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La famille de Louise s’est enfin retrouvée

Il y a un an, le 5 juin 2011, jour de mon anniversaire, j’ai pu, pour la première fois depuis notre séparation quatre ans plus tôt, réunir chez moi mon ex-mari, sa nouvelle amie et le compagnon qui partage ma vie et avec qui j’habite depuis des années. Pour mes 35 ans, j’ai vu l’aboutissement d’un divorce réussi. J’ai surtout savouré le plaisir de voir réunis et heureux, les personnes les plus importantes de ma vie.

Une famille recomposée dans l’harmonie. Cette réussite, c’est par et pour Louise qu’elle a pu être obtenue. Louise est notre fille, c’est ainsi que nous l’appelons depuis toujours. Stéphane, mon ex-mari, est son papa. Je suis sa maman. A l’origine, il y a d’abord une grande histoire d’amour entre Stéphane et moi, dans laquelle Louise a pris place.

J’ai connu Stéphane à l’âge de 10 ans, en classe de 5e primaire

C’était en1986. Un vrai coup de foudre! J’ai tout de suite dit à ma mère que je l’épouserais. On est sorti ensemble à 15 ans, on a emménagé à 21 ans. A ce moment-là, nous avons adopté Arthur, un chien déjà grand, mais qui est vite tombé gravement malade. On le savait condamné.

Six mois avant son décès, nous sommes allés au Locle voir une nichée de terre-neuve, la race d’Arthur, et ma passion depuis petite –passion contrariée, puisque à 5 ans mes parents ont préféré m’offrir un… lapin. Nous avons craqué pour bébé Louise. Elle est entrée dans notre vie en septembre 2005, un an après notre mariage, et trois mois avant la mort d’Arthur.

J’avais 29 ans

Cet hiver-là, déjà, elle m’a aidée à surmonter mon chagrin, m’adonné la force d’avancer. Car j’étais effondrée. Notre couple n’a pas résisté à la mort d’Arthur. De la même manière que certains ne surmontent pas la perte d’un enfant.

Un an et demi après, en juin 2007, j’ai quitté Stéphane. L’homme que j’aimais depuis plus de vingt ans. Avec la séparation, il a fallu tout partager. Nous avions acheté un appartement avec jardin sur La Côte? Nous l’avons vendu. Le vaisselier? La télévision? Pour régler le sort de chaque objet, nous avons créé des tableaux Excel, sur ordinateur.

Louise fut la seule «chose» dont on n’a jamais discuté

Il allait de soi qu’elle serait notre priorité. Une évidence. Notre équilibre passait par le sien, et le sien par le nôtre. De l’instant de notre séparation jusqu’à aujourd’hui, nous avons assuré une garde partagée sans exception.

On a toujours tenu bon et je n’ai jamais loupé un week-end. D’emblée, on a conservé à peu de chose près le système mis en place pendant notre vie commune: Stéphane, qui est son propre chef en indépendant dans un vaste atelier, gardait Louise la journée; moi, bossant à 100% dans une multinationale, j’assurais le matin, le soir et le week-end. Depuis cinq ans, j’ai donc la garde de Louise du vendredi après-midi (je suis passée à 90%) au dimanche soir. Je bosse dur la semaine pour que le vendredi vers 13 heures, je puisse foncer chercher fifille chez son papa.

Stéphane et moi avons chacun repris un domicile dans la même région, La Côte, et sommes à 15 minutes de route l’un de l’autre. Nos lieux de travail sont loin; pour nous faciliter la vie, nous ne devrions pas habiter là. Mais c’est Louise qui a toujours primé dans nos vies. Si l’un de nous décidait de trop s’éloigner, notre système équilibré «foutrait le camp». Et notre bien-être émotionnel avec!

La garde partagée n’a donc jamais été discutée

Elle s’est imposée naturellement: papa garde Louise la semaine, maman se charge des week-ends et des vacances. Alors bien sûr, du lundi au vendredi, ma fille me manque. Au bureau, j’ai mis sa photo partout: sur la boîte à trombones, le calendrier, le tapis de souris… Elle est même présente en figurine plastique! Du meilleur effet dans un open space de multinationale ultraconventionnelle.

Lorsque j’angoisse, je téléphone à Stéphane et je lui dis «passes-la moi». Je parle à Louise qui ne dit mot – ainsi sont les terre neuve. Si je la quitte souffrante ou fiévreuse, je prends des nouvelles.

Au début, on se lançait plusieurs coups de fil par semaine

Aujourd’hui, seulement s’il y a quelque chose d’important. J’ai ressenti une culpabilité monstrueuse pendant presque quatre ans. Je me sentais coupable d’avoir cassé la famille de Louise, qui n’avait pas 2 ans, le schéma idéal pour un chien: un papa, une maman, un grand jardin.

Combien de trajets sur l’autoroute, entre ses deux nouveaux foyers, n’ai-je pas faits en larmes? A cette souffrance s’ajoutait celle de voir, chaque semaine, mon ex qui souffrait que je l’aie quitté. Chaque semaine, nous ranimions la douleur, mais en même temps, ce lien obligé a maintenu notre relation d’amour et d’estime. Merci Louise!

Nous devons une fière chandelle à nos nouveaux conjoints

Que de concessions ils continuent de faire. Stéphane et moi avons compris très vite que ça allait nous demander beaucoup de contraintes, de sacrifices. On ne fait pas tout ce qu’on veut quand on aime un chien de 60 kg… En semaine, mon ex sort rarement le soir. Moi, je ne la laisse jamais plus de 2 heures seule le week-end.

Ce qui veut dire: pas de ski, pas de piscine, pas de tour à vélo, pas de cinéma (Louise a vite très chaud, ce n’est pas un teckel qu’on peut emmener partout). Mon «conjoint» et moi ne partons donc en amoureux que 2 ou 3 week-ends par an. Car je meurs si je ne vois pas ma fille pendant deux semaines!

Et j’ai pour principe de ne pas en demander plus à mon ex

Mon «conjoint» a compris, dès notre rencontre, que ce chien est terriblement important pour moi. Il a accepté de vendre sa petite Peugeot adorée pour acheter un break!

C’est lui qui a bricolé, isolé, repeint la chambre de Louise (protections contre l’humidité de notre chien, qui a son brevet de sauvetage en lac). Bref, il a compris que me couper de mon chien ne m’apporterait rien de bon. Nous étions un package, Louise et moi, à prendre ou à laisser…

Aujourd’hui, nous sommes tous récompensés de nos efforts. Depuis un an, je ne ressens plus aucune culpabilité. La décision de la séparation était juste. Mon chéri n’a plus à se cacher quand nous amenons Louise à son père. Et mon ex-mari peut désormais entrer chez nous, boire un verre, quand il me l’amène. C’est le miracle de l’amour.

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