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Son nom est Peel. Emma Peel. Aussi incontournable que 007 au panthéon des rôles cultes britanniques, celle qui fut pendant quatre ans le bras droit de l’agent secret John Steed a définitivement marqué les esprits. Le chapeau melon, c’était lui. Les bottes de cuir, c’était elle. Et sous la combinaison moulante, la comédienne Diana Rigg, 26 ans lorsqu’elle rejoint, en 1965, l’équipe de «Chapeau melon et bottes de cuir» («The Avengers» en anglais).

Formée à la Royal Academy of Dramatic Art, cette belle plante, qui commence sa carrière au sein de la Royal Shakespeare Company, débarque un peu par hasard dans la série. Les producteurs doivent remplacer Honor Blackman, qui a décidé de lâcher la production pour le rôle de Pussy Galore, James Bond girl de «Goldfinger». On lui préfère alors la blonde Elizabeth Shepherd… le temps d’un épisode et demi. Trop fade. Un coup de chance pour Diana, qui marquera de son empreinte féline l’âge d’or de «The Avengers».

Quand les producteurs imaginent le rôle d’Emma Peel, ils choisissent d’abord son nom. Celui-ci vient de la contraction de «men appeal» («le pouvoir d’attirer les hommes»), en «M appeal», puis Emma Peel… Le moins qu’on puisse dire, c’est que du haut de ses 1,76 m, Diana Rigg a rempli son contrat. L’actrice va littéralement propulser la série au rayon des fictions cultes, grâce au ton et à la classe «so british» qu’elle insuffle à son héroïne. Avec Emma, pas de jupons, mais des combinaisons en cuir moulantes; pas de battements de cils inutiles, mais des «mawachi geri» redoutables.

Les mâles à ses bottes

Entre Patrick MacNee et Diana Rigg, l’alchimie naît dès les premiers regards. A l’écran, le jeu de séduction est total, sans jamais sombrer dans le vulgaire ou le tendancieux. C’est une des règles de la série: pas de sexe explicite, pas de sang, pas de policiers en uniforme… Les mots d’ordre de cette fantaisie, qui flirte avec la science-fiction dans certains épisodes, restent suspense, élégance et humour.

Pour Diana Rigg, ce rôle sonne l’heure de la consécration. Elle devient un objet de fantasme moulé de cuir, suscitant une déferlante impressionnante de courriers d’admirateurs. A l’apogée de son succès – et de celui de la série, diffusée dans 120 pays – la comédienne choisit pourtant de tout plaquer. Six jours sur sept, douze heures par jour, le rythme de tournage est épuisant. Pourtant, Emma décide de ranger ses bottes pour un tout autre motif. Elle qui se dédie corps et âme à la série découvre qu’avec un salaire de 150 livres par épisode, on la paie moins qu’un cameraman. Choquée, l’actrice revendique une augmentation, ce qui lui vaut une réputation de femme austère et dure, qui lui collera à la peau tout au long de sa carrière. Finalement, les producteurs proposent de tripler la somme, mais elle décline et boucle sa dernière saison, la cinquième, celle du passage du noir-blanc à la couleur.


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De Lady Diana à Dame Tyrell

Après 51 épisodes de «Chapeau melon et bottes de cuir», Diana Rigg revient à ses premières amours: le théâtre. S’ensuit un long retour à l’anonymat, qui dure une vingtaine d’années, à peine interrompu par son rôle de James Bond girl dans «Au service de Sa Majesté», en 1969. La reconnaissance arrive enfin, sur les planches, à la cinquantaine passée, avec ses rôles dans «Médée», en 1992, et «Qui a peur de Virginia Wolf?», quatre ans plus tard. Entre deux, la reine Elisabeth II l’élève au rang de Dame de l’Empire, pour son rôle culte d’Emma Peel, mais aussi en hommage à la tragédienne qu’elle est devenue, à l’instar de Vanessa Redgrave ou Glenda Jackson.

