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Nawell Madani, entre fous rires et pas de danse
Il y a quelque chose qui touche immédiatement chez Nawell Madani. Son sourire, sa gentillesse, sa manière de vous parler comme si elle vous avait toujours connu. De sa Belgique natale, elle a gardé une pointe d’accent qui met des rondeurs dans sa voix et rend ses intonations graves particulières. On a l’impression de retrouver une vieille copine croisée au coin d’une rue, à Bruxelles, New York ou ailleurs. Plusieurs médias l’ont comparé à Diam's qui, comme Nawell, avait su constituer une véritable communauté de fans mi-potes, mi-famille. Multiethnique, multiculturelle.
Nawell converse quotidiennement via les réseaux sociaux avec ses innombrables followers. «J’ai très vite compris que le viral était une arme redoutable et que je pouvais m’en servir pour remplir mes scènes, explique l’humoriste de 30 ans. J’ai décidé de mettre en place une série de vidéos-capsules de 16 secondes via Instagram, les Instawell. Ça a cartonné, elles ont fait plus de 20 millions de vues en quelques mois! J’aime beaucoup cette proximité avec le public, tout cela me nourrit au quotidien. C’est comme s’ils avaient tous mon numéro de téléphone et que je recevais sans cesse des SMS.»
Brûlée au troisième degré
Avant de remplir les zéniths et d’enchaîner les standings ovations, Nawell a dû se battre. Beaucoup. Souvent. Très tôt. A deux ans, elle se brûle la tête en tombant dans une friteuse. Une partie de ses cheveux ne repousse plus. A l’école, elle se fait constamment chicaner. «Ma mère me disait alors: «Scrute les défauts des autres et avant qu’ils te vannent, tu vannes.», se souvient-elle. C’est elle qui m’a appris le sens de la vanne, sans même s’en rendre compte. Dès que l’on a un défaut, les enfants sont très violents et très méchants. J’ai alors développé ce caractère de guerrière.» Pour se faire des amies et séduire «autrement», Nawell commence de danser à l’adolescence. Elle ne s’arrêtera plus.
Quelques années plus tard, l’artiste se fait opérer et retrouve ses cheveux. «Je suis devenue une jeune femme et je suis passée du tout au tout, explique-t-elle. On me trouvait alors trop jolie pour être humoriste, c’est quand même incroyable!» Au début, elle montait sur scène avec un leggings, des talons hauts perchés, un make up soigné, bref: elle se faisait belle. «J’ai compris qu’il fallait faire tout le contraire pour désamorcer la rencontre avec le public», note-t-elle. Autrement dit: survêt, baskets, casquette, ou presque.
Le Jamel Comedy Club, une expérience amère
Avant de se lancer corps et âme dans l’humour, la jeune femme a entrepris des études de marketing et management. «Mes parents ne voulaient pas que je devienne danseuse. J’ai dû aller au bout de ma formation pour qu’ils me laissent essayer de vivre de ma passion. Mes études me sont utiles aujourd’hui, car j’ai un regard très concret sur ce que je fais. Avant même de monter sur scène, j’analyse le marché, j’essaie de voir de quelle manière je peux me différencier de la concurrence.» Puis, une fois son diplôme en poche, Nawell se rend à Paris avec 700 euros et galère durant plusieurs mois. «Je dormais chez des connaissances, sur des canapés, dans ma voiture. Ça a été très très dur, Paris c’est très difficile. Mais je ne voulais pas abandonner, je ne voulais pas rentrer défaitiste, alors j’ai serré les dents.»
Sa ténacité finit par payer: elle se fait repérer par Jamel Debbouze et intègre le Jamel Comedy Club. Entre coups bas et méchants tacles, Nawell a du mal à se faire sa place. «Lorsque je suis arrivée, c’était la guerre. C’est compliqué, tout le monde a envie de briller, car être humoriste c’est avant tout être égocentrique. Je débarquais de la danse avec une logique d’entraide et de transmission et donc forcément une mentalité complètement différente de celle du stand-up.» Nawell finit par craquer et claque la porte, non sans avoir marqué le public qui l’acclame lors de chacune de ses courtes apparitions.
Made in USA
Depuis plusieurs mois, elle cartonne désormais avec «C’est moi la plus Belge!» et sillonne la France, la Suisse et la Belgique. Alors qu’elle enchaîne les salles combles, la jeune femme de 30 ans ne prend pas le temps de savourer son succès mais pense déjà à son prochain défi: conquérir l’Amérique, le pays qui la fascine depuis toujours. «Déjà toute petite, je rêvais d’être danseuse aux Etats-Unis. J’ai grandi avec les clips, je regardais Janet Jackson, Madonna, Paula Abdul, puis je me plantais devant la télé, poussais la table du salon et m’amusais à reproduire les chorégraphies.» Ce n’est pas en dansant mais en présentant des sketchs en anglais que Nawell va cette fois-ci tenter de séduire les Américains, en août prochain à New York.
Elle le promet, elle ne délaissera pas ses fans francophones pour autant et continuera d’alimenter les réseaux sociaux. Une habitude ne la quitte d’ailleurs jamais: après chaque représentation, elle se connecte sur Facebook et Twitter pour lire les billets qui lui laissent les spectateurs. «Leurs mots, je ne les oublierai jamais, confie-t-elle dans un souffle. Une dame en phase terminale d’un cancer m’a écrit un jour «Lorsque je viens te voir, j’oublie que je suis malade.» Quand on vous dit cela, vous avez tout gagné.»
«C’est moi la plus belge!», Nawell Madani, le mercredi 18 juin 2014 au Théâtre de Beausobre dans le cadre du festival «Morges-sous-rire».
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