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J’ai testé: quatre jours sans télé
Dimanche: le jour des adieux
Je passe la dernière soirée dans mon appartement. Ma valise pour la semaine étant déjà prête, il ne me reste plus qu’à souper avant de pouvoir m’allonger sur mon canapé. Et profiter d’une dernière soirée en compagnie de mon chéri numéro 1 et mon chéri numéro 2, autrement dit, la TV. Sur le point de m’endormir, je me déplace dans mon lit, où bien sûr, j’allume à nouveau la télé. Car oui, j’ai deux appareils chez moi, y compris dans ma chambre à coucher (il paraît que ce n’est pas recommandé...). D’ailleurs, je n’arriverai pas à m’endormir sans. Elle me fait office de berceuse. Avant de tomber dans les bras de Morphée, j’enclenche toujours la fonction «Sleep», cette touche magique qui permet de programmer le téléviseur pour qu’il s’éteigne automatiquement. Histoire de ne pas me réveiller en sursaut durant la nuit.
Lundi: un dernier espoir
On m’avait prévenu qu’il n’y aurait pas de petit écran dans ma nouvelle demeure. Pourtant... Ma copine a l’air étonné que je le regarde fréquemment: «Avoir la télévision c’est OK, mais tu la mets juste en marche comme bruit de fond, non»? Eh ben non, ma chère amie! Pour m’accompagner dans mes activités quotidiennes, j’allume la radio. Donc oui, chaque jour je m’assois devant la TV et je la regarde de manière attentive, je me prends au jeu et je gobe les bobards qu’elle me raconte, même si je sais que la plupart des émissions sont scénarisées, écrites et que jamais rien n’est laissé au hasard. Je me sens préparée psychologiquement à affronter cette semaine. Mais sur place, mes yeux ne peuvent s’empêcher de scruter le moindre recoin à la recherche d’un téléviseur. Comme je ne trouve rien au salon, mon regard cible alors la commode en bois face au lit et rien, toujours rien. Pourtant je ne demande pas le dernier modèle incurvé UHD avec accès internet et écran à LED. Un simple vieux tube cathodique noir ferai largement l'affaire. Un peu dépitée, je réalise alors que le défi a bel et bien commencé.
Mardi: une tentative de distraction
La nuit tombée, je sors de ma valise mon ordinateur, deux bouquins et cinq magazines. De quoi me distraire durant les jours à venir. La lecture ne m’est pas étrangère, bien au contraire. Je la pratique au quotidien dans les transports publics et les dimanches (ce jour où il n’y a rien de bien à la télé), allongée dans mon lit. Mais par force de l’habitude, lorsque je suis en train de lire il m’arrive parfois de l'allumer et de la mettre sous muet. Désormais, je ne peux que compter que sur mes revues et uniquement sur elles. Donc, non je ne les rejette pas et je suis même bien contente de les avoir...
Mercredi: Mesdames et Messieurs buonasera
En grande fan de téléjournal que je suis, je découvre sur Twitter que j’ai loupé le rendez-vous télévisuel de l’année. Car annuellement, le 19 h 30 est entièrement réalisé et produit par une équipe journalistique en provenance d’autres régions linguistique de Suisse. Mardi dernier, Darius (à force de le voir tous les soirs on devient intime) a ainsi laissé son fauteuil à la présentatrice suisse italienne. Qu’il aurait été charmant d’écouter les informations dans un français chanté et avec de nombreux «r» roulés. Pour m’auto-consoler je me dis que tout n’est pas perdu, et que j’aurai toujours la possibilité de le revoir en différé une fois que cette semaine sera finie. Vive la fonction replay!
Jeudi: je me ruine
Ma journée au travail est presque fini et je n’ai aucune envie de rentrer alors je traîne en ville. Sur le chemin, je profite pour faire les boutiques tout en me promettant de ne rien acheter de telle sorte qu’en arrivant à la maison, je pourrais perdre (encore) plus de temps et me faire une petite wish list avec les objets repérés plus tôt. Une fois rentrée à l'appart, j’allume l’ordinateur et je décide de passer ma soirée avec lui. Cinq sites d’avis de voyageurs plus tard, je me retrouve avec un vol et un hôtel réservé direction l’Italie. Le manque de TV commence sérieusement à déteindre sur mes finances.
Vendredi: les retrouvailles
Je devrais me réjouir, car je retrouve mon téléviseur dans quelques heures. Mais je n’y arrive pas, du moins pas pour le moment. Cela fait quatre jours que j’ai du mal à m’endormir. Résultat: à la fin de la semaine, je suis épuisée. Arrivée à la rédaction, mes collègues commentent un fait divers survenu la veille: «Ah oui, j’ai vu aux infos hier». Merci de me rappeler que je n’ai pas de télé! Je relativise et me dis que ce n’est pas grave car ma peine est presque purgée. De retour chez moi, je ne peux m’empêcher de sourire en apercevant mon cher écran. Ma soirée, je la passe en regardant une de mes émissions préférées, diffusée en direct. Soudain, une chute imprévue survient sur le plateau et un des chroniqueurs de l’émission se retrouve à terre (rien de grave). Je pleure de rire, un vrai rire qui vient du fond du cœur. Je me rends compte que le petit écran est aussi là pour raviver nos émotions. Il sert à nous proportionner des fous rire, nous pousse à nous indigner et nous émeut, parfois jusqu’aux larmes. Et malgré tous les défauts que l’on peut trouver à la télévision, moi je l’aime et je ne suis pas prête à m’en passer, pas de sitôt.