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Valérie Lemercier, déni de vieillesse

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Pourquoi on parle d’elle? L’actrice est à l’affiche de «100% cachemire», son quatrième film comme réalisatrice (dès le 12 décembre 2013 en salle).

© Marcus Mam/Contour by Getty Images

La première chose que l’on remarque chez elle, ce sont ses jambes. Fines, interminables. Perchée sur des talons aiguilles en velours vert, Valérie Lemercier les croise et les décroise à l’envi. Comme si, sur l’élégant fauteuil où elle est assise, l’actrice avait du mal à faire tenir en place son mètre septante-six. A bientôt 50 ans, elle ressemble toujours à la jeune femme de ses débuts. L’élégance en plus. Valérie Lemercier aime la mode, et cette dernière le lui rend bien. Dans son nouveau long-métrage en tant que réalisatrice, elle joue une – fausse – rédactrice en chef de Elle qui, en adoptant un garçon, apprend à ses dépens que, contrairement à la une d’un magazine, un enfant ne se choisit pas. Et comme à chaque fois dans les films signés Lemercier, tout le monde en prend pour son grade. Qui aime bien châtie bien.

FEMINA Les cinéastes comparent souvent leurs films à des bébés qu’ils ont du mal
à laisser partir. Est-ce aussi votre cas?

VALÉRIE LEMERCIER Oui. J’ai été très angoissée les deux semaines précédant la première projection publique de 100% cachemire, qui a eu lieu à Lausanne. Le jour même, j’ai pleuré toute la journée, c’était très bizarre. J’ai fait une minidépression post-partum, comme ma sœur qui vient d’avoir un bébé. Mais là, ça y est, mon film a été validé par le public, je suis rassurée. Je serais bien restée ici. Je m’y suis sentie comprise.

Etes-vous beaucoup dans le contrôle?
Je suis perfectionniste, maniaque. Mais j’ai la chance d’avoir des collaborateurs que cela ne dérange pas. Mes comédiens vous diront peut-être le contraire, car je suis très à cheval sur le texte. Je ne crois pas du tout à l’improvisation.

Vous n’avez pas d’enfants. En tant que femme, avez-vous le sentiment de devoir vous justifier de ne pas être mère?
Bien sûr. Tout le temps. Ce n’est pas normal de ne pas avoir d’enfants. Mais pour moi, ce n’était pas possible.

Physiquement?
Non. Simplement, je n’ai pas réussi à en avoir. Cela n’a rien à voir avec ce discours qui consiste à dire: «Je ne veux pas de ce monde pour mon enfant». Je ne pouvais pas, c’est tout. Je n’ai jamais pensé à adopter. Et ce n’est absolument pas un drame.

Avoir un enfant, c’est aussi laisser une trace. Cela ne vous angoisse pas de disparaître sans rien laisser derrière vous?
Non. Si je voulais laisser des traces, je filmerais mes spectacles et vendrais les DVD, par exemple. Ce que je n’ai jamais fait. Et puis j’aime bien, de temps en temps, qu’on ne sache pas où je suis. Or, quand vous avez un enfant, vous ne pouvez pas disparaître comme ça.

A défaut d’être mère, vous êtes belle-maman puisque votre compagnon a un fils d’une précédente union, enfant qui vit avec vous la moitié du temps...
Oui. A ma grande surprise, j’ai découvert que je savais m’occuper d’un enfant et que j’aimais ça. Le lien qui s’est créé entre lui et moi est formidable. L’idée de 100% cachemire est venue en partie de cette expérience et en partie de l’histoire vraie d’une Américaine qui avait voulu rendre l’enfant qu’elle avait adopté. Le scénario est un mélange de ce fait divers glauque et d’un vécu personnel très joyeux.

A l’image de votre héroïne, démunie face à son enfant, avez-vous eu parfois l’impression de ne pas savoir comment prendre votre beau-fils?
Non. Je suis très différente d’Aleksandra. Je n’ai pas mon permis de conduire, ni mon bac, j’ai peur des chiens et je sais faire la cuisine. Sans me vanter, je peux faire un repas pour huit personnes en une heure. Je sais ce dont les enfants ont besoin car mes sœurs en ont plein. Du moins, la plupart du temps… Dans le film, je vomis dans les toilettes de l’aéroport où une femme est en train de changer la couche de sa fille. Avant de tourner la scène, j’ai dit à l’actrice: «Vous laissez le bébé et vous venez vers moi». Tout le monde s’est moqué de moi car aucune maman ne laisserait son enfant seul sur la table à langer!

A quoi ressemble votre journée type?
Je tourne beaucoup, donc une journée type, c’est n’importe quoi. Je n’ai pas d’habitudes et, en même temps, j’en ai beaucoup: j’aime me rendre toujours dans le même restaurant et y manger toujours le même plat. Cela me rassure. Je ne quitte pas trop mon quartier, le premier arrondissement de Paris, près de Palais Royal. Quand on voyage souvent, on n’aspire qu’à une chose: dormir tous les soirs dans le même lit. Je voudrais emmener le mien avec moi! Un jour, dans une station-service, j’ai entendu une dame dire: «Je suis trop vieille pour manger des sandwiches!» Moi, je suis trop vieille pour dormir dans des lits que je ne connais pas avec des draps en acrylique. Alors j’ai acheté des draps et je les prends avec moi lorsque je me déplace. Je prends aussi mon oreiller.

Garder la ligne, c’est très important pour vous. Pourquoi?
Je ne veux pas être grosse. Je préfère être moche. Mon rêve, c’est d’être très maigre, mais je n’y suis jamais parvenue. A 23 ans, j’ai fait un peu d’anorexie, je pesais dix kilos de moins qu’aujourd’hui. Je trouvais ça super, même si j’étais encore bien plus grosse que les mannequins. Par contre, je n’aime pas les hommes maigres. Du tout.

Le cap des 50 ans, que vous franchirez l’année prochaine, vous y pensez?
Non. C’est du chinois, je ne sais même pas ce que ça veut dire.

A quel moment vous direz-vous que vous êtes vieille?
Jamais! Je suis une enfant. Et je le resterai toute ma vie. C’est pour ça que je ne peux pas être mère.

Armando Gallo/Retna Ltd./Corbis istockphoto.com istockphoto.com DR
Votre type d’homme «Drôle. C’est impératif. J’aime beaucoup l’acteur américain Vince Vaughn..» Votre péché mignon «Le champagne. Si j’en bois tous les jours? Non, sinon ce ne serait plus un péché mignon.» Votre geste beauté «Les massages. Je pense que tout ce qui n’est pas touché meurt.» Votre dernier coup de fil «A ma directrice de postproduction, pour lui dire: «Ça y est, je suis contente du film!»

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