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Tout a commencé il y a un peu plus de quatre  ans, sur une plage de Thaïlande où j’étais allée rejoindre ma sœur, la grande voyageuse de la famille. Rien de bien original au départ: un grand gaillard qui engage la conversation sous le soleil, un Américain frimeur qui essaie de me faire rire. Moi, ce sont surtout ses yeux que je remarque lorsqu’il se décide à enlever ses lunettes de soleil. C’est Mark.

Et Mark a tout dans les yeux

En trois jours, je suis tombée amoureuse. Une rencontre aussi brève qu’intense, avant que chacun reparte de son côté, lui aux Etats-Unis, moi en Suisse. Une fois rentrés, nous avons continué à communiquer via mail et Skype. Je restais éveillée tard dans la nuit pour partager des moments avec lui. Au bout d’une semaine, il m’a dit: «Ecoute, rien ne m’attend ici en ce moment, je viens te voir.»

Et me voilà quelques jours plus tard en train d’aller chercher à l’aéroport ce presque inconnu d’Américain… Je ne m’étais même pas inquiétée de savoir combien de temps il comptait rester. Deux mois, ai-je appris non sans surprise à son arrivée. Deux mois? Chez moi? Un épisode au cours duquel on a beaucoup rigolé. Beaucoup fait la fête, aussi.

A partir de là, notre histoire était lancée

Après ce séjour de Mark en Suisse, je suis partie à mon tour découvrir l’Amérique, sa famille et ses amis. Le road trip a duré deux autres mois. Il s’est achevé à l’aéroport de Chicago, sur des au revoir déchirants. Je repartais sans savoir vraiment ce qui allait se passer. On s’était dit: «On verra», je sentais Mark distant et, après mon retour, je n’ai pas eu de nouvelles pendant plusieurs jours. Jusqu’à ce mail, soudain: «Céline, j’ai pris du temps pour moi et j’ai bien réfléchi: j’ai envie de commencer une vie à deux. Est-ce que tu es d’accord?»...

Je venais de terminer mes études universitaires, cette demande arrivait pile au moment de choisir entre construire ma vie d’adulte ici en Suisse ou mettre les voiles. Je réalise aujourd’hui que, si j’ai décidé de partir, c’est que j’espérais fuir le cycle métro-boulot-dodo avec les copains, entre autres. Je voyais en Mark un signe que la vie m’envoyait. A mon entourage, je donnais l’impression d’être sûre de moi, décidée, alors qu’au fond j’avais peur. Mais je me suis lancée, parce qu’au pire… Au pire quoi? C’était ma vie, j’avais le choix. Mon projet était fixé: rassembler un maximum d’argent et partir le plus vite possible le rejoindre.

J’ai tout vendu. Tout

Mon appartement ressemblait à une brocante géante. Je n’ai gardé que mes photos, un sac de vieux vinyles et quelques objets que j’ai mis en dépôt chez des amis. Moins de six mois après avoir rencontré mon Américain, j’étais prête pour le grand saut. Je l’ai retrouvé en Caroline du Sud, nous sommes partis nous marier à Las Vegas, «pour les papiers», puis il m’a emmenée là où il se sentait le mieux au monde: l’île de Kauai, à Hawaï.

Pour mettre les voiles, j’avais mis les voiles! J’y suis restée trois ans. Une première année idyllique, une deuxième très dure pour notre couple. Je crois que le problème est qu’aucun de nous deux n’avait réellement joué cartes sur table, exprimé ses peurs et ses démons, et que ces faux-semblants ont fini par avoir raison de nous.

La séparation a été comme un séisme dans ma vie

Je me retrouvais à des milliers de kilomètres des miens, sans plus aucune raison de rester sur place. Pourtant je ne pouvais pas me résoudre à rentrer. J’aurais vécu ça comme un échec. J’étais dans un état pitoyable, je voulais me retaper avant d’affronter le regard de ma famille. J’ai encore passé un an à Kauai, seule. Pour oublier la douleur, je me suis jetée corps et âme dans le travail. Je cumulais deux jobs, dormais parfois dans ma voiture, sur un parking, avant d’atterrir sur le canapé d’une amie. Je ne mangeais presque plus.

Ma santé a fini par lâcher. J’étais en détresse

J’ai compris qu’il était temps pour moi de rentrer. A l’atterrissage, j’ai été aussitôt enveloppée par l’amour de mes proches. Je suis retournée vivre chez ma maman. J’ai repris des forces. Et je me suis inscrite à l’université en vue de faire la HEP. Je m’y suis beaucoup investie: j’avais des choses à me prouver et ça a bien marché. C’était l’automne 2013, j’avais 34 ans, j’étais célibataire.

Après un trimestre à l’Uni, j’ai décidé de rejoindre à nouveau ma sœur en Thaïlande. Non sans passer d’abord par l’Indonésie. C’est là, sur une plage de Bali, que j’ai vu soudain ce garçon. Il se contorsionnait au coucher de soleil pour essayer de se prendre en photo. Morte de rire, je lui ai proposé mon aide... C’était Dwayne, l’homme sur qui allait s’ouvrir le nouveau chapitre de ma vie.

Tout de suite, le courant est passé

Je n’étais pas en mode sentimental, je me sentais juste bien en sa compagnie. De son côté, il m’a dit plus tard avoir eu des messages très clairs de sa «liane» à mon sujet. Dwayne est aborigène, la liane est un esprit bienveillant qui vous guide vers les personnes à qui vous pouvez faire confiance... Nous avons poursuivi le voyage ensemble.

De loin, on pourrait croire que je rembobinais le film et tentais de re-tourner la même scène. Mais je sais que ma rencontre avec Dwayne est différente. Les deux histoires ne se ressemblent que par le contexte. Pas sur le fond.

J’ai décidé de partir vivre en Australie avec Dwayne

Un choix qui semble fou à bien des gens mais qui, pour nous, est évident. Je suis allée passer trois mois dans la réserve aborigène de Lombadina, où j’ai découvert sa communauté. Il y tient un rôle important: il pêche pour nourrir sa tribu, répare les moteurs des vieilles voitures et a créé une école de brousse. J’ai moi aussi eu envie de lui montrer ma terre d’origine: nous venons donc de passer trois semaines en Suisse.

Je repars bientôt en Australie, laissant une fois encore tout derrière moi. Mais je suis sûre de moi, cette fois. J’ai compris que mes racines sont en Suisse, que j’ai besoin d’y revenir régulièrement. On ne sait pas encore comment on va s’organiser, mais tout est possible avec Dwayne. Je serai cette petite Européenne qui ne se sépare jamais de son couteau suisse pour apprêter les poissons pêchés par Uncle Trevor au fin fond de l’Ouest australien, et lui sera l’aborigène qui se repère grâce aux étoiles pour se diriger dans les rues de Lausanne.


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