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Chaque fois que je ramène ma petite chez sa mère, j’ai la peur au ventre. J’ai la trouille qu’elle ait bu. Je redoute les mots, les mensonges et les comportements déplacés qu’elle peut avoir envers moi, sous les yeux de ma puce.

Dix ans d’angoisse…

J’ai appris à vivre avec. L’été dernier, mon ex-femme a été hospitalisée cinq semaines pour dépression et consommation d’alcool abusive. Elle est aujourd’hui sous traitement Antabuse, assorti d’antidépresseurs. Autrement dit, si elle boit de l’alcool, elle vomit. Ces dernières années, elle a subi au moins quatre autres hospitalisations en lien avec l’alcool.

Pourtant, le juge ne m’a pas accordé d’extension de mon droit de visite. Il considère que la mère ne souffre d’aucun trouble l’empêchant de s’occuper de ses enfants. Je suis écoeuré. Comment peut-on préférer laisser un enfant à une personne alcoolique et dépressive qui a besoin d’un suivi médical à domicile, plutôt qu’à son père? En plus, je ne demandais pas la garde complète.

Ma fille aime sa mère et c’est bien normal

Je voulais deux jours de plus par mois, en semaine, pour le suivi scolaire. La naissance de mon bébé, il y a dix ans, a été le plus beau jour de ma vie. Six mois plus tard, ma femme m’annonçait qu’elle voyait quelqu’un d’autre depuis quatre mois. Pas facile à encaisser en tant qu’homme. Je ne sais pas si elle m’a vraiment aimé.

Sur le moment, j’ai pensé à la petite qui dormait dans la pièce à côté. Je suis allé voir mon bébé et j’ai pleuré. Je suis un enfant du divorce, je connais les problèmes que cela entraîne. Les jours qui ont suivi, j’ai imaginé rester avec ma femme, pour l’enfant. Mais c’était au-dessus de mes forces.

Je suis retourné vivre chez mes parents

Je prenais ma fille chaque fois que je le pouvais. La période «couches», j’ai bien connu. J’ai aussi passé des heures à l’accompagner dans ses premiers pas. Malgré la séparation, j’ai quand même le sentiment d’avoir appris à ma fille à marcher, plus tard à aller à vélo et à nager. Nous partons ensemble chaque année à lamer. Je vois son tuba qui dépasse de l’eau des après-midi entières…

C’est ma puce

On a divorcé très rapidement et la décision concernant mon droit de visite est tombée. J’ai eu droit à six jours par mois et trois semaines de vacances par an. Même après dix ans, le terme de droit de visite est toujours incompréhensible pour moi. Rendre visite à son enfant, c’est ça le rôle d’un papa? Il y a toujours cette mentalité qui veut que le père travaille et la mère ait la garde des enfants en cas de divorce. C’est dépassé!

Mon ex-femme avait tous les droits et me le montrait. Si j’arrivais 15 minutes trop tôt pour chercher la petite, elle me faisait patienter sur le palier. L’année du divorce, elle a eu une petite fille avec son amant. Malheureusement, celui-ci est retourné chez sa femme durant la grossesse. Elle a ensuite été deux ans en arrêt maladie, avant que son employeur ne la licencie.

Depuis, les séjours à l’hôpital se sont succédé

On ne m’informait jamais des causes. Ses parents m’appelaient seulement pour que je vienne chercher notre fille. Une chance quelque part. Grâce à ça, je la voyais davantage. Rapidement, les rumeurs de dépendance à l’alcool ont commencé. Mais je n’avais aucun moyen de le prouver. Ma puce ne m’a raconté que l’an dernier qu’elle devait parfois rentrer par la fenêtre à midi, parce que sa mère dormait et n’entendait pas la sonnette. Elle m’a aussi dit que sa maman tombait et restait sans bouger. Après un mot de son institutrice signalant du retard, je l’ai inscrite aux devoirs surveillés…

Pour tout, c’est la prise de tête avec sa mère. Les habits trop petits, les coups de fil pas plus d’une fois par semaine, les problèmes d’hygiène. Tout est compliqué, pourtant elle ne veut pas de mon aide. A croire qu’elle a peur que notre petite se sente mieux chez moi. Un jour que celle-ci voulait me montrer sa chambre, elle s’y est opposée. «Papa reste dehors. Tu connais la règle», a-t-elle lancé. N’est-ce pas minable? Et puis, il y a eu son accident de voiture, l’an dernier, alors que son deuxième enfant était à l’arrière. J’ai eu la peur de ma vie.

Elle avait fait un malaise par manque d’alcool

Mais ça, je ne l’ai appris que trois mois plus tard, lors de l’ouverture de son rapport médical. Jusque-là, la question de l’alcool était taboue. Un soir pourtant, je l’ai trouvée complètement saoule au moment de ramener notre fille. J’aurais dû appeler la police. J’ai préféré téléphoner à ses parents pour ne pas inquiéter la petite. «Tout va bien» m’ont-ils assuré ensuite au téléphone. Deux jours plus tard, elle était hospitalisée dans une clinique psychiatrique dans le secteur des addictions. Son séjour a duré cinq semaines. J’ignorais l’endroit et les causes des soins, comme à chaque fois.

Ma puce est venue vivre chez moi. Même dans ces circonstances, j’ai dû passer par le juge pour pouvoir la garder. Suite à cette énième hospitalisation, j’ai demandé l’extension de mon droit de visite. Cela m’a été refusé, même si dans le dossier figure la preuve médicale de son alcoolisme. J’ai fait appel, ma requête a été rejetée. C’est comme un grand vide, un sentiment d’injustice énorme.

J’essaie de voir le côté positif

J’ai au moins obtenu deux semaines de vacances en plus avec ma fille. C’est d’ailleurs sous cet angle que je lui ai annoncé la décision. Elle a dû témoigner. J’étais pour, lui ai expliqué que ce qu’elle dirait au juge resterait un secret que ni son papa ni sa maman ne pourraient connaître. Je suis épaté de la manière dont notre fille passe d’une vie à l’autre. Elle est toujours de bonne humeur. Elle me montre ses cahiers d’école, il y a plein de dessins d’elle et de moi.

J’essaie de concentrer un maximum de joie de vivre dans un minimum de temps. Ce que j’ai raté, je ne le sais pas. Je le découvrirai sans doute si j’ai d’autres enfants, car je me remarie bientôt. Légalement, mon avocat me conseille d’en rester là. Je suis vraiment vu comme une roue de secours. Pour que la situation change, il faudrait malheureusement qu’il arrive un incident grave. Depuis l’été dernier, j’ai offert un natel à ma fille pour qu’elle m’appelle en cas d’urgence…

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