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Jour 3: Sofia Coppola et son gang braquent la Croisette
Les fous de pellicule se damneraient pour franchir la porte du paradis. Mais faute de sésame idoine, même cette mesure extrême se révèlerait inutile. Du coup ils attendent des plombes, l’espoir chevillé au corps. A l’image d’une bande de jeunes Américains, débarqués à 15 heures pour voir The Bling Ring de Sofia Coppola programmé pour eux à… 19h45.
Il faut dire que le thème a de quoi passionner. Inspiré d’une histoire vraie, il raconte les «exploits» d’un gang de cinq ados surnommé le «Bling Ring». Eux-mêmes issus d’un quartier résidentiel, fascinés par les people, dingues de fringues, de chaussures, de sacs, de bijoux de marque, ils traquent l’agenda des stars via internet et profitent de leur absence pour cambrioler leurs somptueuses résidences à Los Angeles. Au cours des raids, ils raflent un butin de plus de trois millions de dollars d’objets de luxe, qui les mènera devant la justice. Parmi les victimes se trouve Paris Hilton.
Très attirant dans sa représentation prometteuse d’une société obsédée par la célébrité, de gamins biberonnés à Facebook, Twitter et télé-réalité, le film, mêlant Emma Watson à des débutants, a hélas tendance à se perdre au fil de l’intrigue. Sofia Coppola tourne rapidement en rond sans véritable regard, se contentant en gros de multiplier des scènes de cambriolage dans des villas, où l’entassement indécent des richesses fait passer la caverne d’Ali Baba pour un misérable souk.
Alors autant s’adresser à l’auteur pour en savoir plus. Mais la dame en bleu, plus mince qu’un papier à cigarettes, n’est guère bavarde. Il faut drôlement la pousser pour qu’elle émette des sons au-delà du oui ou du non. En mettant ses brèves réponses bout à bout, on apprend donc qu’elle a eu l’idée de The Bling Ring, en découvrant un article sur le sujet dans Vanity Fair.
"Plus j’en lisais et plus j’étais intéressée par ces gamins qui tournaient mal dans un univers glamour. Outre consulté beaucoup d’avocats, J’ai lu des rapports de police, d’autres récits de journaux, rencontré certains des gosses. Ils ne pensaient pas vraiment avoir mal agi et ne s’intéressaient qu’à la gloire que les vols leur avaient apportée." Pour autant, sans les excuser, la cinéaste est plutôt dans l'empathie et la mise en garde que dans le jugement. "En fait mon film est une sorte d'expérience et je voudrais qu'on le voie ainsi".
En ce qui concerne les maisons, elles ont été pour la plupart imaginées, l’équipe n’ayant pu tourner que dans celle de Paris Hilton, qui fait d’ailleurs une apparition. "C'était excitant. L'univers de Paris est particulièrement exotique". Et qu’en est-il des autres victimes, ont-elles vu le film? "Pas encore, mais au cas où, leurs réactions vont m’intéresser".
Pour le reste, elle trouve le travail avec des jeunes énergétique, ne se sent pas proche de ses personnages, se défend d’être obsédée par la mode et n’a jamais eu d’idole dans son existence. Des révélations qui n’ont l’air de rien, mais qu’il fallu lui arracher au forceps!