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Je suis #Beachbody
L’air du temps est à l’acceptation des corps «différents», comme on dit pudiquement. En gros, ce Body Positive signifie que vous pouvez ne pas être un mannequin anorexique de 17 ans qui mesure 182 cm dont 122 de jambes, et avoir néanmoins le droit de vous afficher en maillot de bain. Même, d’éprouver pour vos rondeurs/vos vergetures/votre cellulite une amitié sincère, de vivre en paix avec vos petits bourrelets – voire de les trouver sexy. Ça, c’est la doxa du moment, sur laquelle surfent des instagrammeuses et des marques, notamment de lingerie, qui en effet affichent parfois des modèles étonnamment ressemblants à des êtres humains de chair. Et ça a l’air drôlement bien, a priori.
Ce mouvement a par exemple une influence concrète sur les magazines féminins. Naguère, les sujets de printemps, c’était «30 jours de régime pour rentrer dans votre maillot», «Les aliments qui font maigrir», «Perdre trois kilos avant l’été» et «Les crèmes minceur testées pour vous». Maintenant, le wording n’est plus du tout le même. On a à la place «Participez à notre challenge Bikini», «Les bienfaits du jeûne intermittent», «Manger healthy pour vous sentir bien dans votre corps», «Dix exercices pour gainer vos abdos et renforcer vos fessiers», «Pourquoi faire du sport à jeun».
Un être rétrograde
Le Body Positive ressemble au final plus à une opération marketing qu’a un vrai changement de paradigme. Le comble, c’est que maintenant que le diktat de la silhouette unique a vécu, on doit officiellement s’aimer quoi qu’on en pense vraiment, et on n’a même plus le droit de refuser de reprendre du gâteau au chocolat au dessert en justifiant par un banal «non merci, j’essaie de réduire le sucre». Pour de vrai, il faut toujours et encore être mince, mais sans effort et sans le dire: avouer essayer de perdre quelques centaines de grammes fait de vous un être totalement rétrograde. Vive la modernité.