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Malgré sa jeunesse – pas encore 23 ans – Sonia Hachler impose l’admiration. Femme lumineuse dotée d’yeux marron qui pétillent, vive et gaie, il émane d’elle une épatante force de caractère. A son actif? Rien de moins que deux associations humanitaires en faveur d’orphelins et d’enfants des rues et… le titre de Miss Neuchâtel 2009. Depuis quatre ans, cette étudiante à l’Ecole Prep – préparant aux examens d’entrée à l’université – s’implique corps et âme dans son combat: soulager des gosses dans la misère au Maroc et en Algérie. Elle y consacre tous ses loisirs, résolue à y œuvrer à plein-temps à l’avenir.

Tout démarre l’année de ses 17 ans, au hasard d’un cours au lycée Jean Piaget à Neuchâtel: un reportage sur des enfants palestiniens et irakiens diffusé en classe lui fait l’effet d’un électrochoc, tant leur dénuement est criant. Elle réagit en créant une association caritative. A l’âge où l’on s’adonne plus volontiers aux virées shopping, Sonia, de mère marocaine et de père chaux-de-fonnier, se démène pour récolter des fonds en vendant des gâteaux deux fois par mois en ville, hiver compris. «Le stand n’était pas terrible, ironise-t-elle: une table et comme déco, un drapeau suisse sur lequel étaient collées des photos d’enfants palestiniens.» N’empêche, elle concrétise sa première opération humanitaire en 2008: une vingtaine d’orphelins algériens viennent passer des vacances en Suisse grâce à son association. Quand on s’étonne qu’elle ait pu réaliser une telle action si jeune, elle répond qu’elle a toujours eu envie d’aider les autres: «Petite, je participais déjà régulièrement au Téléthon».

Un tremplin inespéré

Un événement d’un autre genre fait irruption dans sa vie l’année suivante: elle est couronnée Miss Neuchâtel. «Une ou deux obligations par mois, c’était plutôt agréable! Il m’en reste de magnifiques souvenirs et de belles connaissances. Surtout ce titre m’a beaucoup aidé à promouvoir mon association». Pas mal pour une initiative résultant d’un pari entre copines: «On était au Mc Do quand on a vu une pub pour le casting. En lisant l’affiche, nous avions compris (à tort) que toutes les participantes auraient droit à un voyage. Du coup, nous nous sommes inscrites pour pouvoir partir ensemble», rigole-t-elle. «Mais j’ai été la seule à faire mes valises».

Pour autant, Sonia Hachler ne se met pas à rêver de shootings. Sa détermination à apporter une aide à des enfants déshérités, fût-elle dérisoire au regard de la misère du monde, la pousse même à créer une association, qui compte aujourd’hui une trentaine de bénévoles: Hope Factories. Celle-ci s’efforce d’aider des enfants déshérités au Maroc. Un pays qu’elle connaît bien et qu’elle chérit. Des étoiles dans les yeux, elle raconte que depuis des années elle fait des petits boulots pour se payer le voyage une ou deux fois par année.

L’été 2010, la Neuchâteloise passe deux mois à faire le tour des orphelinats de Casablanca et de quelques-uns à Rabat. «J’aurais pu m’arrêter au premier, raconte-t-elle, mais la corruption sautait aux yeux dans la plupart d’entre eux». Elle explore seule les quartiers populaires, même les plus dangereux, contre l’avis de sa famille qui craint pour sa sécurité. En interrogeant les habitants, elle parvient à recenser tous les orphelinats de la ville. Il y en a énormément, car les enfants abandonnés se comptent par milliers pour cause de prostitution, pauvreté, naissances hors mariage (pour éviter d’être répudiées par leur famille, bien des mères célibataires délaissent leur bébé).

La jeune femme retient l’orphelinat Bernoussi, qui lui inspire confiance: son directeur est le seul de tous ceux qu’elle a rencontrés à dire qu’il n’a pas besoin d’argent mais de matériel scolaire, de dentifrice, de vêtements… Même si l’établissement ne survit qu’avec des dons. Ses nombreuses visites lui permettent de vérifier que les 300 jeunes pensionnaires sont bien traités, bien que très démunis. Ils ne possèdent rien, pas même une culotte! Brandissant son smartphone pour montrer les portraits d’enfants qui remplissent sa galerie de photos, Sonia évoque ses projets avec fougue, puis s’excuse d’avoir tant à raconter. Car l’association œuvre aussi pour d’autres êtres frappés par le malheur, comme cette famille survivant dans le village de sa tante. Un père sans emploi fixe, une mère atteinte d’un cancer incurable, quatre jeunes enfants… «Cette maman m’a dit qu’elle n’avait pas peur de mourir. Par contre, elle est paniquée à l’idée de savoir que ses enfants finiront à la rue après son décès», relate la jeune femme, le visage soudain grave.

Objectif ONG

L’association a acheminé deux fois des livres, des vêtements, des fournitures scolaires au Maroc en organisant les collectes de matériel sur Facebook. «Dès que j’ai fini mes examens cet été, on repart!» lance-t-elle en expliquant que le prochain convoi sera encore plus volumineux que les précédents (3 camions), les dons sont donc les bienvenus. De tempérament rassembleur, Sonia peut compter sur des copains de bonne volonté pour l’épauler. Sa meilleure amie est plus motivée que jamais depuis qu’elle l’a accompagnée à Casablanca l’été passé: «Elle a pleuré toutes les larmes de son corps en découvrant les conditions de vie des enfants».

Infatigable, Sonia compte bien ne pas s’arrêter là. Quitte à y passer encore plus de temps, «ce n’est pas un problème, je m’organise, j’aime ça, rigole-t-elle. En fait, l’association, c’est mon loisir». Elle projette déjà de rafraîchir plusieurs chambres de l’orphelinat Bernoussi, «grises, moches et en mauvais état», dès que le budget le permettra. Tout en ambitionnant de transformer, un beau jour, Hope Factories en ONG et de s’y investir à plein-temps. En attendant, elle va poursuivre ses études à l’Uni de Lausanne, en entamant cet automne un cursus en sciences politiques.

Infos et dons de matériel: www.hopefactories.com ou Hope Factories (Facebook) ou sonia_hachler@hotmail.com

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Ses objets fétiches: son ordinateur. «Je vis avec, je dors avec: toute ma vie est dans cette machine!»

© DR
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Ses objets fétiches: sa bague. «Ma mère me l’a offerte il y a cinq ou six ans. Je ne l’ai jamais enlevée depuis.»

© DR
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Ses objets fétiches: son bracelet. «Symboliquement, c’est l’objet qui compte le plus pour moi. C’est un cadeau de Faroul, un orphelin algérien de 6 ans, qui était venu en colonie en Suisse. Il me l’a donné pour que je sèche mes larmes, le jour de son départ».

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