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FEMINA Quel est l'endroit au monde qui vous ressemble le plus?
STÉPHANE ROUSSEAU
 Sainte-Adèle, dans les Laurentides, au Québec. Ma petite maison au bord du lac s’y trouve, en pleine nature. Je l’ai achetée il y a 18 ans. Cet endroit me rappelle beaucoup mon paternel qui était chasseur et pêcheur. C’est là que je me sens le mieux car je suis un peu solitaire dans l’âme. Je peux m’y ressourcer, me reposer, il n’y a aucun bruit, le ciel est étoilé tous les soirs. Hier matin, j’ai nagé dans le lac. Ces moments où le temps s’arrête sont mes préférés.

Combien de temps pouvez-vous tenir sans parler?
Un peu trop longtemps, selon certains. Je ne me raconte pas beaucoup… Ma chérie (ndlr: l’actrice et réalisatrice Reem Kherici) me répète qu’il faut que je m’exprime plus. En soirée, parfois, je prends toute la place, et parfois je me positionne plus en spectateur. Je n’ai pas besoin de parler tout le temps, je n’ai pas peur du silence.

La bande-son de votre vie, ce serait «Faut rigoler» d’Henri Salvador, «Vieille canaille» de Serge Gainsbourg ou «Je m’voyais déjà» de Charles Aznavour?«
«Je m’voyais déjà». Cette chanson m’a toujours touché. Je pense qu’il faut se créer des images dans sa tête qui donnent envie d’aller plus loin. Moi, je me fais beaucoup de scénarios, j’aime bien m’inventer des petites histoires. Après, je regarde où le vent me mène. Quand je vois que je ne pourrai pas atteindre certains rêves, je m’en crée d’autres. Certains sont destinés à nous faire faire juste un petit bout de chemin.

Devenir comédien, c’était un rêve?
Oui. Tout petit, je savais que je voulais être artiste. J’aime jouer la comédie, peindre, danser, pianoter, jouer de la guitare, chanter… J’aurais aimé me spécialiser dans une seule discipline, mais j’en suis incapable. Je suis vraiment un touche à tout.

Votre juron favori?
Putain. C’est fou, parce qu’avant de jouer dans «Paris, à tout prix», de Reem Kherici, il y a deux ans, je n’avais jamais utilisé ce juron de ma vie. Au Québec, personne ne dit ça, à part les Français qui vivent sur le plateau de Montréal. Mais mon personnage dans le film le répétait et depuis, je l’ai adopté. Je l’utilise même un peu trop souvent, selon les dires de ma chérie.

Le pire qui pourrait vous arriver, ce serait quoi?
Qu’il arrive quelque chose à mon fils. Je suis vraiment tributaire de sa santé, de son état. Quand ça ne va pas pour lui, ça ne va pas pour moi. C’est fabuleux, d’avoir un petit être qui gravite autour de soi; on a envie de le protéger.

A votre fils, justement, vous apprenez qu’il faut être le plus malin ou le plus fort pour réussir dans la vie?
Le plus malin. Il l’est déjà, c’est un petit renard rusé qui trouve toujours moyen de faire à sa façon. Il est très charmeur aussi. Il tient pas mal de son papa… Quand je le regarde, j’ai l’impression de me voir dans une glace. Il a mes expressions, mes mimiques, il imite même mon sourire. C’est un peu mon «Mini-Moi».

Enfant, quel superhéros rêviez-vous d’être?
Spider-Man. Ce devait être à cause du costume et de sa capacité à lancer des toiles d’araignée. Je ne sais pas pourquoi, ça me parlait. J’avais envie de pouvoir m’accrocher aux immeubles et sauter par-dessus les villes. J’aimais aussi le fait qu’il ait une double vie.

Vous aussi, vous avez une double vie.
Tout à fait. Je me partage entre deux continents. Au Québec, je mène un peu une vie de bûcheron canadien dans ma cabane au fond des bois. Mais quand je suis à Paris, où je possède un appartement dans le 1er arrondissement, je deviens un petit bobo. Je prends beaucoup de plaisir à cette vie de quartier, j’ai tous mes petits endroits préférés, je me balade, je me sens bien. Et puis j’ai aussi un petit pied-à-terre à Montréal, sur le plateau Mont-Royal. Cet endroit est très chaleureux, il me rappelle mon enfance, quand on allait jouer dans les petites rues derrière les immeubles. Il n’a pas changé depuis.

