Vanaëlle Mercanton aime les monstres

Un visage rayonnant, comme son appartement de Neuchâtel, l’atelier ouvert sur un salon avec vue sur les vignes: difficile d’imaginer qu’ici naissent les monstres de Vanaëlle Mercanton. Car cette fougueuse créatrice de 34 ans est à la tête d’une cohorte d’êtres bizarres qu’elle met en scène dans un esprit de fête foraine. Voilà six ans qu’elle a donné vie à la Foire aux monstres, peuplée de dizaines de créatures – fakir, femme Hercule, homme à trois jambes… – qui émerveillent et font frémir. Infatigable bosseuse, cette Neuchâteloise arbore un CV hors normes. Bijoutière diplômée, elle est devenue make-up artist (sa société l’Atelier Rouge Vernis Make-up travaille pour l’opéra, le théâtre, le cinéma, l’événementiel), et a poussé son cursus jusqu’aux effets spéciaux.

Elle n’a pas hésité à emmener mari et enfant vivre à Strasbourg où elle a appris à fabriquer perruques et prothèses, moulages et maquillages. En parallèle, elle a continué de créer en Suisse, multipliant allers et retours vers l’Alsace. Son moteur? Sa passion tenace pour le cirque, les années 30’ et les trucages. Les personnages de sa foire la bouleversent «parce qu’ils nous renvoient en pleine figure une réflexion sur la norme». Ses créations font accourir le public et séduisent musées et festivals (notamment le Neuchâtel International Fantastic Film Festival ) pour qui elle a souvent conçu des effets spéciaux.

Son complice

L’homme de sa vie s’appelle Benjamin Monnard. Il est son mari, le père de leur petite Mathilda et… spécialiste ès effets spéciaux lui aussi. «Il s’occupe de la technique pour me décharger: difficile de gérer les mails quand on a les mains dans le plâtre!»

Son dada

La moto, elle adore: «A 40 ans, je m’offre le permis, je suis pire qu’un mec!» Petite, elle roulait souvent avec son papa, qui lui a fait découvrir les USA. Sa maman, rousse flamboyante, était aussi adepte. «Elle avait une combi verte et des cheveux de feu.»

Sa bible

«The Circus», 1870-1950, pavé de 7,5 kg, 544 pages, qui retrace l’histoire du cirque et son influence sur la culture populaire. «J’ai couru l’acheter à sa sortie en 2008. C’est un outil de travail qui me fascine chaque fois que je le consulte.»

Son luxe

«Marcher en forêt. Sans téléphone, sans PC, sans personne! M’asseoir sur une pierre, inspirer, cela me fait un bien fou! Je vois tellement de monde que j’ai parfois besoin d’être seule.»

Ses créatures

La Foire aux monstres, née en 2008, s’inspire des fêtes foraines de jadis: performances avec effets spéciaux, personnages étranges… Spectacle les 31.01 et 1.02 à Bikini Test, La Chaux-de-Fonds, puis sous son chapiteau. www.rougevernismakeup.com

Son modèle

Jim Henson, créateur du «Muppet Show» et du film fantastique «Dark Cristal». «J’étais encore gosse quand je l’ai découvert. Ses œuvres m’ont émerveillée!» Vers 9 ans, rebelote avec «Thriller» de Michael Jackson: «J’ai été scotchée par les effets spéciaux.»