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Sur nos écrans dès le 11 juillet 2012 dans le nouveau film de Pierre Jolivet «Mains armées», la délicieuse Leïla Bekhti déborde de projets. En septembre, dans la troupe d’Edouard Baer, elle sera au Théâtre Marigny à Paris, puis à l’affiche du film «Nous York», deux mois plus tard.

Dans sa suite au Majestic, où elle nous reçoit en mai 2012 à l’occasion du Festival de Cannes, l’actrice et jeune égérie de L’Oréal a l’accueil ultrachaleureux. Pieds nus, en jean, elle sort d’un essayage pour le tapis rouge du soir. A une robe longue, elle a préféré un pantalon et une blouse en soie, très chic, et en profite pour solliciter notre avis. A la journaliste suisse que je suis, elle montre avec fierté sa Reverso. Rien chez elle de hautain ou de distant! «Je suis tellement chanceuse, glisse-t-elle. On m’offre des vacances de rêve. Je fais partie d’un jury prestigieux (ndlr: celui d’Un Certain Regard, sélection plus atypique que l’officielle) et on ne cesse de me proposer des rôles magnifiques.»

Découverte par le grand public en 2009, pour son rôle dans Tout ce qui brille – qui lui vaudra le césar 2011 du meilleur jeune espoir féminin –, elle a débuté quatre ans plus tôt, dans le film Sheitan, avec Vincent Cassel. Sept ans plus tard, elle évoque chaque rôle (une trentaine déjà, dont une dizaine de téléfilms) avec cette fougue qui la caractérise. Généreuse et lucide à la fois sur le caractère précaire du succès, elle cite son modèle: sa mère.

FEMINA N’avez-vous pas craint, à vos débuts, de jouer souvent la «beurette de service»?
LEÏLA BEKHTI Non. Contrairement à certaines comédiennes qui sont fières de s’appeler Nathalie ou Claire dans un film, moi je peux parfaitement être Fatima ou Malika. Je veux juste que mon origine ne soit pas systématiquement le sujet du film quand ce n’est pas le propos. Dans mes tout premiers films elle était pour le coup très légitime et j’étais très contente. Je n’ai juste pas envie de jouer dans des films clichés.

«Tout ce qui brille» semble avoir été déterminant dans votre carrière. C’est aussi une histoire d’amitié avec Géraldine Nakache, coréalisatrice et actrice que vous retrouvez dans «Nous York»…
Chaque film a marqué un tournant dans ma vie. La carrière, je laisse ça aux autres. Ce qui est génial dans ce métier, c’est qu’il est très aléatoire. Là je réponds à vos questions, je suis à Cannes, c’est formidable. Peut-être que dans deux ans je serai chez moi à attendre à côté du téléphone un appel qui ne vient pas. Je crois que l’insécurité de ce métier me sécurise, me galvanise. Mais cela n’empêche pas les angoisses: dès que je commence un film, je me dis que c’est le dernier. Je pense qu’il ne faut jamais considérer les choses comme acquises. J’ai eu la chance de faire de belles rencontres sur tous mes films. Des gens que la vie vous apporte comme Géraldine Nakache, en effet, une véritable amie, ou Roschdy Zem qui est aussi à l’affiche de Mains armées, où il incarne mon père. Roschdy, c’est lui qui m’a choisie pour son premier film, Mauvaise foi. Le métier nous a rapprochés. Maintenant c’est la vie qui nous lie: il fait partie de ma famille. De mon grand frère de cinéma, il est devenu mon grand frère tout court.

Après le bac, vous vous inscrivez à un cours d’art-thérapie. Une envie d’aider les autres?
Quand j’étais petite, je voulais être «aideuse de gens».Traduisez éducatrice. Une amie m’a parlé de cette section à Saint-Denis dont la formation se propose d’utiliser l’art, la peinture, le théâtre, la musique pour aider les handicapés. Comme la meilleure amie de mon frère était directrice d’un centre pour handicapés, j’ai intégré son établissement. Mais toutes les quinze minutes je fuyais aux toilettes pour pleurer. Paradoxalement, plus les handicapés semblaient heureux, plus j’étais bouleversée. «Il y a une espèce de honte à être heureux à la vue de certaines misères», écrivait La Bruyère. La directrice du centre m’a donc conseillé de faire un travail surmoi si je voulais aider les autres. Ensuite la vie a fait que je me suis présentée au casting de Sheitan, et j’ai été choisie. Cela dit, à trop culpabiliser, on peut aussi donner l’impression qu’on méprise les gens. Je l’ai vécu sur le tournage de La source des femmes (ndlr: un film de Radu Mihaileanu) qui raconte l’histoire de ces femmes forcées par les hommes à aller puiser de l’eau à une source lointaine, dans la montagne, et qui se rebellent en faisant la grève du sexe. On m’a souvent posé la question après le tournage: quelles sont les solutions pour les aider? Il aurait été irrespectueux, indécent, du haut de mes 28 ans de parler en leur nom. D’autant que moi, après quatre mois, j’ai retrouvé mon confort de vie.

Vous vous dites «traqueuse». N’est-il pas angoissant de se produire au Théâtre Marigny, dès septembre 2012, dans la troupe d’Edouard Baer?
On a déjà fait des représentations en province et j’ai eu quatre ulcères et trois sciatiques (elle rit). Mais je ne pouvais pas refuser cela. Les spectacles d’Edouard, j’ai toujours été les voir six fois d’affilée et, à chaque fois, je retombais en enfance… Dans C’est grand, c’est beau, c’est généreux la France, on est une dizaine sur scène. J’aime son ironie, sa plume, sa folie et sa poésie. C’était l’un de mes rêves de travailler avec lui.

Nombre de gens ignorent que votre mari s’appelle Tahar Rahim, l’excellent acteur d’«Un prophète» qui décrocha, pour ce film, le césar du meilleur acteur. Discutez-vous de vos rôles respectifs?
Je n’aime pas parler de lui. C’est un très grand comédien, mais comme j’ai du mal à évoquer ma famille, je préfère ne rien ajouter d’autre.

On ne vous voyait pas en égérie L’Oréal. Etre ainsi exposée dans ce qui apparaît, souvent, comme un rôle avant tout lucratif, cela ne vous ressemblait pas vraiment…
Je n’aurais jamais pu signer un contrat avec une marque dont je ne suis pas consommatrice. Et j’aime l’idée que ces produits soient vendus comme une marque de luxe accessible à toutes (ndlr: l’actrice prête son image aux produits Casting Crème Gloss (coloration), Color Riche le Vernis et au fond de teint True Match). Bien sûr, l’aspect financier compte. Ce contrat m’offre une plus grande liberté, mais je n’ai pas attendu ça. La rencontre avec le metteur en scène compte pour 60% dans ma décision. L’Oréal ou pas, je serai toujours exigeante.

Vous vous êtes facilement laissé convaincre?
Non. Je n’ai pas du tout confiance en moi. Et il a fallu que Cyril Chapuy, directeur général International de L’Oréal Paris me convainque qu’il venait me chercher pour ce que j’étais. Je n’avais pas du tout envie d’être travestie, ni de faire passer n’importe quel message. Pour moi, la vraie beauté des femmes c’est de s’assumer, de croire en ses rêves. Ce n’est pas un mascara qui va changer quelque chose.

«Mains armées» de Pierre Jolivet, en salle dès le 11 juillet 2012.

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