La dernière fois que vous avez été égoïste, c’était quand?
J’en parle dans mon nouveau spectacle, justement. Il y a quelques mois, ma chérie me réveille en pleine nuit, elle a très mal à l’œil. Je lui réponds de se rendormir. Elle insiste pour que je l’emmène à l’hôpital. Et là, je lui dis: «Moi, je suis connu, chérie, alors il faut d’abord que je me lave les cheveux.» Je m’en suis voulu après, parce qu’il s’est avéré que c’était assez grave. Elle s’était égratigné la cornée et c’était très douloureux. Je n’en suis pas fier.

Le film qui vous fait pleurer?
«La mélodie du bonheur». Ça me rappelle un des derniers moments que j’ai partagés avec ma mère. On avait regardé le film ensemble, avec elle et ma sœur. Toutes deux ne sont plus de ce monde, elles sont mortes d’un cancer. Ça m’évoque aussi ma grand-mère, qui était fan de cette comédie musicale et me faisait écouter la bande originale quand j’étais petit. Alors forcément, lorsque j’entends ne serait-ce qu’une seule mélodie tirée du film, je craque.

Votre premier fantasme féminin?
Julie Andrews. Pour une bonne sœur (ndlr: son rôle dans «La mélodie du bonheur»), je la trouvais mignonne. Adolescent, j’aimais les «Drôles de dames». Celles du casting original: Jaclyn Smith, Farrah Fawcett, Kate Jackson. Et aussi Daisy, de la série «Shérif, fais-moi peur», qui était très sexy avec ses shorts en jean. Gros fantasme.

Quand vous ne pouvez pas dormir, que faites-vous?
Je prends mon téléphone intelligent et je consulte les profils Facebook de gens que je ne connais pas… et je me trouve bien ridicule. Mais il m’arrive de me lever pour aller peindre un peu.

Quel tableau de grand maître aimeriez-vous voir chez vous?
«Guernica». Définitivement. Je suis très fan de Picasso. Cette toile est ma préférée.

Votre plus gros mensonge?
D’avoir joué au bon garçon pendant une trentaine d’années sur scène, par peur de déplaire. Ce n’était pas totalement honnête. Ma chérie trouve que je ne suis pas si gentil que ça! Souvent, les gens me disaient: «Stéphane, tu es plus drôle dans la vie.» C’est grave. Alors j’en ai eu marre de faire semblant. Et puis j’ai réalisé qu’il y a beaucoup de gens à qui ça déplaît qu’on veuille plaire à tout le monde. Mon nouveau spectacle est plus fidèle à ce que je suis, plus cinglant.

La dernière fois que vous avez rougi, c’était quand?
Ça m’arrive assez régulièrement aux séances de dédicace. Je signe des autographes après presque toutes mes représentations et, à chaque fois, ça m’intimide. Je me sens scruté à la loupe, j’ai peur de décevoir ou que quelqu’un me dise en pleine face qu’il n’a pas aimé le spectacle. Je trouve un peu absurde de mettre mon nom sur un bout de papier mais en même temps, ça flatte mon ego. Même si c’est inconfortable, je le fais quand même. C’est comme se rendre à la gym: ça demande un effort, mais je suis content après.

Quand vous quitterez ce monde, vous souhaiteriez aller où?
J’aimerais être une étoile qui reste assise dans le milieu du ciel et regarde les autres en scintillant. Je serais dans le firmament, avec toutes les étoiles que je connais et qui sont déjà là-haut, et je m’amuserais à regarder la Terre.

A voir

«Stéphane Rousseau brise la glace», vendredi 10 octobre 2014 au Théâtre de Beausobre, à Morges (VD), 20 h. Réservations: FNAC, www.beausobre.ch ou par tél. au 021 804 97 16.

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