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Je dois vraiment être amoureuse… Cet été, grande première, j’ai décidé d’abandonner mon confort, mon lit et ma salle de bains pour partir en camping avec mon nouvel amoureux. Mais je me demande si ce mode de vacances, où règne la promiscuité, est bien adapté à notre couple tout neuf, emporté par notre bruyante passion. [Juliette, 38 ans]

Ce qu’en pense Jennifer…

Chère Juliette, il faut se rendre à l’évidence. Karl Lagerfeld n’a encore jamais organisé son défilé Croisière au camping des Flots Bleus. Ce qui, immédiatement, vous donne l’indice glamour de ce type de lieu. Difficile d’envisager que la rangée 7 (celle entre le terrain de pétanque et la salle de Zumba), où vous avez planté votre tente pop-up, se mue en «place to be». Et encore moins plausible, en alcôve de l’amour. Votre bon-ami était jusqu’à présent le songe de vos nuits, le fantasme de vos jours? Lorsque vous l’aurez croisé en short et tongs de retour des sanitaires, le rouleau de papier machin dans une main et «Voici» dans l’autre, vous ressentirez comme une certaine lassitude. Lorsque vous aurez essuyé votre première averse nocturne et que tous vos jolis dessous sentiront la vieille patte mouillée, l’orage grondera, mais à l’intérieur de vous. Et lorsque, encore, vous aurez transpiré sous 30 degrés sur votre matelas pneumatique, à l’heure d’une sieste que vous auriez souhaitée crapuleuse, et qu’en plein acte le chien de la caravane d’à côté viendra hurler à la mort en cadence avec vos halètements juste devant votre tente, vous aurez compris que le camping a plus à voir avec l’enfer qu’avec le paradis.


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Ce qu’en pense Nicolas…

Vous l’avez bien remarqué, Juliette. Le camping, c’est diablement excitant lorsqu’on est ado: les flirts à la fin de la soirée karaoké, ces baisers maladroits mais tellement brûlants pendant, qu’au loin, l’oncle Jean-Michel finit de massacrer George Michael au micro. Sauf qu’une fois l’adultitude arrivée, c’est curieux, mais les rangées de tentes quatre places et autres caravanes sur parpaings font beaucoup moins partie de l’imaginaire amoureux. Peut-être parce qu’à partir de la trentaine, si l’on rêve toujours de carambolage buccal et de main sous le T-shirt, on les rêve quand même un peu plus cosy. Avec des matelas mieux rembourrés. Des cloisons moins millimétrées. Des voisins à l’ouïe moins affûtée. Au camping, le rapprochement intime a l’allure d’une projection de cinéma en plein air devant 500 personnes: chaque son semble amplifié. Pourtant, l’absence de confort peut rendre la chose émoustillante. Sentir l’odeur d’une soirée d’été sur la peau de l’autre… Et puis, au moins, le matelas gonflable, dont l’exiguïté invite aux contacts, n’émet pas des grincements de porte de manoir hanté comme le sommier à la maison.

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