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«J’ai rêvé, j’ai vécu, j’ai agi!»

Temoignage Juliette Ruf voyage vecu 1

«Vivons dans la gratitude de ce que nous offre l’instant présent! Surtout, ayons foi en la vie, car même au milieu des pires galères, on trouve toujours une solution. J’étais partie chercher le bonheur. Bonne nouvelle: je l’ai trouvé!»

Quarante-six semaines. Plus de dix mois. C’est le temps qui s’est écoulé depuis que je me suis envolée de Suisse vers ce voyage dont je rêvais . Ma matu en poche, à vingt ans, j’avais envie de ne pas plonger tout de suite dans le schéma étude, famille, boulot. Je suis quelqu’un de très ouvert, curieux des autres et je crois bien que j’ai le voyage dans le sang. Mes parents se sont rencontrés lors d’un trip au Mexique. A 10 ans, je partais en Chine avec eux, à 16, j’ai fait un échange d’un mois aux USA, à 17 un camp scout au Japon et à 18 ans, je donnais des cours d’anglais à des enfants à Bali. Cette année sabbatique, ce voyage avant d’entamer ma vie d’adulte, était donc une évidence. Restait à financer ce projet.

Un prix providentiel

J’avais une quinzaine d’années quand j’ai vu une affiche placardée dans un couloir de mon école. Elle parlait du Prix des Voyages extraordinaires, une idée mise sur pied par la banque Lombard Odier. Celle-ci finance chaque année un projet, en hommage à Jules Verne qui la citait comme souscripteur à son expédition dans le roman De la Terre à la Lune. Le prix est réservé à des jeunes en dernière année postobligatoire et désireux de partir à la découverte du monde, pour autant que leur projet ait un sens. J’y ai réfléchi… et beaucoup travaillé pour élaborer quelque chose qui tienne la route.

Dès le départ, j’avais envie de partir à la recherche du bonheur. Pour cela, je me suis inspirée du livre, et du film, d’Elizabeth Gilbert Mange, Prie, Aime. Comme elle, j’ai choisi trois pays. Comme elle, j’attendais de chacun une expérience unique. Mon Mange, Prie, Aime à moi s’est transformé en Dream, Live, Act.

«Je suis une globe-trotteuse en fauteuil roulant»

Pour le côté Rêve!, j’ai choisi l’Inde et Auroville, une communauté utopique installée dans le sud du pays où les habitants ont décidé de s’affranchir de toute notion de propriété privée. Pour Vis!, je me suis souvenue de mes lectures, d’Into the Wild à 1000 days of Spring (dans lequel un routard sans le sou raconte ses pérégrinations), et j’ai voulu une expérience de voyage sac à dos, auto-stop, couchsurfing et sans programme. Comme décor à ce voyage, la Nouvelle-Zélande, propice à ce genre de découverte et relativement sûre pour une fille seule. Enfin, pour la partie Agis!, je me lancerais dans la jungle du Costa Rica pour des missions de bénévolat.


© DR

Déroutée, bousculée

En janvier 2017, mon dossier ficelé, j’ai envoyé ma candidature. Deux mois plus tard, un coup de fil m’annonçait que je faisais partie des cinq lauréats et en mai, lors d’une cérémonie, j’ai découvert que j’avais le deuxième prix, d’une valeur de 5500 fr., pour financer mon aventure. J’étais fière que tout ce travail ait porté ses fruits et tellement soulagée qu’il puisse se matérialiser grâce à ce soutien.

L’été qui a suivi, j’ai travaillé dans un magasin de chaussures pour mettre encore de l’argent de côté et le 6 octobre suivant, j’ai décollé pour l’Inde. Mes parents, surtout mon papa, n’étaient pas très rassurés que leur fille de 20 ans y parte seule. Moi, je voulais me confronter tout de suite à ce qui me paraissait le plus éloigné de ma zone de confort. Dès mon arrivée, je n’ai pas été déçue. Les trois heures de route en taxi pour relier l’aéroport de Chennai à Auroville ont été des plus… exotiques, entre animaux sur la voie, vitesse, coups de frein, sorties de route pour éviter les véhicules en sens inverse. Toutefois, l’Inde a tenu ses promesses.


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La vie dans la communauté n’est pas une utopie béate et ses 2000 habitants sont confrontés à des milliers de touristes chaque année. Il est donc dur de créer des liens. J’y suis parvenue grâce à un ancien membre genevois et j’ai pu me rendre compte de la difficulté de ce choix de vie radical. Après deux semaines à Auroville, j’ai parcouru seule le pays pendant quelques jours.

J’ai été déroutée par cette façon qu’ont les gens de considérer leur être, le corps, l’esprit comme un tout. J’ai été bousculée par cette vie si éloignée de ce que j’avais connu. J’ai réalisé la liberté dont je profitais dans mon pays comparé à nombre de jeunes filles là-bas.

Après des étapes au Népal, au Cambodge, au Laos, j’ai rejoint la Nouvelle-Zélande. J’y ai fait de très belles rencontres. Lors de treks longs de plusieurs jours, je me suis retrouvée seule face à moi-même. J’ai voyagé cinq semaines avec une Française rencontrée sur place, découvrant l’amitié et la liberté absolue de ne pas savoir de quoi demain sera fait.


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Laisser filer les choses

Au Costa Rica, j’ai apprécié la chaleur enveloppante et la splendeur naturelle, sauvage, intense. Après un stop à San José, mes pas m’ont mené vers la péninsule d’Osa où je me suis impliquée dans trois missions autour de la nature et de la culture.

De ce pays, dont je rêvais depuis longtemps, je retiens l’expression pura vida que les Costaricains emploient souvent et qui peut se traduire par «profite de ce que t’offre la vie».

Après quelques semaines aux USA, je termine mon aventure au Canada, où je suis actuellement. Début septembre, un avion doit décoller de Montréal pour me ramener en Suisse. Je me réjouis de rentrer, de retrouver mes proches, d’avoir mon propre lit. J’ai appris, comme les stoïciens que j’ai beaucoup lus, à laisser filer les choses sur lesquelles je n’ai pas de prise pour me concentrer sur celles que je suis en mesure de changer. J’ai réalisé aussi qu’on surestime souvent l’importance de certaines choses, qu’on imagine que l’argent ou l’amour vont changer notre vie. Mais notre être profond reste le même en fin de compte. Vivons dans la gratitude de ce que nous offre l’instant présent! Surtout, ayons foi en la vie, car même au milieu des pires galères, on trouve toujours une solution. J’étais partie chercher le bonheur. Bonne nouvelle: je l’ai trouvé.


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