Plus d'égalité
L'édito de Géraldine Savary: «À quand Madame l’évêque?»
Née dans un canton catholique, l’Eglise a accompagné mon enfance. Dès 7 ans, nous étions extirpés des salles de classe pour partir à confesse, défilant à la queue leu leu derrière le rideau du confessionnal, cherchant désespérément un péché à avouer et à se faire pardonner pour pouvoir murmurer un rapide «Je vous salue Marie». Nous chantions la messe deux dimanches par mois et défilions en aube blanche à chaque Fête-Dieu, nous arrêtant devant les autels recouverts de pétales de fleurs disséminés dans la ville.
Par contre, quand il s’agissait d’assister le prêtre pendant la messe, de sortir le calice du tabernacle et de porter l’hostie jusqu’aux fidèles, alors, les filles restaient sur les bancs de l’église.
Je vous parle bien sûr d’une époque lointaine. Aujourd’hui, les filles sont autorisées à accompagner l’eucharistie. Mais l’Eglise catholique n’a pas été beaucoup plus loin dans l’ouverture de ses arcanes aux femmes. Elles sont aumônières, agentes pastorales, trois d’entre elles siègent depuis une année au Conseil épiscopal de l’Evêché de Genève, Fribourg et Vaud, mais elles restent pour l’essentiel confinées à des fonctions subalternes, exclues des structures ultra-hiérarchisées de l’Eglise catholique.
Plus d'égalité
Le scandale des agressions sexuelles qui la secoue, ici en Suisse et dans le monde, réactualise le débat. Probable que s’il y avait eu des femmes prêtres ou évêques, du Vatican jusqu’aux cures de village, la domination et l’abus de certains sur des âmes et des corps vulnérables n’auraient pas atteint de telles proportions. Quand donc l’Eglise catholique affrontera-t-elle sa mue? Autorisera l’ordination de femmes prêtres? Quand sera-t-elle prête à accueillir au sommet de sa hiérarchie des personnalités capables de comprendre l’évolution du monde et des attentes des fidèles? Pourquoi y a-t-il des imames, des rabbines, des pasteures, mais pas de femmes évêques?
Dans le numéro du 24 octobre 2021, Femina donne la parole à ces femmes de Suisse romande engagées dans l’Eglise catholique. Elles croient en la grâce, elles sont animées par la foi, elles souhaitent que les choses changent, elles sont convaincues qu’elles peuvent y contribuer. Nous aussi.