allait changer. Mais moi je savais qu’il ne changerait jamais.
Il avait tout gâché. Le jour où j’ai décidé de m’en aller, j’ai éprouvé un immense soulagement. C’était ma décision. Et je savais que je ne reviendrais pas en arrière. Du coup, j’ai recommencé à dormir, me suis sentie plus forte, et puis nous sommes partis, tous les trois.
Aujourd’hui, j’ai retrouvé la spontanéité que mon mari avait étouffée
J’ai une plus grande confiance en moi. Et j’ai ma voiture! Mes enfants et moi pouvons voir ma famille et nos amis quand nous le souhaitons sans essuyer de reproches ou devoir nous justifier. Je peux aussi, ce qu’il m’interdisait, décorer mon appartement. Surtout, je désire que mes enfants trouvent un équilibre, qu’ils aient une vie heureuse et tout ce dont ils ont besoin.
Je pense reprendre un travail à temps partiel et gagner une certaine indépendance financière. Pour l’instant, mon ex verse une pension qui nous permet de vivre assez correctement. Conformément au droit de visite, les enfants vont chez lui. Bien qu’ils me manquent quand ils ne sont pas là, cela me donne du temps pour penser enfin un peu à moi et m’adonner à ma passion pour la randonnée. L’avenir, je l’envisage avec quelqu’un auprès de qui je me sente bien pour créer une relation basée sur la confiance, le respect mutuel. Et qui partagerait mon engouement pour ces marches en montagne qui contribuent tant à me ressourcer. Le futur ne peut être que meilleur…
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