Ce beau palmarès n’a pas manqué de taper dans l’œil des producteurs d’une autre série phare, «Game of Thrones». En 2014, avec la saison 3, Diana Rigg se voit proposer le rôle de Dame Olenna Tyrell. Son surnom dans cette «heroic fantasy» est «La reine des épines», ce qui ne surprendra personne. Car à 78 printemps, Lady Diana démontre qu’elle n’a rien perdu de son piquant. Peu importe qu’elle soit moulée dans une combi en cuir ou drapée dans des voiles moyenâgeux: le temps n’a pas d’emprise sur le talent de cette grande dame, qui déclarait il y a deux ans au journal «The Guardian»: «Plus je vieillis, plus je trouve la vie drôle.» Encourageant.

Diana Rigg

1938 Naissance à Doncaster, en Angleterre. Elle passe ses huit premières années en Inde, où son père est ingénieur ferroviaire.

1965 Elle incarne Emma Peel dans «Chapeau melon et bottes de cuir».

2014 Elle rejoint la série «Game of Thrones» sous les traits de Lady Olenna Tyrell.

Et les autres que sont-ils devenus?

Linda Thorson Choisie parmi 200 prétendantes pour succéder à Diana Rigg, Linda Thorson a tout juste 20 ans quand elle endosse le rôle de Tara King dans la 6e saison. On lui demande de perdre du poids et de se teindre en blonde. Si Steed et Peel étaient complémentaires et jouaient sur un pied d’égalité, le duo Steed-King évolue sur le schéma du pygmalion et de sa protégée. La sauce ne prend pas et la série s’arrête. L’actrice enchaîne alors les rôles au théâtre, dans les séries et au cinéma, sans marquer les esprits. Un fils et trois divorces plus tard, elle partage sa vie entre les Etats-Unis et l’Angleterre.


©Getty Images/FilmMagic; Collection Christophel/ABC; WireImage

Patrick MacNee Lorsqu’on a incarné John Steed durant une décennie, difficile de rebondir sans y laisser quelques plumes. Armé de son chapeau melon et de son parapluie, son personnage d’agent secret «so british» a marqué son temps. Après l’arrêt de la série, il s’installe aux Etats-Unis, où il tient des rôles dans «Columbo» et «La croisière s’amuse», avant d’apparaître aux côtés de Roger Moore, dans «Dangereusement vôtre». «John Steed était bien plus qu’un rôle, il était une extension de moi-même», aimait répéter le comédien, qui a définitivement rangé ses accessoires et s’est éteint en 2015.

Joanna Lumley En 1976, pour «The New Avengers», Joanna Lumley enfile ses bottes de cuir et campe Purdey, la dernière partenaire de John Steed. Sa coupe au bol s’est imposée comme le symbole de toute une génération. La série ne dure que deux saisons, mais son rôle lui colle à la peau. Du coup, elle enchaîne les navets pendant quinze ans, jusqu’à son rôle de Patsy dans la série déjantée «Absolument fabuleux», diffusée dès 1992. Le duo qu’elle forme avec Jennifer Saunders (Edina), la propulse au rang d’icône nationale. Cet automne, elle sera à l’affiche de «Ab Fab: The Movie», l’adaptation de la fiction TV au cinéma.

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Diana Rigg dans «Chapeau melon et bottes de cuir».

© Collection Christophel/RnB/ABC
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Les acteurs de «Chapeau melon et bottes de cuir»: entre 1965 et 1969, Diana Rigg et Patrick MacNee incarnent, tout en flegme, le duo de choc et de charme de la série.

© Collection Christophel
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Son rôle de Lady Olenna Tyrell, surnommée «La reine des épines», de la série Game of Thrones, lui va comme un gant, avec son humour noir et piquant.

© DR
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En 1994, elle est anoblie par la reine Elisabeth II.

© Getty Images/Hulton Archive
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En 1969, la voilà James Bond girl dans Au service de Sa Majesté, avec l’acteur George Lazenby.

© Getty Images

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