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L'édito de Géraldine Savary: «Le beau jour des promos»

Géraldine Savary rédactrice en chef Femina éditorial

«Les bachelières et bacheliers sont montés sur la scène, à la queue leu leu, dans une sobre chorégraphie. Le corps enseignant semblait prêt à partir à Saint-Rémy-de-Provence, les diplômées à la cérémonie des Oscars. Nous les parents, très vite, on s’est mis à pleurer.»

© ANOUSH ABRAR

La semaine passée, dans toute la Suisse romande, des jeunes gens se sont avancés sur une estrade pour recevoir leur baccalauréat. J’avais cette chance, moi aussi, d’honorer ma deuxième fille, en compagnie des autres parents et grands-parents conviés à la cérémonie des promotions. Nous avions vécu les jours précédents dans une cohabitation nerveuse, à peine animée par un chassé-croisé de questions-réponses.

– Ça s’est bien passé ton oral d’allemand? – Non.

– Ça s’est bien passé ton écrit de physique? – Moyen.

– Tu veux qu’on discute de ton programme de français? – Pas maintenant.

Impuissants à contribuer scientifiquement à la réussite de notre enfant, nous avions acheté des bananes, des barres de céréales «pour aider à la concentration» et avions reçu la même remarque boudeuse, «tu sais bien que je ne mange rien le matin». Heureusement, ma mère et ses copines ont allumé des bougies dans toutes les chapelles de la ville et le Dieu de l’instruction publique et des parents stressés les a entendues.

Une page se tourne

Le jour de la remise des diplômes, le ciel était orageux, traversé par de gros nuages, le vent faisait voler les robes soyeuses des filles, elles vacillaient un peu sur leurs talons hauts.

Les bachelières et bacheliers sont montés sur la scène, à la queue leu leu, dans une sobre chorégraphie. Le corps enseignant semblait prêt à partir à Saint-Rémy-de-Provence, les diplômées à la cérémonie des Oscars. Nous les parents, très vite, on s’est mis à pleurer. D’entendre le directeur rappeler à quel point leur parcours gymnasial avait été difficile. Qu’au mois de mars seulement, ces jeunes qui sont censés s’ouvrir au monde, à l’amour, à l’âge adulte, à la vie, se sont rencontrés pour la première fois sans masque, deux ans après le début de leur apprentissage.

On s’est rendu compte que cette période était à la fois toute proche et déjà lointaine, et que nos enfants avaient réussi à la traverser la tête haute. On a remercié ces professeurs qui avaient accompagné leurs élèves, cahin-caha, sur le chemin de la connaissance. On a applaudi la jeune Afghane, qui a débarqué sans savoir un mot de français et qui, bientôt sans doute, ira à l’université. Le directeur a parlé de résilience, et oui, on a bien vu à quel point ça résonnait en nous. Ensuite on a bu des verres avec nos enfants. On a découvert qu’ils fumaient et on a fait comme si de rien n’était. Leur amitié était belle à voir. Leur bonheur aussi. Leur force. On a pensé à un de leurs camarades qui, au zénith de ses 18 ans, aimé de toutes et de tous, a décidé de quitter la vie, quelques mois avant la fin de sa scolarité. Cette journée lui était dédiée. Cet édito aussi.

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